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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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passer par une
petite porte ceinte de pierre taillée.
    — Attention ! l’avertit-elle alors qu’ils
gravissaient des marches usées.
    Corbett la suivit avec prudence. Les marches
étaient étroites, abruptes et glissantes. Ils atteignirent une cage d’escalier.
Corbett s’efforça de se maîtriser devant les rats qui détalaient. Ils
parvinrent enfin dans une pièce toute en longueur qui ressemblait beaucoup à la
grand-salle. Il n’y avait plus de toit et le plâtre des murs avait été détrempé
par le vent et la pluie. Corbett devina à la forme des fenêtres absentes, à la
petite estrade à un bout et aux niches creusées dans les murs, que l’endroit
avait dû être la chapelle du manoir.
    — Je veux vous montrer quelque chose.
    Un oiseau, dérangé par leur arrivée, jaillit
soudain de l’endroit où il nichait dans la charpente et s’envola dans la nuit.
Le magistrat ferma les yeux et respira profondément. Il refoula sa lassitude.
Il aurait dû retourner à La Toison d’or , mais,
pendant leur voyage jusqu’à Melford, il n’avait cessé de répéter à Ranulf et à
Chanson qu’il fallait agir en hâte.
    — Nous devons prendre les gens par surprise
sans leur laisser le temps d’inventer des histoires, avait-il insisté.
    — Messire, dormez-vous ?
    Corbett rouvrit les yeux. Il baissa la torche
qui pesait dans sa main et eut un sourire d’excuse.
    — Qu’est-ce ?
    Sorrel enlevait des briques dans la paroi. Le
clerc la rejoignit et s’aperçut qu’il y avait un renfoncement. Sorrel lui
demanda de s’écarter et retira un plateau improvisé.
    — C’est un morceau de porte,
précisa-t-elle.
    Elle ôta le drap de lin sale. Corbett,
abasourdi, contempla le squelette qui gisait là. Il abaissa sa torche. Les os
étaient jaunis par les années. La mâchoire était affaissée, les dents noires
effritées et de petites mèches de cheveux adhéraient encore au crâne. Il
murmura une oraison, déplaça les ossements et aperçut le bracelet clinquant et
verdâtre qui se trouvait dessous.
    — Qui est-ce ? Un ancien habitant de
Beauchamp ?  
    — Non, non, répondit Sorrel. Tous les
propriétaires ont été ensevelis dans le cimetière paroissial. C’est moi qui l’ai
mis là.
    — Pourquoi n’en avoir parlé à personne ?
    — Oh, allons, Messire !
    Elle lui prit le bracelet des doigts.
    — Vous connaissez la loi ancienne ! La
personne qui découvre le cadavre est sur-le-champ suspectée. Savez-vous ce qu’on
aurait dit ? « Êtes-vous impliquée là-dedans, Sorrel ? Est-ce l’œuvre
de votre époux ? Est-ce pour ça qu’il a fui ? »
    — Les gens prétendront la même chose s’ils
viennent céans !
    Sorrel eut un geste de dénégation.
    — Je serai prudente. J’affirmerai que j’ignorais
que les os se trouvaient là. Je ne sais rien d’eux. Peut-être étaient-ce ceux d’une
dame ou d’une servante qui a vécu dans ce manoir.
    — Il s’agit donc d’une femme ?
    Sorrel ferma les yeux.
    — Bien sûr ! À cause du bracelet !
J’ai aussi trouvé une bague de peu de valeur et les restes d’une ceinture. Ce
sont mes trésors.
    Corbett, la torche toujours en main, s’assit sur
le sol froid et humide.
    — Mais pourquoi, Sorrel ? Que fait ce
squelette ici ?
    Elle lui prit sa torche et la planta dans une
niche ; elle fit de même avec la sienne puis s’installa confortablement en
face de lui.
    — N’en pipez mot à personne, le prévint-elle.
Je ne veux pas être inquiétée pour ça. Je suis innocente comme l’enfant qui
vient de naître !
    — Racontez-moi, la pressa le magistrat.
    Sorrel se frotta le visage à deux mains.
    — Furrell était un fort habile braconnier.
Il connaissait toutes les sentes et les coutumes des bois. Quand je l’accompagnais
à la chasse, il m’ordonnait toujours de m’éloigner de tel ou tel endroit. Je
lui demandais des explications. C’est alors qu’il me racontait comment était
Melford autrefois et qu’il me parlait des sacrifices. Il voulait m’effrayer
avec ses fables sur les morts qui erraient dans la forêt.
    Elle eut un rire soudain.
    — Il voulait simplement que je sois en
sécurité pendant les nuits noires, dedans, près du feu.
    Corbett la dévisagea avec curiosité. Il était
là, dans ce lieu hanté et païen avec le ciel visible à travers les poutres sur
sa tête et le vent glacé qui faisait danser les flammes. Devant lui, il y avait
les restes d’une malheureuse et cette veuve

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