La Vallée des chevaux
l’animal
ne pouvait pas avoir escaladé la paroi, il devait exister un autre accès du
côté des steppes. Quoi qu’il en soit, cette cavité ne présentait aucun intérêt
pour elle.
Elle venait de faire demi-tour et s’apprêtait à descendre quand
soudain elle s’immobilisa. D’où elle était, elle apercevait de l’autre côté de
la rivière le haut de la saillie rocheuse qu’elle avait contournée dans la
matinée. Le surplomb formait une large corniche au fond de laquelle il y avait
une autre cavité qui semblait plus profonde que celle qu’elle venait
d’explorer. D’en bas, il semblait possible d’y accéder. Son cœur se mit à
battre plus vite. S’il s’agissait bien cette fois d’une caverne, elle avait
trouvé un endroit où passer la nuit. Elle était tellement pressée de s’en
assurer qu’arrivée à mi-parcours, elle plongea dans la rivière.
J’ai dû passer devant hier soir sans la voir, se dit-elle au
moment où elle atteignait la rive. Il faisait trop sombre. Se souvenant qu’une
caverne inconnue devait toujours être approchée avec prudence, elle alla
chercher sa fronde et quelques projectiles.
Lorsque Ayla atteignit la corniche, elle arma sa fronde et
avança avec précaution. Tous ses sens étaient en alerte. Elle tendait
l’oreille, à l’affût d’un bruit de respiration ou du moindre piétinement,
regardait autour d’elle au cas où des traces trahiraient une occupation
récente, humait l’air pour tenter d’y détecter l’odeur facilement
reconnaissable des carnivores, celle des excréments frais ou de la viande en
décomposition, essayait de déterminer si l’intérieur de la grotte ne dégageait
aucune chaleur et faisait avant tout confiance à son intuition. Elle s’approcha
sans bruit de l’entrée et risqua un coup d’œil à l’intérieur. La grotte était
vide.
L’ouverture, orientée au sud-ouest, était relativement petite.
En levant le bras, Ayla pouvait toucher la voûte. Le sol commençait par
descendre en pente douce, puis se nivelait. Inégal et rocheux à l’origine, il
était maintenant recouvert d’une couche de terre sèche et compacte, formée de
lœss apporté par le vent et de débris abandonnés par les animaux qui avaient
occupé la caverne à différentes époques.
Certaine qu’elle n’avait pas été habitée récemment, Ayla y
pénétra. A l’intérieur, il faisait beaucoup plus froid que sur la corniche
ensoleillée et elle attendit pour avancer que ses yeux se soient habitués à
l’obscurité. Elle avait pensé qu’il ferait beaucoup plus sombre. Mais il y
avait juste au-dessus de l’entrée un trou qui laissait entrer la lumière. Elle
se dit que cette ouverture serait bien pratique si elle s’installait pour
quelques jours dans la caverne : la fumée dégagée par le feu pourrait
s’échapper par là.
La caverne était de taille moyenne et avait en gros la forme
d’un triangle. A partir de l’entrée – le sommet du triangle – les
parois partaient en diagonale, jusqu’à la paroi du fond à peu près droite. La
paroi située à l’est étant plus longue que l’autre, l’angle qu’elle formait
avec le mur du fond était l’endroit le plus sombre de la caverne. C’est donc
celui-là qu’Ayla choisit d’explorer en premier.
Longeant la paroi est, elle s’assura que celle-ci n’avait ni brèche
ni passage pouvant communiquer avec d’autres salles. En arrivant au fond, elle
s’aperçut qu’à cet endroit le sol était couvert de blocs de rocher détachés de
la paroi. Elle grimpa sur les rochers, tâta la paroi, découvrit une saillie et,
un peu en retrait, une cavité.
Dans un premier temps, elle songea qu’il serait plus prudent
d’aller chercher une torche. Puis elle se dit qu’elle n’avait ni vu, ni
entendu, ni senti aucun signe de vie et qu’elle ne risquait donc pas
grand-chose à explorer cette cavité. Tenant fermement sa fronde dans une main,
elle se hissa sur la saillie.
L’ouverture n’était pas très haute et elle dut se baisser pour y
pénétrer. Elle s’aperçut aussitôt que ce n’était qu’un simple renfoncement dans
la paroi. Au fond s’empilaient des os. Ayla en prit un et revint dans la
caverne. Elle inspecta attentivement la paroi du fond et la paroi ouest et,
satisfaite, se dirigea à nouveau vers l’entrée. La caverne lui plaisait :
elle ne comportait qu’une seule salle, n’avait qu’une entrée et aucune galerie,
si bien qu’elle s’y sentait
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