La Vallée des chevaux
manège, Jondalar se tourna vers Laduni et lui dit en
souriant :
— Mon frère ne manque jamais d’accaparer la plus jolie
femme de l’assistance et il a vite fait de la tenir sous son charme.
— Filonia est encore jeune, dit Laduni en riant. Ce n’est
que l’an dernier qu’elle a été initiée aux Rites des Premiers Plaisirs. Mais
depuis, elle a eu suffisamment d’admirateurs pour que ça lui tourne la tête.
Ah... être à nouveau jeune ! Et recevoir pour la première fois le Don du
Plaisir de la Grande Mère ! Encore que je n’aie pas à me plaindre :
je suis très bien avec ma compagne et j’éprouve moins qu’avant le besoin de
nouvelles expériences. Nous avons emmené peu de femmes, ajouta-t-il en se
tournant vers Jondalar, car il ne s’agit que d’une partie de chasse. Mais je
pense que, parmi les élues de Duna, tu n’auras aucun mal à en trouver une qui
veuille partager le Don du Plaisir avec toi. Si aucune ne te plaît, ne
t’inquiète pas. Notre Caverne est grande et, lorsque nous avons des visiteurs,
nous en profitons pour organiser une fête en l’honneur de la Mère.
— Je doute que nous puissions t’accompagner jusqu’à ta
Caverne, Laduni. Nous ne sommes qu’au début de notre Voyage et, comme celui-ci
risque d’être long, Thonolan est impatient de continuer. Peut-être
pourrons-nous passer vous voir sur le chemin du retour, si tu nous expliques où
se trouve votre Caverne.
— Dommage ! J’aurais été heureux de vous accueillir.
Ces derniers temps, nous n’avons pas eu beaucoup de visites... Jusqu’où
comptez-vous aller ?
— Thonolan a l’intention de suivre la Grande Rivière
jusqu’à son embouchure. Mais au départ d’un Voyage, on imagine toujours qu’on
va aller très loin. Qui peut dire jusqu’où nous irons ?
— Je croyais que les Zelandonii vivaient près de la Grande
Eau. C’est là en tout cas qu’ils étaient installés lorsque j’ai fait mon
Voyage. J’ai marché longtemps en direction de l’ouest, puis j’ai obliqué au
sud. Mais tu m’as dit que vous veniez de partir.
— Je vais t’expliquer. Notre Caverne se trouve en effet à
quelques jours de marche de la Grande Eau. Mais, quand je suis né, Dalanar des Lanzadonii
était le compagnon de ma mère et dans sa Caverne, je suis comme chez moi. J’ai
vécu trois ans chez lui pendant que j’apprenais mon métier. Mon frère et moi,
nous avons donc séjourné chez les Lanzadonii. Notre Voyage a vraiment commencé
au moment où nous les avons quittés. Nous avons alors traversé le glacier, et
marché quelques jours avant de vous rencontrer.
— Dalanar ! Bien sûr ! Je me disais que tu me
rappelais quelqu’un que je connaissais. Tu dois être le fils de son esprit, car
tu lui ressembles. Et toi aussi tu es tailleur de silex. Si tu lui ressembles
aussi dans ce domaine, tu dois être excellent. Jamais je n’ai rencontré aussi
bon tailleur de silex. Je suis allé le voir l’an dernier pour chercher des
silex de la mine des Lanzadonii. Il n’y a pas de meilleures pierres que les
leurs.
Les gens s’approchaient du feu, leur bol à la main. En humant le
délicieux fumet du repas, Jondalar se rendit compte qu’il avait faim. Il
s’apprêtait à repousser son sac qui gênait le passage quand, soudain, il eut
une idée.
— J’ai emporté quelques silex lanzadonii avec moi, dit-il.
Au cas où nous abîmerions des outils en voyageant. Mais ces silex sont lourds
et je ne serais pas mécontent de me débarrasser d’une ou deux pierres. Je
serais heureux de te les offrir si cela te fait plaisir.
Les yeux de Laduni s’animèrent.
— Je les accepterai avec plaisir, mais à condition de
t’offrir quelque chose en retour. Je ne crache jamais sur une bonne affaire,
mais je ne voudrais pas escroquer le fils du foyer de Dalanar.
— Tu allégerais mon chargement et tu vas m’offrir un repas
chaud, répondit Jondalar en souriant.
— Ce n’est pas assez. Les pierres des Lanzadonii valent
plus que ça. Je me sens blessé dans mon orgueil.
Il y avait maintenant un certain nombre de gens autour d’eux et
quand Jondalar éclata de rire, tout le monde l’imita.
— Si tu le prends comme ça, Laduni, je ne vais pas te
faciliter les choses. Pour l’instant, je n’ai besoin de rien – je ne
cherche qu’à alléger mon chargement. Ce que tu me dois pour ces pierres, je te
le demanderai plus tard. Es-tu d’accord ?
— Là, c’est lui qui m’escroque !
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