La Traque des Bannis
rattraper, après des années durant lesquelles les Rôdeurs l’avaient fréquemment tourné en ridicule.
La piste se mit à monter en pente douce et ils aperçurent les collines à l’horizon. Les arbres étaient à présent plus clairsemés, et les deux compagnons avançaient avec davantage de prudence, conscients que des observateurs pouvaient être dissimulés dans les environs.
Finalement, rien n’indiqua qu’ils avaient pu être épiés et ils arrivèrent bientôt sur un plateau qui menait au pied des collines. Ils se postèrent dans l’ombre d’un bosquet afin de scruter le terrain découvert qui s’étendait devant eux. À une distance de quelques centaines de mètres, les crêtes s’élevaient vers le ciel, formant une barrière naturelle escarpée et menaçante. Il s’agissait plutôt de falaises que de collines, songea alors le jeune Rôdeur.
Aucun signe de Tennyson et de ses partisans.
— Il n’y a personne, dans ce coin, marmonna Horace.
— Personne qui soit visible, rectifia Will, qui surveillait le paysage.
À l’ouest, le soleil sombrait lentement et, malgré son éclat, les zones d’ombres qui constellaient le relief irrégulier des falaises de grès auraient parfaitement pu dissimuler l’entrée des cavernes.
Le Rôdeur fut tout à coup assailli d’un doute : Tennyson ne s’était peut-être pas arrêté ici. Comment savoir si, en fin de compte, il n’avait pas décidé de poursuivre sa route et de franchir ces hauteurs en empruntant quelque défilé ?
Il était cependant raisonnable de penser que le chef des Bannis, s’il avait voulu prendre de l’avance, aurait agi ainsi des jours plus tôt. Il ne s’était pas dirigé vers ces falaises par hasard. Car s’il avait souhaité échapper à ses poursuivants, il aurait choisi un itinéraire plus praticable.
Horace lui donna un petit coup de coude.
— Tu as senti ?
Will leva la tête et huma l’air. Il flaira une odeur à peine perceptible de feu de bois.
— Ils sont bel et bien là, ajouta le guerrier. Ils doivent préparer leur repas…
— Oui, mais où ? dit Will en balayant des yeux les parois rocheuses.
— Regarde, lui indiqua Horace. Tu vois cet arbre qui pousse dans la pente, à une dizaine de mètres de hauteur ?
Le chevalier tendit le bras devant lui, ferma un œil pour mieux scruter l’endroit, leva un doigt à la verticale, puis un second, avant de baisser celui-ci.
— À la gauche de cet arbre, poursuivit-il, à environ un doigt, il y a une fissure dans la roche.
Will répéta les gestes de son compagnon et, très vite, il vit ce qu’Horace avait repéré.
Une mince volute de fumée s’échappait de la fissure. La brise légère s’en empara et la dissipa.
— Ils sont dans les grottes, acquiesça-t-il. Nous devons nous en approcher.
Le terrain qui se déployait devant eux ne manquait pas de rochers pouvant servir d’abris temporaires, pas assez importants toutefois pour dissimuler les chevaux.
— Il va nous falloir laisser Folâtre et Caracole ici, ajouta le Rôdeur.
— Tu as l’intention de visiter ces grottes ? s’enquit son ami, impassible.
Will le fixa. Depuis qu’il était enfant, Horace détestait les espaces confinés. Voilà pourquoi il ne portait jamais de casque qui lui aurait complètement protégé le visage, préférant un simple heaume conique. Lorsqu’ils étaient plus jeunes, Will avait souvent profité de cette faiblesse pour lui échapper.
— Oui, et tu resteras à l’extérieur pour faire le guet.
Horace, à l’évidence soulagé, baissa les épaules.
— Tu en es sûr ? S’il le faut, je t’accompagnerai à l’intérieur.
— J’apprécie ta proposition, dit Will en lui serrant le bras, mais il me sera plus facile de me déplacer discrètement dans ces grottes si je suis seul.
— Dans ce cas, cela me convient. Et j’avoue que je n’en suis pas mécontent.
— Sans oublier qu’avec ta nouvelle habileté à te camoufler, je risquerais de te perdre dans ces cavernes, ne put s’empêcher d’ajouter le jeune Rôdeur, moqueur.
Ils attendirent jusqu’en fin d’après-midi pour agir, un moment de la journée où la lumière pouvait être trompeuse. Avant de laisser Caracole et Folâtre dans le bosquet d’arbres et de se mettre en route à pas furtifs, Horace, conscient de la gravité de la situation, écouta attentivement les dernières instructions de son compagnon.
— Garde ton capuchon baissé. Quand nous nous immobiliserons, ne bouge pas
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