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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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reprocher. Je me suis demandé s’il
voyait d’autres femmes, pourtant, à sa façon, il était fidèle. Comme je vous l’ai
expliqué, nous avions échangé des serments sous l’if et il s’occupait de moi.
Il était doux et tendre et, même ivre, ne m’a jamais frappée. Parfois il
pouvait se montrer bavard, d’autres fois il restait assis à réfléchir en
lâchant des phrases brèves, comme quand il a mentionné le Momeur.
    Elle montra le mur.
    — Je crois que c’est pour ça qu’il aimait
peindre. Il craignait toujours, ça oui, de devenir fol, que la solitude lui
trouble l’esprit.
    — Et la pendaison de Sir Roger ?
interrogea Corbett en la ramenant doucement au sujet de la conversation.
    — Ah, oui !
    D’un revers de poignet, elle écarta ses cheveux
de son visage puis porta sa coupe à sa joue gercée.
    — Après l’exécution, mon mari n’était guère
populaire à Melford : regards noirs à la taverne, dos tournés au marché.
Mais Furrell était un vrai furet et il était convaincu de l’innocence de Sir
Roger. Il en était obsédé. J’aimerais, soupira-t-elle, avoir écouté ses fanfaronnades
et divagations d’une oreille plus attentive. Il entonnait toujours le même
refrain : Sir Roger n’avait point agressé la veuve Walmer. Il avait quitté
son cottage paisiblement, repu de vin et d’amour, et elle était alors bien
vivante et en bonne santé.
    — Et... ?
    — Furrell est retourné au cottage de
Cecily. Vous imaginez bien ce qui s’est passé après son trépas. Les échevins
ont saisi ses biens comme taxe. C’est à présent un autre qui en est
propriétaire et vous ne trouverez rien d’intéressant là-bas. Quoi qu’il en
soit, Furrell y est retourné. Depuis la nuit de l’assassinat, le conseil  municipal
y avait posté gardes et baillis. Vous savez comment ça se passe : on avait
scellé portes et fenêtres, ce qui n’a point empêché les gens de piller le
poulailler et de rafler tout le bétail qu’ils ont pu. Rien ne vaut un
enterrement, ajouta-t-elle, pensive, pour faire éclater l’avidité !
Furrell a mené une enquête très soigneuse.
    Elle désigna du doigt la porte de sa chambre.
    — Bien que je me vante de mon arbalète et
de ma dague, quand je vais me coucher je tire les verrous. Ne feriez-vous pas
de même, Messire ?
    Corbett acquiesça.
    — Donc, reprit-elle avec fougue en déposant
sa coupe sur le sol pour appuyer ses dires de grands gestes, la nuit de sa
mort, la veuve Walmer avait reçu Sir Roger, pas vrai ?
    Le magistrat approuva.
    — Et quand il est parti, qu’allait-elle
faire ? Elle avait bu et fait l’amour ; elle était lasse. A sa place,
j’aurais couvert le feu, éteint les lampes...
    — Fermé les volets et verrouillé l’huis,
termina Corbett.
    — Tout à fait ! D’autant plus qu’elle
était seule. Mais si on était venu l’attaquer, la violer et la tuer ?
    — L’huis aurait été forcé, répondit le
clerc.
    — Furrell constata qu’il n’en était rien.
Portes et fenêtres étaient intactes. Notre veuve connaissait sans nul doute son
visiteur.
    — Je ne suis pas juriste, remarqua Corbett,
j’objecterais pourtant que Sir Roger lui a peut-être rendu une autre visite.
Elle l’aurait laissé entrer.
    — C’est vrai, admit-elle. Mais pourquoi
être parti une première fois ? Et, s’il avait l’intention de la supprimer,
pourquoi est-il revenu, pourquoi ne pas avoir agi plus tôt ?
    Corbett serra sa coupe entre ses mains.
    — Permettez-moi de jouer les plaideurs.
Pour le plaisir de la discussion, admettons que Sir Roger soit parti et ne soit
pas revenu. Le tueur arrive à pas de loup sur le chemin.
    Il s’interrompit.
    — Qu’arrive-t-il ? L’assassin frappe à
la porte, la veuve doit être si confiante qu’elle ouvre et le laisse pénétrer
chez elle. Sûre de lui, elle lui tourne sans doute le dos et c’est alors qu’il
lui glisse le garrot autour du cou. J’ai vu des meurtres similaires à Londres.
On apprend vite à se servir d’un garrot : c’est silencieux et très rapide.
J’ignore, ajouta-t-il en se frottant la joue, s’il lui a d’abord fait perdre
conscience puis l’a violée, ou s’il a simplement profané son cadavre. Je suis
certain néanmoins qu’il ne portait pas un masque de pantomime. La veuve Walmer
n’aurait jamais permis à ce genre d’individu d’entrer chez elle. Alors, qui
pouvait-elle bien recevoir ?
    — La liste est interminable,

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