Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
position du troupeau et estima qu’il atteindrait la rivière à un
moment quelconque de la journée du lendemain.
    Elle retourna alors à l’endroit où elle avait creusé la fosse et
se rendit compte que, même à la nuit tombante, le piège était bien trop
évident. Les rennes vont le voir, se dit-elle, complètement découragée, et ils
feront un détour pour l’éviter. Il est trop tard pour faire quoi que ce soit.
Peut-être aurai-je une idée demain matin.
    Mais quand elle se réveilla, elle en était toujours au même
point. Le ciel s’était couvert de nuages pendant la nuit et elle fut réveillée
par une grosse goutte de pluie qui tomba sur son visage. La veille, comme sa
peau d’aurochs était humide et boueuse, elle l’avait mise à sécher non loin de
là et ne s’en était pas servie pour monter sa tente. Pour se protéger de
l’averse, elle s’enveloppa dans la fourrure où elle avait dormi, rabattant un
des pans sur sa tête, et recouvrit à la hâte les restes noircis du feu.
    Un éclair crépita et illumina les vastes plaines jusqu’à
l’horizon. Un instant plus tard, un lointain grondement de tonnerre se fit
entendre en guise d’avertissement. Comme s’ils obéissaient à ce signal, les
nuages déversèrent aussitôt un véritable déluge. Ayla attrapa la peau d’aurochs
et s’en enveloppa.
    La lumière du jour chassa peu à peu les ombres qui se trouvaient
au fond des creux et le paysage émergea de la nuit. Une pâleur grise s’installa
sur les steppes, comme si les nimbus avaient effacé toutes les couleurs
printanières. Le ciel lui-même était d’une teinte indéfinissable, ni blanc, ni
bleu, ni franchement gris.
    Lorsque la fine couche de sol perméable, qui recouvrait le
permafrost, fut saturée, l’eau commença à s’accumuler en surface. En dessous de
la couche de terre arable, le sol était gelé en permanence et aussi dur que le
mur de glace qui se trouvait au nord. Pour cette raison, les eaux de pluie ne
pouvaient être drainées en profondeur. Dans certaines conditions, le sol gorgé
d’eau pouvait se transformer en véritables fondrières, capables d’engloutir
traîtreusement un mammouth adulte. Et si cela arrivait au pied du glacier, il
suffisait qu’il se mette à geler juste après ces pluies torrentielles pour que
le mammouth soit alors conservé dans la glace pour des millénaires.
    Le ciel plombé laissait tomber de grosses gouttes d’eau à
l’endroit où, précédemment, Ayla avait allumé son feu. En voyant la pluie
creuser des cratères dans cette mare noirâtre, puis s’étaler en cercles
concentriques, la jeune femme aurait tout donné pour se retrouver bien au sec à
l’intérieur de la caverne. Elle avait eu beau graisser la peau épaisse de ses
chausses et remplir celles-ci de touffes de carex, le cuir laissait passer
l’humidité et elle finissait par avoir froid aux pieds. Le marécage que
formaient maintenant les rives du cours d’eau avait considérablement refroidi
son désir de tuer un renne.
    Quand les mares se mirent à déborder et que le trop-plein d’eau
commença à ruisseler en direction de la rivière, emportant au passage des
branches, des herbes et les feuilles de l’automne précédent, Ayla alla se
réfugier sur un tertre. Pourquoi ne pas rentrer ? se demanda-t-elle en
grimpant là-haut avec ses deux paniers. Elle jeta un coup d’œil sous les
couvercles et s’aperçut que les paniers en tiges de massette n’avaient pas
laissé passer l’eau : le contenu était sec. Cela ne l’avançait pas à
grand-chose. Je ferais mieux de rentrer, se dit-elle. Jamais je n’arriverai à
prendre un renne au piège. Aucun d’eux ne va se précipiter dans cette fosse
simplement parce que j’en ai envie. Ce sera pour une autre fois. J’essaierai de
tuer un des vieux retardataires quand ils passeront par là. Sa viande sera beaucoup
moins tendre et sa peau toute couturée, mais tant pis.
    En soupirant, Ayla s’installa en haut du tertre et ramena sa
fourrure et la peau d’aurochs autour d’elle. Il m’a fallu tellement de temps et
d’effort pour mettre mon plan au point, se dit-elle, que ce n’est pas une
petite pluie qui va m’arrêter. Peut-être n’arriverai-je pas à tuer de renne,
mais ce ne sera pas la première fois qu’un chasseur rentre bredouille. De toute
façon, je ne risque rien à essayer.
    Quand l’inondation commença à saper la base du monticule en
terre sur lequel elle s’était réfugiée, elle

Weitere Kostenlose Bücher