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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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temps
avant, elle avait raté un lynx et pris conscience de sa vulnérabilité :
une seule pierre ne suffisait pas toujours à tuer un animal. Mais il avait fallu
qu’elle s’entraîne énormément pour réussir à positionner la seconde pierre
pendant le mouvement de descente du premier lancer. Grâce à cette technique,
elle pouvait lancer deux projectiles à intervalles très rapprochés.
    Sur le chemin du retour, elle cassa une branche d’arbre dont
elle appointa l’une des extrémités à l’aide d’un outil de silex dont la face
coupante portait une encoche triangulaire. Elle utilisa ce bâton à fouir pour
déterrer les carottes sauvages remarquées un peu plus tôt. Elle fourra les carottes
dans un repli de son vêtement, cassa encore deux branches, fourchues celles-là,
et regagna la plage. Là, elle déposa le lièvre et les carottes à côté de son
panier et retira de celui-ci sa drille à feu et sa sole en bois. Elle retourna
alors près de la saillie rocheuse et, après avoir soulevé quelques troncs, fit
provision de bois flottés bien secs auxquels elle ajouta des branches mortes
ramassées au pied des arbres. Utilisant à nouveau l’outil qui avait servi à
appointer le bâton à fouir, elle racla un morceau de bois sec pour en détacher
des copeaux d’écorce. Ensuite elle retira l’écorce velue de quelques tiges
sèches d’armoise et la bourre que contenaient des cosses d’onagraire.
    Quand elle eut trouvé un endroit où elle pouvait s’asseoir à
l’aise, elle tria le bois qu’elle avait ramassé – bois d’allumage,
bois flotté et grosses bûches – et le disposa autour d’elle. Elle
prit sa sole, taillée dans une tige de clématite, et sa drille à feu, une tige
de massette de l’année précédente. A l’aide d’un perçoir en silex, elle fit une
entaille sur un des côtés de la sole et y inséra la tige de massette afin de
vérifier que la cavité avait bien la taille voulue. Elle disposa alors la
bourre d’onagraire sous l’entaille qu’elle venait de pratiquer, ajouta les écorces
tout autour et bloqua le tout avec son pied. Elle inséra à nouveau la tige de
massette dans la cavité et prit une profonde inspiration. Faire du feu exigeait
une grande concentration.
    Plaçant le haut de la drille entre ses deux paumes, elle
commença à la faire tourner tout en exerçant une pression vers le bas. Au fur
et à mesure qu’elle la faisait tourner, ses mains descendaient tout en bas de
la tige, presque jusqu’à toucher la sole. Si elle n’avait pas été seule, au
moment où ses mains se seraient retrouvées en bas, quelqu’un d’autre aurait
placé ses paumes en haut de la drille et continué à la faire tourner. Comme
elle ne pouvait pas compter sur l’aide de qui que ce soit, chaque fois qu’elle
arrivait en bas de la drille, elle était obligée de replacer le plus vite
possible ses mains en haut pour ne pas interrompre le mouvement de rotation et
exercer une pression constante sur la sole. Dans le cas contraire, la chaleur
dégagée par le frottement ne manquerait pas de se dissiper et n’atteindrait
jamais le degré suffisant pour que le bois s’embrase.
    Prise par le rythme, Ayla ne se rendait pas compte que la sueur
ruisselait sur son front. Grâce au mouvement continu, la cavité était en train
de se creuser et la sciure de bois tendre s’accumulait. Elle avait mal aux bras
mais, quand elle sentit une odeur de bois brûlé et qu’elle vit que l’entaille
noircissait puis qu’elle laissait échapper un mince ruban de fumée, cela
l’encouragea à continuer. Pour finir, un petit charbon de bois incandescent se
détacha de la sole et tomba dans les écorces et la bourre qui se trouvaient en
dessous. Tout dépendait maintenant du prochain stade : si le charbon de
bois s’éteignait, elle serait obligée de tout recommencer depuis le début.
    Elle se pencha, le visage si près de la sole qu’elle sentait la
chaleur dégagée par le bois incandescent, et commença à souffler sur celui-ci.
Chaque fois qu’elle soufflait, le charbon de bois devenait plus brillant, et
quand elle reprenait son souffle, il diminuait comme s’il allait s’éteindre. Elle
approcha quelques copeaux de la braise : ils s’enflammèrent immédiatement,
puis noircirent aussi vite. Et soudain, il y eut une flamme minuscule. Elle
souffla de plus belle, approcha d’autres copeaux et quand ceux-ci formèrent un
petit tas rougeoyant, elle ajouta du bois

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