La Traque des Bannis
Horace, pensant à la ferme scotti.
Will se mordilla la lèvre. Il dévisagea Halt, mais le vieux Rôdeur lui fit signe de continuer son raisonnement.
— Peut-être, finit par dire le jeune Rôdeur. Ils sont passés par là quelques heures après les Bannis : leurs traces se superposent aux leurs. Et elles sont plus récentes. Elles datent apparemment de ce matin.
— Dans ce cas, j’espère qu’ils rattraperont Tennyson, déclara Horace.
D’après lui, si des guerriers scotti désireux de se venger attaquaient Tennyson et ses Bannis, les choses seraient réglées une bonne fois pour toutes.
— Peut-être, répéta Will, songeur. Mais s’ils poursuivent Tennyson, pourquoi ont-ils emprunté cet autre passage avant de rejoindre le défilé ?
— Un raccourci ? suggéra Horace.
— Non, dit son ami en secouant la tête. À mon avis, cette piste part de l’est de Picta et non de la région que nous avons traversée.
Le vieux Rôdeur acquiesça.
— Je crois que tu as raison, Will. Leur présence ici est certainement une coïncidence. Ils ne doivent pas se douter que les Bannis les précèdent.
— Ces Scotti n’ont donc pas vu les traces de leur passage ? s’enquit Horace avec un geste vague en direction du chemin pierreux et sablonneux.
Halt esquissa un sourire.
— Parce que toi, tu les as vues ?
Le jeune chevalier dut admettre que, sans les Rôdeurs, il n’aurait jamais prêté attention à ces légères empreintes. Il fit non de la tête.
— Les Scotti ne sont pas des pisteurs très doués, ajouta Halt en enfourchant son cheval et en faisant signe à Will de l’imiter.
— Mais alors, s’ils ne cherchent pas à rattraper Tennyson, quelles sont leurs intentions ?
— Ils prévoient peut-être de piller l’un des villages d’Araluen situés non loin de la frontière, répondit le vieux Rôdeur.
— Et si c’est effectivement le cas ? demanda Will.
Halt le fixa d’un air sombre.
— Il nous faudra les en empêcher. Ce qui risque d’être assez pénible.
****
Les intentions du groupe scotti se précisèrent lorsque les trois cavaliers sortirent du défilé du Corbeau Solitaire pour entrer sur le territoire d’Araluen. D’après les marques laissées sur le sol, les Bannis se dirigeaient vers le sud-est, tandis que les pillards scotti avaient aussitôt tourné vers le sud-ouest.
Quand Halt eut pris connaissance de ces diverses empreintes, il poussa un soupir accablé. Il jeta un coup d’œil vers le sud-est, parut hésiter, puis, à contrecœur, fit pivoter Abelard dans l’autre direction afin de suivre les pillards.
— Nous ne pouvons les laisser agir à leur guise, expliqua-t-il à ses compagnons. Une fois que nous nous serons chargés d’eux, nous rebrousserons chemin pour retrouver Tennyson.
— Les gens du coin ne peuvent donc pas se débrouiller seuls ? demanda Will, réticent à l’idée de devoir abandonner, même temporairement, la poursuite des Bannis.
Halt secoua la tête d’un air las.
— Ces guerriers scotti sont nombreux, Will ; probablement une quinzaine d’hommes en armes. Ils vont choisir une petite ferme avec seulement deux ou trois paysans pour la défendre. Ils tueront ces derniers et emporteront le bétail, après avoir incendié les bâtiments et les cultures. Quant aux femmes, ils les enlèveront pour les réduire en esclavage. Si du moins ces pillards sont de bonne humeur.
— Et sinon ? murmura Horace.
— Ils les tueront elles aussi, répliqua froidement Halt. Voulez-vous que les choses se passent ainsi ?
Les deux jeunes gens secouèrent la tête. Ils n’avaient pas oublié ce qui était arrivé au couple de fermiers, à Picta.
— Allons-y, déclara Will d’un ton ferme.
Ils gagnèrent rapidement du terrain sur le groupe de Scotti. De ce côté de la frontière, le paysage, boisé, était fort différent de celui de Picta. Au bout d’un moment, Halt fit signe à Will de venir se ranger près de lui.
— Pars en éclaireur, ordonna-t-il. Je n’ai pas envie de tomber sur eux sans prévenir.
Will partit aussitôt au galop et s’éloigna dans la brume qui s’élevait entre les arbres. Halt savait que son ancien apprenti n’aurait aucun mal à pister les Scotti en toute discrétion. Lui et son cheval étaient entraînés à ce genre de mission. En revanche, Horace n’était pas aussi confiant que Halt.
— Nous aurions peut-être dû l’accompagner, dit-il, quelques minutes après le départ de son ami.
— À trois, nous
Weitere Kostenlose Bücher