La Vallée des chevaux
bienvenue.
Il prit alors les deux mains de Thonolan dans les siennes. Après
avoir renouvelé son geste de bienvenue vis-à-vis de Jondalar, il leur
proposa :
— Venez vous asseoir près du feu. Nous n’allons pas tarder
à manger. Voulez-vous partager notre repas ?
— C’est très généreux de ta part, répondit cérémonieusement
Jondalar.
— Pendant mon Voyage, expliqua Laduni, j’ai marché vers
l’ouest et j’ai séjourné dans une de vos Cavernes. C’était il y a bien des
années, mais les Zelandonii sont toujours les bienvenus.
Il conduisit les deux jeunes gens vers un tronc d’arbre placé
près du feu, protégé par une sorte de brise-vent.
— Débarrassez-vous de votre chargement et reposez-vous,
proposa Laduni. Vous devez juste sortir du glacier ?
— Il y a quelques jours, répondit Thonolan en posant son
sac.
— Vous l’avez traversé bien tard, remarqua Laduni. Le fœhn
ne va pas tarder à se lever.
— Le fœhn ? demanda Thonolan.
— Le vent du printemps. Chaud et sec. Il vient du
sud-ouest. Il souffle tellement fort qu’il déracine les arbres et arrache les
branches. Grâce à lui, la neige fond très rapidement. En quelques jours, tout
cela sera parti, expliqua Laduni en montrant la neige d’un large geste, et les
bourgeons apparaîtront. S’il se met à souffler quand vous êtes sur le glacier,
cela peut être fatal. La glace fond tellement rapidement qu’il se forme des
crevasses. Des ponts et des corniches de neige s’effondrent brusquement sous
vos pieds. Des torrents et même des rivières se mettent soudain à couler sous
la glace.
— Et il apporte toujours le Malaise, commenta une jeune
femme.
— Le Malaise ? fit Thonolan en se tournant vers elle.
— Les mauvais esprits qui volent dans le vent. Ce sont eux
qui rendent tout le monde irritable. Des gens qui ne se battent jamais
d’habitude se mettent à se disputer. Ceux qui sont heureux n’arrêtent pas de
pleurer. Les mauvais esprits peuvent vous rendre malade et, si vous l’êtes
déjà, ils vous donnent envie de mourir. Quand on le sait, c’est plus facile à
supporter. Mais il n’empêche que tout le monde est de mauvaise humeur.
— Où as-tu appris à parler le zelandonii ? demanda
Thonolan, en lançant à la jeune femme un coup d’œil approbateur.
Celle-ci ne détourna pas les yeux mais, au lieu de lui répondre,
elle se retourna vers Laduni.
— Thonolan des Zelandonii, voici Filonia des Losadunaï, la
fille de mon foyer, dit Laduni, en s’empressant de répondre à la muette requête
de la jeune femme.
En demandant à Laduni de faire les présentations, celle-ci
laissait entendre à Thonolan qu’elle n’était pas n’importe qui et que ce
n’était pas son genre de discuter avec des inconnus, aussi beaux et excitants
soient-ils.
Thonolan leva les deux mains, paumes en l’air, pour la saluer et
lui lança à nouveau un regard admiratif. La jeune femme hésita un court
instant, comme si elle réfléchissait, puis elle tendit ses deux mains que
Thonolan s’empressa de serrer dans les siennes. Il l’attira vers lui.
— Filonia des Losadunaï, Thonolan des Zelandonii est honoré
que la Grande Terre Mère l’ait gratifié du Don de ta présence, dit-il avec un
sourire entendu.
Filonia rougit légèrement. L’allusion au Don que dispensait la
Grande Mère ne lui avait pas échappé même si la phrase prononcée par Thonolan
semblait aussi protocolaire que son geste. Le contact des mains de Thonolan la
troublait et dans ses yeux se lisait une discrète invite.
— Et maintenant, dis-moi où tu as appris le zelandonii,
demanda à nouveau Thonolan.
— Mon cousin et moi avons traversé le glacier durant notre
Voyage et nous avons vécu quelque temps dans une Caverne zelandonii. Laduni
nous avait déjà un peu appris à parler votre langue. Il parlait souvent zelandonii
avec nous pour ne pas l’oublier, car, presque tous les ans, il traverse le
glacier pour faire du troc.
— Il est rare qu’une femme fasse un aussi long et dangereux
Voyage, remarqua Thonolan qui n’avait toujours pas lâché les mains de Filonia.
Que se serait-il passé si Doni t’avait bénie ?
— Ce n’était pas si long que ça, dit-elle, toute fière de
l’admiration dont elle était l’objet. Si Doni m’avait bénie, je m’en serais
rendue compte très vite et j’aurais fait demi-tour.
— Peu d’hommes entreprennent un Voyage aussi long, insista
Thonolan.
Voyant son
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