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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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vous serez dépecé, à moitié mort ou
à moitié vif. Cela a-t-il la moindre importance ? On écartèlera votre
misérable torse, on le plongera dans la saumure puis dans le goudron et on le
piquera sur les grilles de la ville. « Tiens, diront les passants, c’est
maître Blidscote ! »
    — Je comprends, haleta le bailli. Mais je
vous l’ai dit : j’ai gardé bouche cousue et je m’y tiendrai jusqu’à la fin
de mes jours.
    — Bien, Maître Blidscote. Alors, parlez-moi
à présent des morts de Molkyn et de Thorkle...
    — J’en ignore tout. Absolument tout. Si je
savais...
    — Si vous savez quelque chose, Maître
Blidscote, je reviendrai bavarder avec vous. Regardez le mur. Allez,
retournez-vous face au mur !
    Blidscote s’exécuta.
    — Appuyez votre visage contre la paroi, le
pressa la voix, jusqu’à ce que vous puissiez sentir l’odeur de pisse, et
comptez cinq fois dix !
    Le bailli resta là un temps qui lui sembla une
éternité. Quand il fit demi-tour, il n’y avait plus personne. Une lumière, à l’entrée
de la ruelle, lui fit signe. Blidscote, secouant les horreurs de cette nuit,
prit ses jambes à son cou. Il parvint à la place du marché. Les pavés
scintillaient dans la nuit humide. Tout était calme. Maisons et boutiques
avaient clos portes et fenêtres, mais les lumignons et les lanternes
brillaient, réconfort bienvenu dans les ténèbres et le froid. Le bailli se
rendit compte qu’il avait perdu sa baguette. Il repartit dans la venelle, la
ramassa et retourna sur la place du marché. Le choc de sa rencontre avec ce
démon l’avait dégrisé. Il rajusta son justaucorps, remonta sa chape sur ses
épaules et traversa la place d’un pas décidé. Il s’arrêta devant le pilori où
Peddlicott le voleur, tête et mains glissées dans le carcan, était condamné à
demeurer jusqu’à l’aube.
    Le pendard leva la tête.
    — Messire, ayez pitié !
    Blidscote le gifla avec une joie mauvaise et s’en
fut vers la chaleur accueillante de La Toison d’or.
    Ranulf-atte-Newgate et Chanson étaient assis
dans la confortable maison de Maître John Samler, sise dans une ruelle à l’entrée
de Melford. Ranulf regarda autour de lui. La jonchée 1 était propre
et mêlée d’herbes aromatiques. Les murs plâtrés avaient été fraîchement chaulés
afin d’écarter les mouches et décorés de tentures aux couleurs vives. Des
oignons et une flèche de jambon pendaient à la poutre centrale, prêts à être
fumés par les volutes montant du foyer ouvert. Chanson, installé sur un banc
près de Ranulf, engloutissait une écuelle de ragoût assaisonnée d’épices pour
en relever la fadeur. Ranulf sourit à son hôte et prit un morceau de pain qu’il
trempa dans l’écuelle.
    — Ainsi, John, vous êtes chaumier de votre
état ?
    L’homme assis en face de lui, yeux écarquillés devant
un personnage si important qui lui adressait la parole, acquiesça. A ses côtés,
sa femme avait les joues rouges de surexcitation. Leurs enfants, surveillés par
la fille aînée, se serraient sur l’escalier. En les voyant, Ranulf pensa à un
groupe de chouettes, têtes blanches et yeux ronds. Il était mal à l’aise. Le couvreur
était un homme aisé avec un cortil devant sa demeure et un petit verger
derrière. Il avait été si impressionné quand Ranulf avait cogné à l’huis qu’il
l’avait reçu comme s’il avait été le roi en personne et lui avait offert sa
meilleure bière brassée par son épouse.
    — Vous avez cinq enfants, Maître Samler ?
    — Huit en tout, mais deux sont morts... dit
le chaumier en baissant la voix.
    — Et Johanna ? insista Ranulf en
jetant un coup d’œil aux enfants.
    — Oui, Johanna.
    — J’ai cru comprendre, reprit Ranulf
doucement, qu’Elizabeth la fille du charron a été tuée il y a quelques jours et
votre fille Johanna plus tôt cet été. Est-ce vrai ?
    La femme de Samler se mit à pleurer. Chanson
cessa de manger et reposa sa cuillère de corne en signe de respect.
    — C’était une gentille fille, répondit
Maître Samler. Elle n’était point écervelée.
    — Et le jour de sa mort, que s’est-il passé ?
questionna Ranulf.
    — J’étais absent, à mon travail. On avait
envoyé Johanna faire des emplettes. Elle était ravie d’avoir l’occasion d’aller
sur la place du marché pour deviser avec ses amies.
    Il haussa les épaules.
    — Elle est partie et n’est jamais rentrée !
    — Y avait-il quelqu’un

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