La Traque des Bannis
va bien. Même si la façon dont tu décris ce son est particulièrement originale… jamais je n’ai lu pareille chose dans mes traités médicaux, je dois l’admettre.
— Laisse-moi écouter encore une fois ! lança Horace en se penchant de nouveau vers Halt.
Le vieux Rôdeur, furieux, se tourna vivement vers lui.
— Laisse-moi tranquille ! Va plutôt écouter ton cœur et tes poumons si ça te chante !
Le chevalier haussa les épaules d’un air contrit, tout en indiquant le tube à Halt.
— Ça me semble un peu compliqué, vous savez. Il faudrait que je puisse faire complètement pivoter ma tête pour y parvenir.
Le Rôdeur lui adressa un sourire mauvais.
— Je suis certain que je pourrais t’y aider, répondit-il.
Horace le dévisagea un instant. Ne sachant s’il plaisantait, il préféra s’écarter.
— Mieux vaut que tu continues, dit-il en tendant le tube à Malcolm.
Celui-ci reprit son examen et, un quart d’heure plus tard, annonça que tout était en ordre.
— Tu es aussi costaud qu’un cheval.
Le vieux Rôdeur lui décocha un regard noir.
— Et toi, aussi têtu qu’une mule.
— On me le dit souvent, riposta le guérisseur sans s’offusquer.
Horace s’approcha de nouveau de Halt, occupé à enfiler sa chemise. Ce dernier le fixa avec animosité.
— Qu’est-ce que tu me veux ? demanda-t-il d’un ton belliqueux. Mes poumons et mon cœur t’intéressent-ils donc encore ?
— Votre barbe, répliqua le chevalier. Si vous voulez jouer de nouveau le rôle de Ferris, il va falloir la couper un peu.
— Je vais m’en charger. Et plutôt que de te tourner les pouces, va chercher quelques bandes de cuir pour fabriquer un bandeau semblable à celui que portait mon frère.
Horace acquiesça et, tandis que Halt allait remplir un seau d’eau chaude et se mettait à tailler sa barbe pour lui donner la forme voulue, le jeune guerrier trouva des lanières de cuir qu’il entreprit de tresser, à la manière de la couronne royale de Clonmel.
Halt se rinçait le visage lorsqu’il remarqua que Malcolm s’affairait au-dessus d’un petit coffret contenant une douzaine de boules irrégulières et marron, comme de la boue séchée.
— Est-ce que ce sont les pétards avec lesquels tu jouais ces derniers temps ? s’enquit-il.
Sans lever les yeux, le guérisseur hocha la tête. Le vieux Rôdeur s’approcha et s’aperçut que des touffes d’herbe sèche séparaient les boules serrées dans le coffret. Malcolm, concentré sur sa tâche, tirait légèrement la langue.
— Et à quoi servent-ils, au juste ? questionna Halt.
— Il suffit d’en jeter un à terre pour provoquer une explosion sonore et faire apparaître un épais nuage de fumée jaune-brun. Ces boules sont très volatiles, voilà pourquoi je les emballe avec précaution.
— Et qu’as-tu l’intention d’en faire ?
— Je me suis dit qu’elles pourraient vous être utiles si vous avez besoin d’opérer une diversion. Elles ne présentent aucun danger et ne peuvent blesser personne… hormis rendre sourd, très momentanément.
Pensif, Halt se contenta de grommeler quelques mots incompréhensibles. Il commençait à réfléchir à l’usage qu’ils pourraient faire de ces pétards.
Une fois leurs préparatifs terminés, ils se mirent en route en direction des falaises. Dès qu’elles furent en vue, ils laissèrent les montures dans le bosquet que Will et Horace avaient découvert la veille, puis s’approchèrent discrètement de l’entrée des grottes.
— Et maintenant ? demanda Malcolm.
— On attend et on garde les yeux ouverts, répliqua Halt.
À l’instar de ses compagnons, le guérisseur s’installa du mieux qu’il put afin d’observer les allées et venues des Bannis.
Il n’y eut toutefois pas grand-chose à voir, hormis un groupe de quatre hommes qui quitta les grottes en fin de matinée et revint quelques heures plus tard, portant une carcasse de cerf.
— Ils étaient partis à la chasse, constata Horace.
Les deux Rôdeurs le regardèrent d’un air ironique.
— Ah, tu crois ? fit mine de s’étonner Will. Ils ont peut-être trouvé cet animal blessé et l’ont ramené pour essayer de le soigner.
— C’était une remarque en passant… commença le chevalier.
— Si tu n’as rien à dire, tais-toi, le coupa Halt.
Horace se rembrunit. Il détestait ce genre de situation. Halt et Will semblaient avoir des réserves sans limites de patience et jamais ils n’éprouvaient le besoin
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