La Vallée des chevaux
Mais
il avait beau s’activer, se frotter les mains et se donner des claques dans le
dos, il avait toujours aussi froid. Entendant à nouveau une galopade dans les
fourrés, il se dit qu’il avait dû déranger un animal.
Brusquement, il se rendit compte de la gravité de sa situation.
En voyant qu’il ne rentrait pas, allait-on partir à sa recherche ? Il
n’était pas sûr que Thonolan remarque son absence. Ils se voyaient peu ces
derniers temps, car son frère partait chasser le chamois avec les Shamudoï alors
que lui passait la plupart de ses journées avec les hommes du fleuve. Il ne
savait même pas ce que son frère devait faire ce jour-là.
Carlono va-t-il partir à ma recherche ? se demanda-t-il. Il
sait que je remontais le fleuve en bateau. Le bateau ! se dit-il, en
frissonnant, mais de crainte cette fois. Quand ils verront que la pirogue est
vide, ils penseront que je me suis noyé. S’ils me croient noyé, pourquoi
partiraient-ils à ma recherche ?
Hors d’haleine à force de courir sur place et de sauter,
Jondalar se laissa tomber sur le sol et se roula en boule pour conserver sa
chaleur. A nouveau, il entendit une galopade. Mais il n’eut pas le courage
d’aller voir ce qui se passait. Et soudain il aperçut deux pieds – deux
pieds nus, sales, mais incontestablement humains.
Il sursauta et leva les yeux. Debout en face de lui, si près
qu’il lui aurait suffi d’allonger le bras pour le toucher, se trouvait un
enfant aux grands yeux bruns enfoncés sous des arcades proéminentes. Un Tête
Plate ! se dit Jondalar. Un jeune Tête Plate !
Muet d’étonnement, il se dit que maintenant qu’il avait surpris
ce jeune animal, celui-ci allait disparaître derrière les buissons. Mais pas du
tout : le jeune Tête Plate ne bougeait pas. Ils restèrent pendant un long
moment face à face à se regarder, puis le Tête Plate lui fit un signe de la
main, comme s’il voulait qu’il vienne avec lui. C’est en tout cas l’impression
qu’avait Jondalar, même s’il n’arrivait pas à y croire. Le Tête Plate renouvela
son geste et fit un pas en arrière.
Que me veut-il ? se demanda Jondalar. Me propose-t-il de le
suivre ? Jondalar se leva et commença à avancer vers lui, persuadé que le
Tête Plate allait déguerpir. Mais la jeune créature se contenta de reculer en
renouvelant son geste. Jondalar le suivit, lentement au début, puis il accéléra
l’allure.
Un moment plus tard, le jeune Tête Plate écarta des buissons et
Jondalar aperçut une clairière au milieu de laquelle brûlait un feu qui
laissait échapper très peu de fumée. En voyant Jondalar s’approcher du feu, la
femelle qui se trouvait là sursauta et s’écarta, apeurée. Jondalar s’installa à
croupetons devant le feu, heureux de pouvoir se réchauffer. Non loin de là, la
femelle et le jeune Tête Plate émettaient des sons gutturaux et remuaient les
mains, comme s’ils étaient en train de se dire quelque chose.
Jondalar, uniquement occupé à se réchauffer, leur prêtait peu
d’attention.
Il se rendit à peine compte que la femelle se faufilait derrière
lui et fut d’autant plus surpris quand il sentit qu’on posait une fourrure sur
ses épaules. Il eut le temps de surprendre le regard qu’elle lui lançait avant
qu’elle ne baisse la tête et qu’elle ne batte précipitamment en retraite. Il
était incontestable qu’elle avait peur de lui.
Même mouillés, les vêtements en peau de chamois qu’il portait
tenaient encore un peu chaud et, grâce à la fourrure et à la chaleur du feu, il
cessa de trembler. Il réalisa alors où il se trouvait. Grande Doni !
C’était un camp de Têtes Plates ! Il approchait ses mains du feu pour les
réchauffer quand il comprit tout d’un coup ce que ce simple geste impliquait.
Il fut tellement surpris qu’il recula brusquement comme s’il venait de se
brûler.
Du feu dans un camp de Têtes Plates ! Ils savaient donc
faire du feu ! Il n’en croyait pas ses yeux et approcha à nouveau ses
mains du feu comme s’il avait besoin que ses autres sens lui donnent la preuve
qu’il n’était pas en train de rêver. Puis il saisit un des bouts de la fourrure
posée sur ses épaules et la tâta du bout des doigts. Il s’agissait d’une peau
de loup, tannée, et dont l’intérieur était étonnamment doux. Jondalar se dit
que les Sharamudoï n’auraient pas fait mieux. En revanche, cette peau n’avait
pas été taillée. Il s’agissait simplement de la
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