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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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menaces creuses. Ce que vous avancez contre moi pourrait s’appliquer
à n’importe quel homme de Melford !
    — C’est exact.
    Corbett écarta les bras et se demanda où, par
Dieu, Ranulf pouvait bien être passé. Burghesh avait fermé l’épaisse et lourde
porte de chêne. Le magistrat dissimula son malaise. Si Ranulf entrait dans l’église
il la croirait vide et irait peut-être le chercher ailleurs.
    — Vous chassez, Burghesh, la douce chair
des innocents. Vous vous pavanez dans Melford en tant que confident et ami du
prêtre de la paroisse. Assis ici, dans l’église, vous observez les ouailles
comme un renard épie les poulets dans une cour de ferme. Melford a changé, n’est-ce
pas ? Les femmes y sont mieux nourries, mieux vêtues et disposent de plus
de temps libre. Le marché les attire. Vous les y voyez avec leur attrayant
minois et leur gorge plantureuse. Votre désir s’accroît : plus de
voyageuses en haillons, de souillons crasseuses. Mais comment vous y prenez-vous
pour les séduire ?
    Corbett s’interrompit et regarda le poids
suspendu à la corde glisser encore un peu plus hors du renfoncement.
    — Vous avez donc eu recours à Peterkin, le
simplet. En rusant, vous lui avez fait porter des messages à telle ou telle
femme. Il y était accoutumé. Vous lui avez enseigné un mauvais refrain auquel
peu de jeunes femmes pouvaient résister, surtout si Peterkin insistait beaucoup
et montrait qu’on l’avait payé pour délivrer son message. Comment une
jouvencelle n’aurait-elle pas cédé à la curiosité ? Et elle se tairait, n’est-ce
pas, de peur que les autres ne découvrent la vérité ou que le message ne soit
faux. Elle n’avait nulle envie de passer pour une niaise. Après tout, qui
blâmerait le pauvre Peterkin ? Votre première victime a mordu à l’hameçon.
Elle s’est rendue dans un coin désert où vous l’attendiez. La plupart des
meurtres, semble-t-il, ont eu lieu au début de la soirée. Vous violiez et tuiez
avec cet abominable masque sur la figure. Vous dissimuliez le cadavre et
reveniez discrètement à Melford.
    Corbett haussa les épaules.
    — Le cauchemar avait commencé !

CHAPITRE XVIII  
            — Ne vous sentez-vous point
coupable ? questionna le clerc. Au petit matin, ou la nuit, les ombres ne
s’assemblent-elles pas autour de votre lit ? Ne craignez-vous ni Dieu ni
la justice ?
    — J’aime les bons contes, rétorqua
Burghesh, moqueur.
    — Le fantôme d’Elizabeth, la fille du
charron, reprit Corbett d’un ton uni, est là. En entrant dans l’église, je lui
ai adressé une prière. C’est peut-être le meilleur exemple possible. Vous avez
abordé le pauvre Peterkin, comme vous le faisiez toujours, lui avez offert une
pièce et lui avez fait répéter son message. D’habitude Elizabeth ignorait
Peterkin mais elle était jeune et avait la cervelle pleine de rêves. Peterkin,
lui, prenait sa tâche au sérieux et on l’avait payé pour cela. Alors, pendant
cette soirée fatidique, elle se rend à sa secrète assignation dans le boqueteau
près de Devil’s Oak. Elle y rencontre sa mort : vous, avec ce masque hideux
sur le visage, le bracelet que vous portiez tintinnabulant à votre poignet.
Vous l’attaquez, la violez et la tuez. Une fois étanchée votre soif de sang,
vous enlevez le corps avec précaution et le déposez sous une haie, près de
Devil’s Oak. Peut-être aviez-vous l’intention de revenir pour le cacher. Si
vous aviez pu agir à votre guise, il se peut que vous ayez dissimulé tous les
cadavres, sauf celui de la veuve Walmer.
    — Je suis donc coupable de sa mort, à elle
aussi ?
    — Oui. Il y a cinq ans, vous avez occis au
moins trois femmes. Vous auriez recommencé, mais quelque chose d’étrange est
arrivé. Sir Roger Chapeleys a fait don d’un triptyque à l’église. Dieu sait
pourquoi. Un cadeau ? L’expression de sa culpabilité et de ses remords ?
    Corbett dénoua l’escarcelle de sa ceinture et
sortit l’esquisse rudimentaire découverte dans la chambre du vicaire.
    — Reconnaissez-vous ceci, Burghesh ? À
l’arrière-plan, une peinture du Christ en croix ; devant, trois
personnages. Au centre se trouve un prêtre ; l’homme qui est à sa droite
ressemble à un clerc. Ce pourrait être un vicaire ou, peut-être, un ange. A
gauche, l’individu porte un masque. Le voyez-vous ? Justaucorps, chausses,
bottes et, sur la figure, un masque semblable à celui d’un Momeur. Vous

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