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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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juge prit la situation en main. Il présenta le clerc et
sourit avec tristesse.
    — Le temps passe vite, déclara-t-il. Cinq
des jurés qui ont jugé Sir Roger Chapeleys sont morts.
    Son sourire s’effaça.
    — Deux d’entre eux ont été assassinés. Vous
vous souvenez bien des jours du procès, n’est-ce pas ? Il a eu lieu au
Guildhall ?
    Ils acquiescèrent tous d’un signe de tête,
dociles comme des mastiffs bien dressés.
    — Je ne vous ai jamais demandé, continua
Tressilyian, les délibérations du jury étant à l’accoutumée secrètes, pourquoi
vous avez rendu un verdict si vite, en moins d’une heure.
    — A cause de votre récapitulation, répondit
un robuste marchand, boucher de son état d’après le sang qui maculait son
tablier.
    — En effet, concéda Tressilyian. Vous vous
appelez Simon, n’est-ce pas ? Vous êtes boucher ?
    — Oui, Messire.
    — Veuillez répondre à ma question.
    — Je ne me souviens point de tous les
détails, s’excusa l’homme, mais la preuve était claire : Sir Roger s’était
rendu chez la veuve Walmer. Deverell le charpentier l’avait aperçu  – et
oui, nous savons à présent qu’il est mort.
    Il jeta un regard à ses compagnons.
    — Et, à propos, quelle protection avons-nous ?
Ce n’est pas de notre faute si Sir Roger a été exécuté.
    — Personne n’a prétendu que ça l’était,
intervint Corbett. Continuez, je vous en prie.
    — On a vu Sir Roger quitter en hâte le
cottage de la veuve. Il possédait des objets appartenant aux autres femmes qui
avaient été tuées.
    — Ce qui m’intéresse, précisa le juge, et
ce que Sir Hugh désire savoir, c’est ce qui s’est passé dans la salle de
délibération après que vous vous y fûtes retirés. Molkyn était votre chef et
Thorkle son adjoint ?
    — Eh bien, pour être franc, rétorqua Simon,
Molkyn était un fieffé bougre. Je ne l’aimais point quand il était vivant, je
ne l’aime pas davantage mort. Il voulait à toute force que Sir Roger soit
pendu. « Coupable », a-t-il affirmé, à peine la porte close. Bien
entendu, Thorkle lui a emboîté le pas.
    — Et les autres ? s’enquit Corbett.
    Il observa ces hommes aux visages gercés et aux
mains rouges crevassées. Il était navré pour eux. Il était banal que les jurés
subissent des intimidations mais, là encore, ils pouvaient se montrer
étonnamment obstinés, surtout quand la vie d’un homme était en jeu.
    — Certains ont formulé des objections. Je
ne révélerai pas lesquels. Calme-toi, avons-nous dit à Molkyn. Il était
manifeste qu’il n’appréciait guère Sir Roger.
    — Il y avait Furrell, annonça l’un des
compagnons de Simon. Son témoignage m’a fort troublé. Il a affirmé que la veuve
Walmer était vivante après le départ de Sir Roger. Il a aussi fait allusion à d’autres
hommes qu’il aurait vus se rendre à son cottage.
    — C’est vrai !
    Simon reprit son récit.
    — Mais Molkyn nous a fait taire. Il a
laissé entendre que Furrell avait été acheté par Chapeleys. Ce dernier aurait
pu retourner sur ses pas, alors que les personnes que le braconnier avait
aperçues en direction du cottage étaient sans doute Repton l’échevin et celles
qui ont découvert le cadavre.
    — Comment avez-vous voté ? interrogea
le magistrat.
    — À main levée.
    — Et qu’est-ce qui vous a convaincus ?
    Corbett s’agita sur son tabouret. Il aurait aimé
que Ranulf, près de lui, cessât de fredonner entre ses dents. Son serviteur le
regarda et lui fît un clin d’œil. Corbett se demanda ce qui n’allait pas. Il se
retourna vers le boucher.
    — La preuve ? Vous avez mentionné le
résumé du juge à la fin du procès. Je vous ai demandé comment vous ayez voté.
    — À cause du témoignage de Deverell,
soupira le marchand. De la visite chez la veuve et des objets découverts au
manoir de Sir Roger. Molkyn faisait pression sur nous ; en fin de compte,
nous avons dû tomber d’accord.
    Il haussa les épaules.
    — Nous avons rendu le verdict.
    — Et depuis ?
    — Oh, nous en avons discuté  – quand
les meurtres ont repris.
    Simon fit un geste de la tête.
    — Oui, nous nous sommes demandé si un
innocent avait été exécuté.
    Le boucher passa d’un pied sur l’autre et baissa
les yeux.
    — Qu’y a-t-il ? insista Corbett. Vous
avez autre chose à dire, n’est-ce pas ?
    Simon essuya d’un revers de poignet son front
ruisselant de

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