La Traque des Bannis
informations autrement importantes.
Le jeune Rôdeur se rapprocha pour étudier le parchemin de plus près, tandis qu’Horace s’agenouillait derrière Halt afin de regarder par-dessus son épaule.
— Je ne pense pas que le Génovésien cherchera à nous piéger de nouveau. Je peux néanmoins me tromper. « Je me suis trompé » est souvent la dernière phrase que prononcent trop de voyageursimprudents. Par conséquent, je n’ai pas l’intention de le suivre aveuglément dans cette forêt. Nous longerons la lisière sur, disons, un ou deux kilomètres vers l’est avant d’y pénétrer.
— Comment allons-nous récupérer la piste des Bannis ? demanda Will. Une fois dans ces bois, ils auront pu prendre n’importe quelle direction.
— C’est possible, répondit Halt. Mais quelle que soit cette direction, il leur faudra bien traverser la rivière qui borde cette vallée. Or il n’y a qu’un seul gué sur une distance de quinze kilomètres. C’est là-bas qu’ils ont dû se rendre.
— J’ai en effet du mal à imaginer Tennyson en train de franchir un cours d’eau à la nage, intervint Horace, un sourire aux lèvres.
— Oui, cet homme tient à son petit confort, acquiesça le vieux Rôdeur. En tout cas, en déviant légèrement vers l’ouest avant de nous enfoncer derechef dans la forêt, nous éviterons sans doute l’assassin vêtu de mauve et, par la même occasion, nous nous rapprocherons du gué.
— Où nous devrions retrouver la piste des Bannis, ajouta Will avec satisfaction.
— Avec un peu de chance, concéda Halt en rangeant la carte dans son sac. Et d’après moi, il est temps que la chance tourne un peu de notre côté, car, jusqu’à présent, c’est plutôt Tennyson qui en a profité.
— Tu oublies le Génovésien que nous avons abattu, précisa Will.
— Tu as raison. Je devrais me montrer plus reconnaissant. Nous avons en effet eu de la chance aujourd’hui.
Une remarque qui ne manquait pas d’ironie, à la lueur de ce qui les attendait le lendemain.
Tout débuta normalement. Les trois compagnons se levèrent tôt. Comme la journée s’annonçait longue, ils prirent un petit déjeuner copieux avant de partir vers l’ouest, en longeant la lisière de la forêt. Au bout de quelques kilomètres, Halt vit un sentier étroit qui s’enfonçait entre les arbres ; ses compagnons et lui s’y engagèrent.
Les deux Rôdeurs avaient déjà fait l’expérience de l’atmosphère lugubre qui planait sur les lieux, parmi les troncs sans vie se pressant autour d’eux ; en revanche, le chevalier, un peu impressionné par cet environnement, ne cessait de jeter des regards de tous côtés.
— Comment avez-vous réussi à distinguer quoi que ce soit dans ce fouillis ? demanda-t-il.
Ses amis lui adressèrent un sourire.
— Ça n’a pas été simple, tu peux me croire, répondit Will.
Les teintes monotones de l’endroit avaient tendance à faire disparaître toute perspective, ainsi qu’il l’avait déjà remarqué la veille.
— Gilan a bien fait d’abattre le premier, déclara Halt.
— Gilan ? s’étonna le jeune Rôdeur, le front plissé.
Son ancien maître le fixa avec curiosité.
— Pourquoi parles-tu de lui ? s’enquit-il.
— C’est vous qui venez de dire : « Gilan a bien fait d’abattre le premier », expliqua Horace.
Ce fut au tour de Halt de paraître perplexe.
— Mais non, répliqua-t-il. Ai-je vraiment dit ça ?
À la mine intriguée de ses deux compagnons, il comprit qu’il avait effectivement mentionné Gilan. Il secoua la tête en laissant échapper un petit rire.
— Je voulais dire Will. Désolé, Will. Tu sais qu’il m’arrive de vous confondre, tous les deux.
— Peu importe, riposta le jeune Rôdeur.
Malgré tout, alors qu’ils poursuivaient leur chemin, il sentit l’inquiétude l’envahir. Jusqu’à présent, jamais Halt ne l’avait pris pour Gilan. Horace, qui semblait satisfait de cette explication, n’ajouta rien.
La traversée de la forêt ne leur donna pas l’occasion de converser. Halt décida qu’ils se placeraient en file, à cinq mètres de distance les uns des autres, au cas où le dernier Génovésien chercherait à les piéger de nouveau. Cette fois, par sympathie pour Horace, Will se plaça à l’arrière, vérifiant régulièrement la piste en quête du moindre signe suspect.
Lorsqu’ils finirent par émerger de la forêt noyée, tous trois éprouvèrent un grand soulagement. Devant eux s’étendaient des
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