La Vallée des chevaux
Charoli qui a eu cette
brillante idée. C’est tout à fait son genre.
— Quelle idée ? demanda Jondalar.
— Ils ont obligé les femelles à... commença Laduni.
(Incapable de continuer, il se leva d’un bond, fou de rage.) C’est une
abomination ! s’écria-t-il. Ils déshonorent la Mère ! Ils abusent de
Son Don ! Ils se conduisent comme des animaux ! Pire que les
animaux ! Pire que les Têtes Plates !
— Tu veux dire qu’ils prennent leur Plaisir avec des
femelles Têtes Plates ? demanda Thonolan. Qu’ils les violent ?
— Non seulement ils le font, mais ils s’en vantent !
intervint Filonia. Jamais je ne me laisserai approcher par un homme qui a pris
son Plaisir avec une Tête Plate !
— Filonia ! Je ne veux pas entendre ces mots-là de ta
bouche ! Tu n’as pas à en parler ! dit-il, le visage figé par la
colère.
— Bien, Laduni, fit Filonia, toute honteuse, en baissant la
tête.
— Je me demande ce qu’ils en pensent, dit Jondalar. A mon
avis, c’est ce qui a poussé le jeune à m’attaquer. Je suppose qu’ils étaient
furieux. J’ai entendu dire qu’ils étaient peut-être humains – et si
c’est le cas...
— Moi aussi, j’ai déjà entendu ça ! dit Laduni en
essayant de retrouver son calme. Mais ne va pas croire des bêtises
pareilles !
— Le chef de la bande avec laquelle nous nous sommes
retrouvés nez à nez avait l’air débrouillard et ils marchent sur leurs deux
jambes, exactement comme nous.
— Les ours aussi marchent sur leurs pattes de derrière
parfois. Les Têtes Plates sont des animaux ! Des animaux intelligents mais
des animaux ! (Conscient du malaise du groupe, Laduni ajouta d’une voix
plus calme :) Les Têtes Plates sont inoffensifs, sauf quand on les embête.
Je ne pense pas que le jeune qui vous a attaqués ait agi ainsi à cause des
femelles. A mon avis, ils ne savent pas à quel point l’attitude de Charoli et
de sa bande déshonore la Mère. On les harcèle et ils se défendent. Exactement
comme les animaux : quand on les embête trop, ils finissent par vous
attaquer.
— J’ai l’impression, dit Thonolan, que la bande de Charoli
ne nous simplifie pas les choses. Nous avions l’intention de passer sur l’autre
rive avant que le cours d’eau que nous suivons devienne la Grande Rivière Mère.
Car, plus nous avancerons, plus il sera difficile de traverser.
Laduni sourit. Maintenant qu’ils avaient changé de sujet, il
avait oublié sa colère.
— La Grande Rivière Mère a de nombreux affluents, Thonolan,
expliqua-t-il, et la plupart sont de larges cours d’eau qu’il vous faudra bien
traverser si vous comptez suivre la Rivière jusqu’à son embouchure. Si je peux
me permettre un conseil : restez sur cette rive jusqu’à ce que vous
arriviez à un grand tourbillon. A cet endroit, la Rivière coule dans une région
plate et elle se sépare en plusieurs bras ; vous aurez alors beaucoup
moins de mal. Par ailleurs, il fera plus chaud. Si vous voulez rendre visite
aux S’Armunaï, dirigez-vous vers le nord après avoir traversé.
— Où se trouve le tourbillon ? demanda Jondalar.
— Je vais vous faire une carte, proposa Laduni en sortant
son couteau. Passe-moi un morceau d’écorce, Lanalia. Il est possible qu’en
chemin d’autres puissent ajouter de nouveaux repères sur cette écorce. En
comptant le temps qu’il vous faut pour atteindre l’autre rive et pour chasser,
ce devrait être l’été quand vous arriverez à l’endroit où le fleuve bifurque
vers le sud.
— L’été, répéta Jondalar d’un air rêveur. J’en ai assez de
la glace et de la neige. Je ne sais pas si je pourrai tenir jusqu’à l’été. J’ai
besoin de chaleur.
Lanalia rapprocha à nouveau sa jambe de la sienne. Il posa sa
main sur sa cuisse et, cette fois-ci, l’y laissa.
3
Quand Ayla amorça sa descente le long de la paroi rocheuse et
escarpée qui surplombait la rivière, les premières étoiles apparaissaient dans
le ciel du soir. Dès qu’elle eut franchi le bord du ravin, le vent tomba
brusquement et elle s’arrêta un court instant pour savourer l’accalmie. Mais la
paroi interceptait aussi les dernières lueurs du jour. Et lorsqu’elle parvint
au fond, les buissons qui bordaient la rivière n’étaient plus qu’un amas confus
se découpant sur le ciel parsemé de myriades d’étoiles.
Après s’être arrêtée au bord du cours d’eau pour boire, elle se
dirigea vers la paroi, là où
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