La Traque des Bannis
insista pour examiner Halt.
— Je dois m’assurer que tu seras à la hauteur de la tâche à venir, déclara le guérisseur. Ôte ta chemise et assieds-toi sur cette bûche, près du feu.
— À la hauteur ? Évidemment ! répliqua le vieux Rôdeur, irrité.
Il comprit cependant qu’il avait affaire à aussi têtu que lui : Malcolm recula d’un pas et se redressa. Étant donné qu’il était un peu plus petit que Halt, lequel n’était déjà pas très grand, cela ne lui donnait pas vraiment beaucoup de supériorité. Mais son air autoritaire compensait sa courte taille.
— Écoute-moi bien, commença-t-il avec sévérité. Ton ancien apprenti m’a traîné sur des lieues et des lieues, me forçant à monter un cheval à moitié fou au beau milieu de la nuit, pour que je vienne sauver ta misérable peau. C’est ce que j’ai fait, sans protester ni hésiter, même s’il est clair que la gratitude ne t’étouffe pas. À présent, j’entends terminer mon travail ; et je n’ai pas l’intention de te laisser achever toi-même ce que les Génovésiens ont commencé. Je compte t’examiner des pieds à la tête pour être certain que tu vas mieux et que tu seras à même d’affronter une bonne centaine d’ennemis avecseulement deux de tes amis pour te soutenir dans cette mince tâche. Cela te convient-il ?
Halt dut reconnaître que Malcolm, en présentant les choses de cette manière, n’avait pas tout à fait tort. De surcroît, il savait qu’il devait la vie à ce petit homme aux allures d’oiseau. Malgré tout, il n’avait pas l’habitude de se plier avec docilité aux ordres de quiconque – ainsi que le roi Duncan avait pu s’en rendre compte à plusieurs occasions. Il essaya donc de riposter.
— Et si cela ne me convient pas ? lança-t-il au guérisseur sur un ton de défi.
Malcolm, peu impressionné, s’avança jusqu’à ce que son visage se retrouve à quelques centimètres de celui du Rôdeur.
— Dans ce cas, je demanderai à Will d’en informer cette Dame Pauline dont j’ai tant entendu parler, rétorqua le guérisseur.
À la grande satisfaction de ce dernier, une lueur inquiète passa dans les yeux de Halt.
— Et je ne m’en priverai pas ! intervint Will, assis à l’autre bout du campement, où il observait avec amusement la confrontation entre ces deux hommes opiniâtres.
— Eh bien, je suppose que tu ferais mieux de t’y mettre tout de suite… concéda Halt avant d’enlever sa chemise et de prendre place sur la bûche.
Malcolm lui examina la gorge, les yeux et les oreilles, lui tapota les bras avec un petit maillet de bois, puis posa un tube creux contre son dos et sa poitrine, en plaquant l’autre extrémité, en forme de cloche, contre son oreille.
— À quoi cela sert-il ? s’enquit Horace, qui s’était approché pour le fixer avec intérêt en dépit de l’irritation grandissante du vieux Rôdeur.
— Ce ne sont pas tes affaires, gronda ce dernier, menaçant.
Le jeune chevalier ne lui prêta aucune attention.
— Qu’entends-tu avec ce tube ? insista-t-il.
— Son cœur et ses poumons, précisa Malcolm en dissimulant un sourire.
— Vraiment ? Et quels sons produisent-ils ?
— Cela ne le regarde pas ! protesta Halt.
Le guérisseur faisait déjà signe à Horace de s’avancer.
— Tiens, essaie, si tu veux.
Le vieux Rôdeur songea à quel point il était difficile de garder sa dignité et son autorité dans la position où il se trouvait. Il foudroya Horace du regard, mais celui-ci l’ignora, s’empara avec enthousiasme de l’une des extrémités du tube, la porta à son oreille et se pencha pour placer l’autre contre le dos de Halt. Les yeux écarquillés, il écouta.
— C’est incroyable ! s’exclama-t-il, impressionné par les vibrations amplifiées par le tube. Est-ce que ces boum boum boum sont les battements de son cœur ?
— Oui, acquiesça Malcolm en souriant. Ils sont vigoureux et réguliers, ajouta-t-il, heureux de pouvoir étaler quelque peu ses connaissances.
— Je suis bien d’accord ! s’écria le jeune guerrier. C’est un véritable tambour que vous avez là-dedans, Halt !
— Quelle gentillesse que de le faire remarquer, rétorqua l’intéressé sur un ton hargneux.
Mais Horace n’en avait pas terminé.
— Et ce grand houch-houch impétueux, qu’est-ce que c’est ? Cela ressemble vaguement aux vents que lâcherait un cheval de trait, non ?
— C’est sa respiration, expliqua Malcolm. Là encore, tout
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