La Vallée des chevaux
tenait
les extrémités de la fronde ainsi que la pointe de sagaie. Elle ne réussit pas
à équilibrer correctement son arme – le projectile était trop long
pour qu’elle puisse contrôler sa trajectoire et le lancer avec toute la force
voulue – mais elle réussit malgré tout à projeter la sagaie à une
certaine distance.
— Il faudrait que la fronde soit plus longue ou la sagaie
plus courte, intervint Jondalar en essayant d’imaginer quelque chose qu’il
n’avait encore jamais vu. En plus, cette fronde est trop souple. Il faudrait
pouvoir appuyer la sagaie sur quelque chose. Quelque chose de solide... en bois
ou en os... avec une butée à l’arrière pour que la sagaie ne glisse pas. Je
crois que ça pourrait marcher, Ayla ! Je crois que je pourrai faire un...
propulseur de sagaie.
Ayla observait Jondalar tandis qu’il travaillait sur son projet.
Elle était au moins aussi fascinée par ce qu’il était en train de faire que par
le fait qu’on puisse exécuter quelque chose à partir d’une idée. Ayant été
élevée par des gens incapables d’innover, elle ne se rendait pas compte que
lorsqu’elle avait inventé de nouvelles techniques de chasse ou le travois, elle
avait fait appel à la même faculté créative.
Jondalar utilisait des matériaux qui convenaient à ses besoins
et il adaptait ses outils en fonction de ses nouvelles exigences. Il demandait
son avis à Ayla car elle avait une grande expérience du lancement d’un
projectile. Mais il devint très vite évident que même si c’était la fronde
d’Ayla qui lui en avait donné l’idée, le système qu’il était en train
d’inventer était nouveau et unique en son genre.
Dès que les principes de base du propulseur furent bien établis,
Jondalar consacra son temps à certaines modifications capables d’améliorer les
performances de la sagaie. Souriant de plaisir à l’idée de ce qui allait
suivre, il avertit Ayla que lorsqu’il aurait fabriqué deux prototypes, ils
s’entraîneraient tous les deux.
Jondalar n’ayant plus besoin d’elle, elle en profita pour
s’occuper des vêtements qu’elle comptait lui offrir. Sa tâche n’avait pas
beaucoup avancé car elle n’y travaillait que le matin avant qu’il se réveille
ou la nuit quand il dormait.
Maintenant qu’il était absorbé par les finitions et qu’il
travaillait sur la plage ou faisait des essais dans le pré, elle pouvait
s’installer sur la corniche. Elle étudia à la lumière du jour l’assemblage des
différents morceaux de peau et trouva le procédé si intéressant qu’elle se dit
qu’elle allait aussi fabriquer le même genre de vêtements pour elle. Elle
n’essaya pas de reproduire le motif en perles qui ornait la tunique mais elle
l’étudia avec soin en se disant que quand l’hiver serait là elle pourrait se
lancer dans ce genre d’entreprise.
Tout en travaillant, elle observait Jondalar et chaque fois que
celui-ci remontait de la plage, elle cachait son travail en cours pour qu’il ne
s’aperçoive de rien.
Le jour où il arriva en courant, brandissant les deux
propulseurs de sagaie qu’il venait de terminer, elle eut tout juste le temps de
glisser son ouvrage sous une pile de peaux. De toute façon, Jondalar était
tellement content d’avoir réussi qu’il ne s’aperçut de rien.
— Qu’en dis-tu, Ayla ! Crois-tu que ça va
marcher ?
Ayla prit un des propulseurs pour le regarder. C’était un
dispositif simple mais très ingénieux. Un support en bois plat et étroit, long
comme la moitié de la sagaie, avec une rainure centrale pour y poser la sagaie
et, à l’arrière, une butée en forme de crochet taillée dans le bois. A l’avant
du propulseur, Jondalar avait attaché de chaque côté deux boucles en cuir pour
qu’on puisse y passer les doigts.
On commençait par placer le propulseur en position horizontale,
un doigt passé dans chaque boucle afin de tenir à la fois le propulseur et la
sagaie, cette dernière étant plaquée au fond de la rainure et bloquée par la
butée arrière. Au moment du lancer, le fait que l’on tienne l’avant de l’engin
par ces boucles faisait remonter brusquement l’arrière et avait pour effet
d’accroître la longueur du bras qui lançait. Ce mouvement de levier augmentait
la force et la vitesse de la sagaie.
— Je pense en effet que le moment est venu de s’entraîner,
Jondalar.
Ayla et Jondalar passaient leurs journées à s’entraîner.
Comme leur
Weitere Kostenlose Bücher