La Vallée des chevaux
tu
m’apprendrais le zelandonii, dit-elle. A force de ne pas parler notre propre
langue, nous risquons de l’oublier. J’aimerais savoir parler zelandonii. C’est
une langue si musicale...
— Même si toi, tu as envie d’apprendre le zelandonii, il se
peut qu’ils n’aient pas envie d’apprendre à parler mamutoï, intervint Markeno.
Tu n’y as pas pensé ?
— Non, reconnut Tholie en rougissant à son tour.
— J’aimerais apprendre le zelandonii et le mamutoï, dit
Jetamio. Je trouve que c’est une bonne idée.
— Moi aussi, dit Jondalar.
— Nous faisons un sacré mélange tous les quatre, fit
remarquer Markeno en souriant à sa compagne. Un Ramudoï à moitié mamutoï et une
Shamudoï qui ne pas tarder à être à moitié zelandonii.
Même s’ils sont aussi différents physiquement, Markeno et Tholie
sont bien assortis, se dit Jondalar. Markeno était presque aussi grand que lui
et, par comparaison, Tholie semblait plus petite et plus ronde encore qu’elle
ne l’était en réalité.
— Est-ce que vous accepteriez que d’autres se joignent à
vous ? demanda Serenio. Je serais heureuse d’apprendre le zelandonii et je
pense que si Darvo veut faire du troc plus tard, il aurait tout intérêt à
parler mamutoï.
— Pourquoi pas ? s’écria Thonolan en riant. A l’est
comme à l’ouest, quand on est en Voyage, la connaissance des autres langues
n’est jamais inutile. Mais même quand on ignore une langue, continua-t-il en se
tournant vers son frère, ça ne vous empêche pas de comprendre ce qu’attend de
vous une belle femme, n’est-ce pas, Jondalar ? Surtout quand on a de
grands yeux bleus.
— Tu devrais parler sharamudoï, Thonolan, fit remarquer
Jondalar en faisant un clin d’œil à Tholie.
Prenant son couteau de la main gauche – chez les
Sharamudoï, la coutume voulait qu’on se serve de cette main pour manger – il
sortit une tige qui se trouvait dans son bol et demanda ce que c’était.
— De la bardane, répondit Jetamio.
Comprenant soudain que pour Jondalar ce mot ne voulait rien
dire, elle alla fouiller dans le tas de détritus qui se trouvait près de
l’endroit où l’on cuisinait et lui montra les grandes feuilles gris-vert et
duveteuses qui avaient été arrachées de la tige. Jondalar reconnut aussitôt la
plante dont elle parlait. Quand Jetamio lui fit sentir l’odeur de longues tiges
vertes qu’elle avait aussi apportées, il dit à son frère :
— Je me doutais bien qu’il y avait de l’ail dans ce plat.
Comment appelez-vous ça ?
Après lui avoir répondu, Jetamio lui montra des tiges sèches et,
cette fois, c’est Tholie qui intervint :
— Ce sont des algues que j’ai apportées. On trouve ces
algues dans la mer et on les utilise pour épaissir la sauce du ragoût.
Tholie expliqua à Jondalar que cet ingrédient inhabituel avait
été ajouté au plat traditionnel, non seulement dans un but culinaire, mais
aussi pour montrer les liens de parenté qu’elle avait avec le jeune couple.
— Cela faisait aussi partie de mon cadeau de noce,
conclut-elle en tapotant le dos de son bébé qui avait fini de téter. (Se
tournant vers Jetamio, elle demanda :) As-tu déjà fait ton offrande à
l’Arbre de la Bénédiction, Tamio ?
Jetamio baissa la tête et sourit d’un air un peu gêné. En
général, on ne posait pas ce genre de question d’une manière aussi directe.
— J’espère que la Mère bénira mon union en me donnant un
bébé en aussi bonne santé et aussi heureux que le tien, répondit-elle.
— Veux-tu me la garder un instant ? demanda Tholie.
J’ai besoin d’aller faire un petit tour.
Quand Tholie revint, le ton de la conversation avait changé. Le
repas était terminé, les bols débarrassés et on venait de resservir du vin. Un
des convives était en train de frapper en rythme sur un tambour formé d’une
seule peau et improvisait les paroles d’une chanson. Dès que Tholie eut
récupéré son bébé, Thonolan et Jetamio se levèrent et tentèrent de s’éclipser.
En vain. Plusieurs personnes les entourèrent en souriant.
En général, le couple dont on fêtait la future Union était censé
s’en aller le plus tôt possible pour profiter des derniers moments avant la
séparation qui allait lui être imposée pendant la période qui précédait la
cérémonie. Mais comme ils étaient les invités d’honneur et qu’il aurait été impoli
de s’en aller alors qu’il y avait des gens
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