La Vallée des chevaux
ressemblaient... et qui te
ressemblaient aussi. Tout ce que je sais, c’est qu’ils faisaient partie des
Autres. Iza est la seule mère dont je me souvienne. C’est elle qui m’a transmis
le pouvoir magique de guérir et qui a fait de moi une guérisseuse. Mais elle
est morte maintenant. Et Creb aussi.
« Cela me fend le cœur de te parler d’Iza, de Creb et de
Durc... avoua-t-elle. (Elle s’arrêta un court instant pour respirer avant de
reprendre :) J’ai aussi été séparée de mon fils. Mais il est toujours
vivant. C’est tout ce qu’il me reste. Et maintenant le Lion des Cavernes t’a
envoyé. Je craignais que les Autres ressemblent à Broud, mais je trouve que tu
ressembles plutôt à Creb. Tu es gentil et patient comme lui. J’aimerais que tu
deviennes mon compagnon. Au début, j’ai pensé que c’était pour cela que tu m’avais
été envoyé. J’avais vécu seule tellement longtemps et comme tu étais le premier
représentant des Autres que je rencontrais, je désirais que tu deviennes mon
compagnon, simplement pour en avoir un. N’importe qui d’autre aurait fait
l’affaire...
« Mais maintenant ce n’est plus pareil. Plus je vis en ta
compagnie et plus je m’attache à toi. Je sais bien que les Autres ne sont pas
loin et que l’un d’eux pourrait être mon compagnon. Mais c’est toi que je veux.
Et j’ai peur que tu t’en ailles dès que tu iras mieux. J’ai peur de te perdre,
toi aussi. J’aimerais tellement pouvoir te dire à quel point je suis...
reconnaissante que tu sois ici, j’en suis tellement heureuse que parfois j’ai
du mal à le supporter. »
Ayla s’arrêta, incapable d’aller plus loin. Elle sentait
pourtant qu’elle n’avait pas terminé.
Ses pensées n’avaient pas été totalement incompréhensibles pour
l’homme qui la regardait. Les mouvements de ses mains – mais aussi de
son visage, de ses yeux et de son corps tout entier – étaient si
expressifs qu’ils l’avaient profondément remué. La manière dont Ayla
s’exprimait faisait penser à une danse silencieuse. Le plus étonnant, c’est que
les sons rauques qui accompagnaient ses mouvements gracieux s’accordaient
parfaitement avec eux. Ce que Jondalar avait perçu était purement affectif. Il
avait donc du mal à croire que ce qu’il ressentait puisse correspondre à ce
qu’elle venait de lui dire. Mais quand elle s’arrêta, il eut soudain conscience
qu’elle lui avait vraiment communiqué quelque chose. Il comprit aussi que le
langage d’Ayla n’était pas, comme il l’avait cru, un simple prolongement des
gestes qu’il lui arrivait de faire pour appuyer ce qu’il disait. C’était plutôt
le contraire : les sons qu’elle utilisait n’étaient là que pour appuyer ce
qu’elle exprimait avec son corps.
Quand elle s’arrêta, elle resta immobile un court instant d’un
air songeur, puis elle se laissa gracieusement glisser sur le sol à ses pieds
et inclina la tête. Jondalar attendit et, quand il vit qu’elle ne bougeait pas,
il commença à se sentir mal à l’aise. Il avait l’impression qu’elle attendait
quelque chose de lui et qu’elle lui rendait hommage. Il était normal d’adopter
une attitude aussi respectueuse vis-à-vis de la Mère. Mais elle était connue
pour être jalouse et Elle n’apprécierait certainement pas qu’un de Ses enfants
reçoive l’hommage qui n’était dû qu’à Elle.
Finalement, Jondalar se baissa et toucha le bras d’Ayla.
— Lève-toi, lui dit-il. Que fais-tu ?
Même si le geste de Jondalar ne correspondait pas exactement à
la tape sur l’épaule des hommes du Clan, il se rapprochait du signal utilisé
pour indiquer à une femme qu’elle avait le droit de parler. Ayla releva la tête
et regarda l’homme assis au-dessus d’elle.
— La femme assise veut parler, dit-elle. Ayla veut parler
Jondalar.
— Tu n’as pas besoin de t’asseoir par terre pour me parler,
répondit-il en s’avançant pour la relever. Si tu veux parler, parle tout
simplement. Ayla ne voulait pas bouger.
— Dans le Clan, faire comme ça, dit-elle en lui lançant un
regard suppliant dans l’espoir qu’il comprenne. Ayla veut dire...
continua-t-elle, incapable de retenir ses larmes tellement elle se sentait
frustrée. Ayla pas bien parler. Ayla veut dire : Jondalar donner Ayla
parler. Pour ça, Ayla veut dire...
— Es-tu en train de me dire merci ?
— Merci ? Pas comprendre.
— Tu m’as sauvé la vie. Tu as pris
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