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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fit que compliquer la situation. Il ne put savoir quand son serviteur
aux pas feutrés arriva au judas. Et ce devait être encore plus ardu la nuit, s’avoua-t-il.
Il rouvrit l’huis et entra dans la cuisine. Y avait-il eu deux tueurs ? L’un
qui tambourinait à la porte, l’autre près de l’ouverture, arbalète toute prête ?
Mais comment l’assassin avait-il su à quel moment Deverell s’était approché ?
    — Êtes-vous sûr, demanda-t-il à Blidscote,
que les coups n’ont pas cessé après la mort de Deverell ?
    — C’est ce qu’a affirmé Ysabeau.
    Corbett prit le parchemin froissé et le
retourna. Il remarqua de vagues taches de sang.
    — C’est celui du charpentier ?
    — Oh, oui ! répondit le bailli.
    Le magistrat repartit vers la porte et regarda
dehors. Les curieux s’agglutinaient toujours à l’entrée de la ruelle. De là où
il se tenait, Corbett pouvait entendre les rumeurs du marché. Grand-mère
Crauford était plantée devant la foule, une main sur sa canne, l’autre sur le
bras du débile aux cheveux raides.
    « Peterkin, pensa Corbett, celui qui a
découvert la tête de Molkyn flottant sur le bief. » La vieille femme leva
sa canne pour saluer le magistrat. Corbett s’apprêtait à répondre d’un geste
quand il ferma les yeux et se mit à rire.
    — Messire ?
    Ranulf était à ses côtés.
    — Ranulf, je veux une longue bûche, un
linge et un petit gobelet de vin.
    Il suivit son compagnon sidéré dans la cuisine.
Ranulf fouilla la pièce et revint avec un long morceau de bois d’allumage, un
chiffon mouillé pris à la resserre et une coupe d’étain à demi pleine de bière.
    — Je n’ai point trouvé de barrique de vin,
s’excusa ce dernier.
    — Sir Hugh ?
    Tressilyian, installé sur un banc près de la
cheminée, se leva.
    — De grâce, asseyez-vous ici et regardez ce
qui va se passer, le pria le magistrat. Ranulf, fais semblant d’être le
charpentier. Quand je frapperai à l’huis, agis comme il te semble que l’a fait
Deverell hier soir. Ne bronche pas et n’hésite pas.
    Ranulf acquiesça. Corbett sortit en fermant la
porte. Il posa la coupe de bière par terre, roula en boule le linge humide et l’enfonça
dans le cernel aussi profondément qu’il le put. Il saisit ensuite la bûche d’une
main et, de l’autre, le gobelet de bière. Il s’approcha de l’ouverture et usa
du morceau de bois pour frapper à la porte. Il ouït alors des bruits à l’intérieur,
puis les exclamations de Ranulf. Le linge fut ôté et, à cet instant, Corbett
jeta le contenu de la coupe par le guichet. Les jurons de Ranulf furent infinis
et colorés.
    — Voilà comment ça c’est passé, déclara
Corbett en rentrant dans la cuisine. Il n’y avait pas deux assassins, mais bien
un seul. Il a glissé ce morceau de vélin dans le cernel et a posé l’arbalète
armée sur le rebord, carreau prêt à atteindre quiconque se trouvait de l’autre
côté. Il faisait sombre et le meurtrier savait que Deverell avait peur ;
il n’a donc pas cessé de tambouriner avec insistance avec un bâton ou une
canne. Il ne l’a pas entendu s’approcher de l’ouverture mais il a vu et entendu
qu’on prenait le parchemin. Une fois enlevé, il a relâché le treuil et le
carreau a atteint Deverell en plein visage.
    — Est-ce possible ? bafouilla
Blidscote.
    — C’est logique, rétorqua Corbett. Et fort
simple. Imaginons Deverell terrorisé. Il entend des coups incessants à la
porte. Il se croit en sécurité. Il connaît bien sa propre demeure : on ne
peut à la fois frapper à l’huis et regarder par l’ouverture. Il ne se rend pas
compte que le meurtrier se sert d’une canne. Il s’approche du cernel pour
regarder dehors et reste perplexe : la vue est bloquée par le bout de
parchemin. Tout naturellement, il l’enlève. C’est le signal pour l’assassin. Il
aperçoit une pâle lumière venant de la cuisine, sait alors que Deverell est là.
L’arbalète est prête. Une légère pression du doigt et le trait s’envole à toute
vitesse. Le charpentier n’a pas dû comprendre ce qui arrivait. Le morceau de
vélin l’intrigue encore. Il pense peut-être que c’est un message. Il a bu et a
l’esprit embrumé : il ne s’écarte pas. Il meurt en un clin d’œil, titubant
et s’effondrant sur le sol de la cuisine. Le rouleau de vélin froissé lui
échappe des mains. Il n’a même pas eu le temps de le lire.
    Sir Maurice applaudit

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