La Traque des Bannis
mousse.
À ces mots, Will se faufila dans la galerie, suivi de son mentor. Le guerrier prit plusieurs inspirations profondes pour se préparer à affronter l’obscurité. Il sentit quelqu’un lui frôler le bras.
— Je serai juste derrière toi, le rassura Malcolm. Si tu ne te sens pas bien, fais-le-moi savoir.
Le guérisseur, qui connaissait le courage d’Horace, était conscient que sa peur des espaces sombres et clos ne remettait pas en cause sa bravoure. Quelque chose bloquait l’esprit du jeune homme – peut-être un incident qui avait eu lieu dans son enfance et dont le chevalier avait tout oublié. L’essentiel était qu’Horace s’efforçait de surmonter sa crainte : une preuve de courage suffisante, selon Malcolm.
— Tout ira bien, affirma le jeune guerrier, le visage dur. Du moins, je me débrouillerai, ajouta-t-il en souriant.
Il glissa la main à l’intérieur de son gilet et en sortit le petit morceau de tissu, puis se baissa pour entrer d’un pas hésitant dans le tunnel.
Les ténèbres l’accablèrent d’emblée. Il leva son fourreau pour repérer la hauteur de plafond ; une fois que celui-ci fut hors d’atteinte, il se redressa. De nouveau, il fut envahi par la sensation terrifiante d’être aveugle, que le monde entier était désormais réduit à cet espace oppressant. Son cœur se remit à battre à tout rompre. Il s’empressa d’ouvrir le petit morceau d’étoffe. La merveilleuse lueur nichée dans sa paume le rasséréna. Il entendit les pas de Malcolm, qui avançait derrière lui.
Horace poursuivit son chemin avec plus d’assurance. À plusieurs reprises, il leva les yeux, mais la lumière diffuse de la mousse ne suffisait pas à éclairer le plafond, englouti dans la pénombre. Après avoir passé un tournant, il aperçut un éclat gris dans le lointain. Il se hâta de ranger le morceau de tissu. La lumière se déversant dans la galerie semblait provenir d’une vaste grotte. Il vit les deux Rôdeurs, accroupis sur le seuil, et s’empressa de les rejoindre.
Ainsi que Will l’avait expliqué, la caverne avait la taille d’une petite cathédrale, avec un plafond élevé qui disparaissait dans l’obscurité. L’autre extrémité de la grotte était illuminée par des torches et des bougies. Au centre se dressait un immense foyer dont les flammes bondissantes projetaient de larges ombres sur les parois. Plus loin, Horace aperçut un autel étincelant – bâti, selon Tennyson, avec de l’or, de l’argent et des pierres précieuses – devant lequel se tenait le faux prophète ; les bras écartés, il était visiblement en plein discours.
— Alseiass vous aime ! Il souhaite vous apporter joie et bonheur !
— Loué soit Alseiass ! s’écria la foule.
— C’est ce que vous affirmez, tonna Tennyson. Cependant, vos cœurs sont-ils sincères ? Car Alseiass n’entend que les prières de ceux qui croient vraiment en lui. Croyez-vous en lui ?
— Oui ! répondit l’assemblée.
— Ces gens sont-ils crédules à ce point ? murmura Malcolm à l’oreille d’Horace.
— Oui, acquiesça Horace. Je ne cesse pas de m’en étonner…
— Ce territoire est en danger ! poursuivait Tennyson d’une voix pleine d’appréhension. La mort et la destruction règnent ! Qui pourra vous sauver ?
— Alseiass ! hurla la foule.
Tennyson rejeta la tête en arrière et braqua les yeux sur le plafond de la caverne, plongé dans l’obscurité.
— Donne-nous un signe ! lança-t-il. Dieu doré de la lumière, montre-nous que tu as entendu la voix de tes nouveaux disciples !
Malcolm s’avança un peu, pour mieux voir. Il avait passé des années à concevoir de fausses apparitions dans le bois de Grimsdell – des signes certainement semblables à celui que Tennyson attendait à présent de la part d’un dieu inventé de toutes pièces.
— On devrait avoir droit à un beau spectacle, fit observer le guérisseur.
Will, qui observait le faux prophète, s’aperçut que celui-ci venait de jeter un coup d’œil à un amas de roches situé à l’arrière de la caverne, à une vingtaine de mètres de l’endroit où le jeune Rôdeur et ses compagnons étaient tapis dans l’ombre.
Will crut voir un bref mouvement, puis une lueur diffuse, comme réfléchie. Il distingua alors une silhouette cachée derrière les roches, de telle sorte que la foule en contrebas ne pouvait deviner sa présence.
Le jeune Rôdeur l’indiqua à son mentor. Soudain, une boule de lumière parut
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