La Vallée des chevaux
songea Jondalar en regardant Serenio. Les cheveux
de la jeune femme étaient encore humides et tout emmêlés et comme maintenant
elle avait chaud, elle avait repoussé la plupart des fourrures.
— Et toi, Serenio, que vas-tu faire ? demanda-t-il.
— Je t’aime, Jondalar, affirma à nouveau la jeune femme. Il
ne me sera pas facile de t’oublier. Mais tu m’as apporté une chose essentielle.
Quand je t’ai rencontré, j’avais perdu tant d’êtres aimés que je refusais tout
ce qui pouvait ressembler à l’amour. Je savais que j’allais te perdre, mais
cela ne m’a pas empêchée de t’aimer. Maintenant, je sais que je peux aimer à
nouveau. C’est toi qui me l’as appris. Et tu m’as peut-être donné plus encore,
ajouta-t-elle en souriant d’un air mystérieux. Dans quelque temps, un autre
être va entrer dans ma vie. Même s’il est encore un peu tôt pour le dire en
toute certitude, j’ai l’impression que la Mère m’a bénie. Je pensais que ce
n’était plus possible après le dernier enfant que j’ai perdu. Cela faisait des
années que je n’avais pas été bénie et ce sera peut-être un enfant de ton
esprit. Je le saurai si le bébé a des yeux bleus.
— Si c’est le cas, je reste, annonça Jondalar en fronçant
les sourcils. Pour m’occuper de toi et de l’enfant. Tu dois avoir un homme dans
ton foyer.
— Ne t’inquiète pas, Jondalar. Mudo a dit que toutes celles
qu’Elle bénissait devaient être secourues. C’est pourquoi elle a créé les
hommes, afin qu’ils apportent aux mères et à leurs enfants les Dons de la
Grande Terre Mère. La Caverne pourvoira à mes besoins, comme la Mère pourvoit
aux besoins de tous Ses enfants. Il faut que tu suives ta destinée, et moi, la
mienne. Je ne t’oublierai pas et si j’ai un enfant de ton esprit, je penserai à
toi, exactement comme j’ai conservé le souvenir de l’homme que j’aimais quand
Darvo est né.
Serenio avait changé, mais elle continuait à ne rien exiger de
lui. Quand Jondalar la prit dans ses bras, elle le regarda au fond des yeux.
Son regard ne dissimulait rien de ce qu’elle éprouvait : ni son amour pour
lui, ni la tristesse qu’elle éprouvait à l’idée de le perdre, ni sa joie d’être
enceinte.
Se frayant un chemin à travers une des fentes de l’abri, la pâle
lueur de l’aube annonçait un nouveau jour. Jondalar se leva.
— Où vas-tu ? demanda Serenio.
— J’ai bu trop d’infusion, répondit-il en souriant. Mais
garde le lit bien chaud. La nuit n’est pas finie. (Il se pencha vers elle et
l’embrassa avant d’ajouter d’une voix enrouée par l’émotion :) Tu comptes
plus à mes yeux que toutes les femmes que j’ai rencontrées jusqu’ici.
Et pourtant, ce n’était pas suffisant. Jondalar allait partir.
Si Serenio lui avait demandé de rester, il l’aurait fait. Mais elle ne le lui
demanda pas et, lorsqu’il revint, il lui offrit tout ce qu’il était en son
pouvoir de lui donner. La plupart des femmes s’en seraient largement
contentées.
18
— Mère m’a dit que tu voulais me voir.
Darvo était tendu et il regardait Jondalar d’un air méfiant.
Tous ces derniers jours, il l’avait évité. Jondalar pensait savoir pourquoi. Il
lui sourit d’un air tendu. Il hésitait à parler et cela ne faisait qu’accroître
la nervosité du jeune garçon qui n’avait aucune envie que ses craintes soient
confirmées. Jondalar n’avait pas plus envie que lui d’aborder le sujet.
Finalement, il alla chercher un vêtement rangé sur une étagère et le déplia
devant Darvo.
— Je pense que tu es assez grand maintenant pour porter ça,
Darvo, dit-il, et j’aimerais t’en faire cadeau.
Quand Darvo aperçut la tunique zelandonii, richement décorée,
ses yeux pétillèrent de plaisir. Mais, aussitôt après, son regard redevint
méfiant.
— Tu t’en vas, n’est-ce pas ? demanda-t-il sur un ton
accusateur.
— Thonolan est mon frère, Darvo...
— Et moi, je ne suis rien.
— C’est faux. J’ai beaucoup d’affection pour toi, et tu le
sais. Mais Thonolan souffre tellement qu’il ne sait plus ce qu’il fait. J’ai
peur qu’il fasse une bêtise. Je ne peux pas le laisser partir tout seul. Si ce
n’est pas moi qui l’accompagne, qui le fera ? Essaie de comprendre,
Darvo... Je n’ai aucune envie de repartir vers l’est.
— Est-ce que tu reviendras ?
Jondalar hésita un court instant avant de répondre.
— Je ne peux rien te
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