Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
une garde jour et nuit. Au moins, ajouta-t-il avec une pointe d’ironie,
jusqu’à ce que je quitte Melford. Je vais aussi fouiller cette maison.
    — Cela ne se peut, rétorqua le juge. Vous n’avez
point de mandat.
    Corbett tapota son escarcelle.
    — J’ai tous les mandats nécessaires. Vous
pouvez m’attendre en bas, dans la cuisine. Ranulf sera votre hôte.
    Quand ils furent partis, Corbett ferma la porte
et commença à farfouiller dans les cassettes, les petites armoires, les
coffres, mais ils ne contenaient rien d’insolite. La plupart des éléments qu’il
découvrit avaient un rapport avec l’activité de Deverell : quittances, livres
de comptes ou différents instruments. La chambre ne recelait rien.
    Il redescendit. Sans s’occuper des autres, il
fouilla aussi la cuisine et la petite salle. Il trouva, derrière elle, un petit
cabinet dont l’huis était fermé. Ranulf dénicha les clés et son maître entra
dans la pièce.
    Elle était étroite et poussiéreuse et ne
possédait qu’une seule petite fenêtre percée haut dans le mur, un pupitre et un
tabouret. Corbett alluma les chandelles. Il dut forcer le pupitre, mais là
encore en fut pour sa peine. Néanmoins le petit coffre, dessous, avec ses trois
serrures, semblait plus prometteur. On chercha et on trouva les clés dans l’escarcelle
du défunt. Corbett ouvrit les trois serrures et souleva le couvercle. Il trouva
dedans un petit bréviaire et un livre d’heures  – non pas une collection
de prières, mais l’office divin : prime, matines, laudes. L’écriture était
soignée comme celle d’un moine et les pages écornées.
    — Un charpentier qui entend le latin ?
s’étonna Corbett à voix basse.
    Il y avait aussi une cordelière blanche avec
trois nœuds et un scapulaire noir constitué de deux morceaux de cuir sur une
ficelle grossière. Corbett le passa par-dessus sa tête, en laissant l’un des
bouts de cuir pendre sur sa poitrine et l’autre sur son dos. La cordelière paraissait
usée et effilochée par endroits. Le clerc examina les autres objets : une
médaille, un rosaire, un petit ciboire pour porter l’hostie.
    — C’est donc cela que vous étiez ?
dit-il. Pas surprenant que vous soyez resté si secret !
    Il ôta le scapulaire et rangea tous les biens
dans le coffre qu’il ferma et verrouilla, puis il regagna la cuisine.
    Les deux chevaliers et Ranulf étaient assis à la
table. Chanson entra, suivi d’un homme corpulent au pas décidé qui se présenta
comme un mire local. Il ordonna avec brusquerie à Corbett de lui laisser le
passage et monta voir sa patiente.
    — Nous devrions être partis, déclara
Corbett en prenant sa chape.
    — Avez-vous découvert quelque chose ?
s’enquit Sir Maurice.
    — Blidscote est-il encore céans ?
demanda le magistrat à Chanson.
    — Oh, oui, mais il préfère être aussi loin
de vous que faire se peut, Maître.
    — Je lui parlerai bientôt, annonça le
clerc.
    — Qu’avez-vous trouvé, Corbett ?
interrogea le juge.
    — Deverell était peut-être charpentier,
mais, naguère, il était moine.
    — Moine ! s’exclama Sir Maurice.
    — C’était un prêtre défroqué, expliqua
Corbett. Un moine qui a fui son monastère. Ce n’est pas exceptionnel. Il n’a pu
complètement clore la porte de son passé, aussi a-t-il conservé quelques souvenirs :
un rosaire, le scapulaire que quelques frères portent sous leur bure, son
psautier et la cordelière à trois nœuds symbolisant les vœux de chasteté,
pauvreté et obéissance. Je pense que Maître Deverell, quand il était moine, s’est
montré fort adroit charpentier. Peut-être s’est-il lassé de sa vocation.
Peut-être s’est-il querellé avec le père abbé. Il a donc fui. Il est arrivé
dans une ville riche comme Melford, où il s’est marié et établi.
    — Et quel rapport avec la mort de mon père ?
    — Un lien étroit, Sir Maurice. N’oubliez
pas que Deverell était un artisan, un digne bourgeois de cette cité. Sa parole
avait du poids.
    Corbett baissa la voix.
    — Sous serment, son témoignage devait être
admis par un juge et un jury. N’est-ce pas, Sir Louis ?
    Le juge, lèvres pincées, acquiesça. Corbett
saisit un éclair de courroux dans ses yeux. Juges et jurés commettaient des
erreurs. Sir Louis ne serait pas le premier, et certainement pas le dernier, à
regretter une sentence passée.
    — Je comprends, Messire, que cela soit
difficile pour vous,

Weitere Kostenlose Bücher