La Vallée des chevaux
l’était en réalité. Debout, elle
arrivait à la hauteur du menton de Jondalar. Elle avait les yeux couleur
noisette comme son fils et les mêmes traits fins, qui conféraient une grande
beauté à son visage.
Je pourrais être heureux avec elle, songeait Jondalar. Pourquoi
ne pas m’unir à elle ?
— Serenio... commença-t-il.
La jeune femme se retourna pour le regarder et aussitôt elle fut
prise au piège de ces yeux incroyablement bleus. Le charme de Jondalar,
d’autant plus puissant qu’il en était inconscient, était en train de battre en
brèche les défenses qu’elle avait mises en place pour ne plus souffrir. Elle se
sentait invinciblement attirée par lui et totalement vulnérable.
— Jondalar...
Le ton de sa voix disait clairement qu’elle était prête d’avance
à accepter tout ce qu’il lui proposerait.
— Je... réfléchis beaucoup aujourd’hui, reprit Jondalar qui
avait bien du mal à trouver les mots capables d’exprimer ce qu’il pensait.
Thonolan... mon frère... voyager loin ensemble. Maintenant, il aime Jetamio, il
veut rester... Si tu... Je veux...
— Venez tous les deux ! cria Thonolan. Tout le monde a
faim et le repas...
Il s’interrompit en voyant à quel point Serenio et Jondalar
étaient proches l’un de l’autre.
— Désolé, s’excusa-t-il aussitôt. J’ai l’impression que je
tombe mal. Jondalar et Serenio se séparèrent. Le moment était passé.
— Ce n’est pas grave, Thonolan, dit Jondalar. Nous n’allons
pas faire attendre tout le monde. Nous pourrons reparler de ça plus tard.
Jetant un coup d’œil à Serenio, il s’aperçut que la jeune femme était surprise
et gênée, comme si elle ne comprenait pas très bien ce qui venait de lui
arriver, et qu’elle faisait un effort pour retrouver son sang-froid habituel.
Ils s’approchèrent du grand feu qui brûlait dans le foyer
central sous le surplomb rocheux. Dès qu’ils furent là, tous les assistants se
disposèrent en cercle autour de Jetamio et de Thonolan qui se tenaient debout
dans l’espace laissé libre derrière le feu. La Fête de la Promesse marquait le
début de la période rituelle qui culminerait avec la Cérémonie de l’Union.
Durant cet intervalle, les deux jeunes gens auraient très peu de contacts,
lesquels seraient sévèrement réglementés.
Pour l’instant, Jetamio et Thonolan se tenaient par la main et
ils attendaient avec impatience de pouvoir confirmer leur engagement mutuel.
Quand le shamud s’approcha d’eux, ils s’agenouillèrent pour que le guérisseur
et guide spirituel des Sharamudoï puisse poser sur leur tête une couronne
d’aubépines en boutons. On leur fit faire trois fois le tour du feu et de
l’assemblée, toujours la main dans la main, puis on les ramena à leur place,
refermant ainsi le cercle que leur amour venait de tracer autour de la Caverne
des Sharamudoï.
Le shamud se retourna pour leur faire face et, levant les bras,
il se mit à prononcer les formules rituelles.
— Tout cercle commence et se termine au même endroit,
dit-il. La vie est un cercle qui commence avec la Mère et finit avec Elle. (La
voix vibrante du shamud couvrait sans mal les crépitements du feu et chacun se
taisait pour l’écouter.) La bienheureuse Mudo, créatrice de toute vie, se
trouve au commencement et à la fin. D’Elle nous venons, et vers Elle nous
retournons. C’est Elle qui subvient à tous nos besoins. Nous sommes Ses Enfants
et Elle nous octroie sans compter tout ce qu’Elle possède. Son corps nous
fournit ce qui est nécessaire à notre subsistance : l’eau, la nourriture
et les abris. Son esprit nous offre sagesse et chaleur : le talent et
l’habileté, le feu et l’amitié. Mais le plus grand de Ses Dons, c’est l’amour
qu’Elle porte à tous les êtres.
« La Grande Mère de la Terre se réjouit de voir Ses enfants
heureux. C’est pourquoi Elle nous a offert Son merveilleux Don du Plaisir.
Partager ce Don, c’est L’honorer et faire preuve de respect à Son égard. Mais,
parmi nous, les Bénies de Mudo ont reçu un Don plus grand encore : la Mère
les a dotées de Son merveilleux pouvoir de donner la Vie.
Le shamud se tut un court instant. Puis, se tournant vers
Jetamio, il reprit :
— Jetamio, tu fais partie des Bénies de Mudo. Si tu
L’honores, tu seras dotée du Don de Vie de la Mère et tu donneras naissance à
ton tour. N’oublie jamais que l’esprit de Vie qui te permet de mettre des
enfants au monde
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