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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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arrivait avait déjà
traversé le pont. Un hibou hulula, mais le son venait d’en bas. Sorrel alla
aussi à la fenêtre et imita le cri. Elle saisit la main du clerc.
    — Notre hôte est là.
    — Les bohémiens ?
    — Ils en ont eu assez d’attendre,
expliqua-t-elle. Ils surveillent le temps qui passe avec autant de régularité
qu’un moine son office !
    Corbett regarda le ciel nocturne. « Oui, se
dit-il, et moi aussi. » Quelle heure était-il ? Il avait quitté l’église
avec Sir Louis et Sir Maurice peu de temps avant le crépuscule. Il devait donc,
calcula-t-il, être au moins trois heures avant minuit et il avait encore du
pain sur la planche ! En premier lieu, il devait s’entretenir avec la
veuve de Molkyn ! Il perçut un bruit. Sorrel, un lumignon à la main, se
tenait sur le seuil.
    — Venez ! le pressa-t-elle.
    Ils descendirent dans la cour pavée. Le visiteur
de Sorrel se tenait en plein centre. Corbett distingua sa silhouette dans l’ombre.
    — Je me suis placé ici exprès, dit une voix
au grasseyement campagnard prononcé dans lequel le magistrat reconnut l’accent
du Sud-Ouest. Je ne voulais pas vous faire peur.
    L’homme s’avança dans une flaque de lumière. Il
était grand. Ses cheveux noir corbeau, avec une raie au milieu, tombaient sur
ses épaules. Il avait des yeux perçants d’oiseau, un nez crochu et sa bouche et
son menton se cachaient derrière une barbe et des moustaches noires et
broussailleuses. Sa peau était basanée et Corbett aperçut les anneaux d’argent
qui scintillaient à ses oreilles. Il sentait le feu de bois et le cuir tanné.
Des pieds à la tête il portait des vêtements taillés dans des peaux d’animaux.
Les manches de son justaucorps étaient en cuir et le devant en fourrure de
taupe ; ses chausses en daim tanné s’enfonçaient dans de solides bottes
noires. À son ceinturon pendaient un poignard et une dague. Ses poignets
étaient chargés de bracelets et ses doigts d’anneaux.
    L’étranger examina Corbett de pied en cap.
    — Vous êtes donc le clerc du roi ?
    — Tu aurais dû attendre, protesta Sorrel.
Je te l’aurais amené.
    Le regard de l’arrivant soutint celui du
magistrat.
    — Je ne voulais point le rencontrer, dit-il
avec insolence. Je n’aime ni les officiers royaux ni les clercs. Je n’ai
accepté de le voir que parce que tu me l’as demandé. Ce que j’ai à dire sera
bref. Tu m’avais averti que tu me le conduirais si tu pouvais.
    Corbett jeta un coup d’œil à Sorrel et sourit.
Il se demanda jusqu’à quel point elle avait prévu ce qui se passait ce soir-là.
    — Je vous amuse ? demanda l’homme d’un
ton agressif.
    — Que nenni, Messire, répondit Corbett avec
lassitude. Je ne vous trouve point amusant. Vous êtes le chef des bohémiens, n’est-ce
pas ?
    — De l’un des clans.
    — Et vous êtes venu céans, non parce que
vous en aviez assez d’attendre, mais parce que vous ne désiriez pas que j’aille
dans votre campement, n’est-ce pas ?
    L’homme cilla.
    — Vous n’appréciez pas les officiers de la
cour, continua Corbett, parce qu’ils circulent parmi vos roulottes comme le
Seigneur Tout-Puissant. Ils dérobent vos biens, molestent vos hommes et
harcèlent vos femmes. Ils volent vos chevaux et vous accusent de crimes dont
vous êtes innocents. Ils ne consentent à partir que si vous leur offrez de l’argent
et de l’or. Croyez-vous que je sois ainsi, Messire ? Eh bien, non, pas du
tout !
    Corbett ouvrit son escarcelle et en sortit deux
pièces d’argent.
    — Vous êtes venu par amitié pour Sorrel.
Allons, prenez ceci pour votre peine !
    L’homme s’empara des pièces.
    — Tu es un rustaud mal élevé ! s’exclama
Sorrel. Ce clerc n’est point Blidscote !
    Le nouveau venu tendit la main.
    — Je me nomme Branway et veux vous révéler
quelque chose.
    Corbett lui saisit la main.
    — Je vous dirai ce que j’ai à vous dire,
ici, sous le ciel de Dieu. Ainsi, vous saurez que je ne mens point. Je suis un
bohémien. Nous allons de Cornouailles jusqu’au vieux mur romain, au nord. Nous
possédons chariots et poneys. Nous comptons parmi nous des chaudronniers, des
couturières, des charpentiers et des peintres. Nous faisons du commerce et, c’est
vrai, quand nos enfants ont faim, nous volons. Le royaume nous est plus
familier qu’au roi lui-même. Nous sommes arrivés il y a deux jours et serons
repartis demain matin.
    — Que voulez-vous me faire

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