La Vallée des chevaux
comme elle est, quel dommage qu’elle ait renoncé
aux Plaisirs ! Il n’empêche qu’il faudra que tu respectes son choix.
Le poulain était en train de se frotter contre Jondalar. Il
avait commencé à perdre son pelage de nouveau-né et il savait que Jondalar
avait le chic pour le gratter aux endroits qui le démangeaient. Cette
occupation lui faisait au moins autant plaisir qu’au poulain. Jusqu’à ce qu’il
rencontre Ayla, il avait toujours considéré les chevaux comme des animaux que
l’on chassait pour se nourrir. Jamais il n’aurait pensé qu’ils pouvaient aussi
être des compagnons pour l’homme et répondre avec plaisir à ses caresses.
Ayla était tout heureuse de voir le lien qui était en train de
se créer entre Jondalar et le poulain. Repensant soudain à l’idée qu’elle avait
eue quelques jours plus tôt, elle lui proposa :
— Jondalar donner un nom au poulain ?
— Tu voudrais que je lui donne un nom ? C’est une
bonne idée. Mais je ne sais pas si j’en serais capable. Je n’ai jamais donné de
nom à qui que ce soit. Comment fait-on pour donner un nom à un cheval ?
Ayla n’était pas étonnée de sa réaction. Elle aussi, il lui
avait fallu du temps pour se faire à l’idée qu’un cheval puisse avoir un nom.
Les noms étaient chargés de signification et ils permettaient d’identifier les
êtres. A compter du jour où Ayla lui avait donné un nom, Whinney était devenu
un individu unique en son genre, distinct de ses congénères, ce qui n’allait
pas sans conséquences. La jument n’était plus simplement un animal sauvage qui
parcourait les steppes à l’intérieur d’une horde. Elle fréquentait des êtres
humains, leur faisait confiance et dépendait d’eux pour sa sécurité. Au sein de
son espèce, Whinney était unique en son genre. Elle portait un nom.
Mais cela impliquait des obligations pour Ayla : des
efforts considérables pour assurer le bien-être de Whinney et des soucis. Il ne
se passait pas un jour sans qu’elle pense à l’animal dont elle avait la charge.
Leurs deux vies étaient liées d’une manière inextricable.
En demandant à Jondalar de donner un nom au petit de Whinney,
elle espérait que la même chose se reproduirait entre lui et le poulain. Il n’y
avait là aucun calcul de sa part. Elle désirait simplement que Jondalar ne la
quitte pas. S’il s’attachait au poulain, il aurait une raison supplémentaire de
rester afin de s’occuper de son protégé. Et du même coup, il resterait dans la
vallée avec elle et Whinney.
Mais inutile de le brusquer : tant que sa jambe ne serait
pas guérie, il ne s’en irait pas. Il faudrait encore pas mal de temps avant
qu’il puisse quitter la vallée.
Ayla se réveilla en sursaut. Il faisait noir à l’intérieur de la
caverne. Elle se mit sur le dos et essaya de percer les ténèbres environnantes.
Incapable de se rendormir, elle quitta sa couche – une fosse peu
profonde qu’elle avait creusée à côté de celle où dormait Jondalar. Au moment
où elle passait près de Whinney, la jument souffla pour lui montrer qu’elle
l’avait reconnue.
J’ai encore laissé le feu s’éteindre, se dit-elle en tâtonnant
le long de la paroi pour trouver son chemin. Jondalar a moins l’habitude que
moi de cette caverne. S’il a besoin de se lever en pleine nuit, il lui faudrait
un peu de lumière.
Lorsqu’elle se retrouva sur la corniche, elle décida de rester
un peu dehors et regarda le quartier de lune qui était en train de se coucher à
l’ouest. La lune avait presque atteint le haut de la falaise de l’autre côté de
la rivière et elle n’allait pas tarder à disparaître derrière. La nuit était
bien avancée et on ne devait plus être très loin de l’aube. Au-dessous, tout
était sombre et on apercevait d’autant mieux le reflet argenté des étoiles dans
la rivière qui murmurait entre ses berges.
Le noir du ciel commença à évoluer imperceptiblement vers le
bleu foncé. L’éclat de la lune faiblit jusqu’à ce que celle-ci disparaisse
complètement derrière le sommet de la falaise. Ayla frissonna en voyant la
dernière lueur s’éteindre comme si on venait de souffler une mèche.
Petit à petit, le ciel s’éclaircit, les étoiles s’estompèrent et
finirent par disparaître à leur tour, absorbées par le bleu lumineux du ciel.
Tout au bout de la vallée, l’horizon avait pris une teinte pourpre.
— J’ai l’impression qu’il y a un feu de
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