Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
derrière et un couloir, pénétra dans
la grand-salle animée : refuge bienvenu loin du froid et de la nuit.
    La pièce bourdonnait d’activité ; des
lanternes et des chandelles l’éclairaient ; un feu ronflant la
réchauffait. L’air sentait la graisse de bougie et la fumée de bois. Dans un
coin un berger jouait un air mélodieux sur un luth. Corbett eut l’eau à la
bouche à l’odeur épicée d’un quartier de porc qu’accroupis au coin de l’âtre
deux garçons de cuisine aux joues rouges faisaient rôtir à la broche. Ils le
faisaient tourner avec lenteur en l’arrosant d’une huile dans laquelle
macéraient des herbes. Des mastiffs, couchés devant la cheminée, bavaient
devant des fumets si prometteurs. Des servantes, chargées de chopes de bière
écumante, se frayaient un chemin dans la cohue en donnant de petits coups sur
les doigts trop hardis des colporteurs et des chaudronniers. Ranulf et Chanson
étaient installés dans un coin, entourés d’habitants du lieu. Ils semblaient,
tous deux, repus et reposés. Ranulf, assis comme Hérode parmi les innocents,
ses précieux dés en main, invitait ses « hôtes » à prendre des paris.
    — Vous voilà enfin !
    Corbett jeta un regard par-dessus son épaule.
Dans un coin plus frais et plus sombre de la salle se tenaient Blidscote et
Burghesh. Ce dernier était semblable à lui-même, mais le bailli avait l’œil
vague et le nez rouge comme s’il avait trop bu et trop vite. Burghesh fit signe
au magistrat de s’approcher.
    — Je vous recommande la tourte à la caille
et ce morceau de porc !
    Matthew, le tavernier, se précipita. Corbett
commanda de quoi se restaurer pour lui et de la bière pour ses compagnons. Il n’eut
pas à attendre longtemps. L’aubergiste lui apporta en personne une grande
écuelle de bois garnie d’une demi-tourte fumante, de morceaux de porc
croustillants et de dés de légumes nappés d’une sauce au fromage. Le magistrat
prit sa cuillère de corne et le petit poignard placé dans un fourreau fixé à sa
botte droite. Affamé, il mangea sans demander son reste, en savourant chaque
bouchée. Il n’écoutait qu’à moitié Blidscote et Burghesh évoquer le temps qui
changeait et les dispositions prises pour la Toussaint.
    — Une journée bien remplie, Messire ?
s’enquit Burghesh en portant un toast au magistrat quand ce dernier se fut
rassasié.
    Corbett lui rendit la pareille. Blidscote était
peut-être un ivrogne, mais le large visage de Burghesh était amical avec ses
limpides yeux gris et sa bouche souriante. Le clerc se demanda ce que ce
vétéran des guerres royales savait vraiment de Melford.
    — Laissez-moi vous dire, Maître Burghesh,
fît-il en s’essuyant les lèvres d’un revers de main, que si les Français nous
envahissent un jour, Melford sera une ville malaisée à prendre. Il faudra la
ceindre d’un cercle de fer.
    — Mais les Français ne se risqueront
jamais, sourit Burghesh. C’est l’un des agréments de cet endroit, Corbett :
on peut aller et venir à sa guise.
    Il leva sa chope.
    — Dieu sait qu’il y a assez de gens céans
qui épieront vos faits et gestes et surveilleront vos déplacements !
    — Mais les colporteurs et chaudronniers ambulants ?
    Corbett désigna un groupe d’hommes qui avaient
avec soin empilé leurs plateaux à leurs pieds. L’un d’entre eux nourrissait un
écureuil apprivoisé, petite boule de fourrure rouge sur son épaule, qui
grignotait avec grâce les bribes de nourriture qu’on lui offrait. De temps à
autre, l’animal s’interrompait pour bavarder avec le furet à l’air méchant que
tenait un autre colporteur.
    — En fait, reprit le magistrat, ils peuvent
entrer et sortir à leur gré, sans acquitter le droit de place.
    — Ils peuvent essayer, bafouilla Blidscote.
Mais qui leur achètera quelque chose ? On les dénoncera, les conduira au
pilori et on les bannira un an et un jour. Ils ne sont que trop disposés à
venir au marché et à s’acquitter du tonlieu.
    — Est-ce dans vos attributions ?
voulut savoir le magistrat.
    Il observa le large visage ruisselant de sueur
du chef bailli, son menton sans fermeté, sa bouche molle et ses yeux
larmoyants. Il se remémora sa conversation au moulin. Il fallait se méfier de
Blidscote : c’était un homme faible, vantard et, s’il était acculé,
dangereux, car sournois et furtif.
    — Je suis le bailli en chef, répondit-il,
et je remplis ma fonction avec

Weitere Kostenlose Bücher