La Vallée des chevaux
les braises et ajouta quelques
bouts de bois. Puis il ressortit sur la corniche. Comme le poulain approchait
son museau de sa main, il le caressa distraitement. Le poil de Rapide était en
train de s’épaissir : l’hiver n’allait pas tarder.
Jondalar essaya de penser à autre chose. Les chaudes journées
d’été se ressemblaient tellement qu’on avait l’impression que la belle saison
durerait toujours. Il était facile de ne prendre aucune décision. Il serait
toujours temps de penser à la saison froide... d’envisager le départ.
— Je ne suis pas comme toi, Rapide, déclara Jondalar. Je
n’ai pas de pelage d’hiver, moi. Il va falloir que je me confectionne des
vêtements d’ici peu. J’ai donné mon perçoir à Ayla et je n’en ai pas fabriqué
d’autre. Je n’ai qu’à tailler quelques outils en l’attendant. Il faut aussi que
je trouve un moyen de te garder à l’écart demain.
Jondalar regagna la caverne. Il était en train de fouiller dans
les réserves d’Ayla pour voir s’il ne trouvait pas une longue lanière en cuir
ou une corde solide quand il tomba sur les peaux qu’elle avait rangées à cet
endroit, roulées les unes dans les autres. Elle sait apprêter les peaux, se
dit-il en remarquant à quel point elles étaient souples et douces au toucher.
Peut-être qu’elle me laisserait en utiliser quelques-unes...
Si ces propulseurs de sagaie marchent, je n’aurai pas besoin de
lui demander quoi que ce soit. Je ramènerai suffisamment de peaux pour me faire
des vêtements. Peut-être pourrais-je graver un porte-bonheur sur les
propulseurs. Cela ne peut pas faire de mal. Tiens, voilà un rouleau de lanières
de cuir ! Je devrais pouvoir m’en servir pour Rapide. Ce poulain mérite
bien son nom. Qu’est-ce que ce sera quand il sera devenu un étalon !
Est-ce qu’un étalon laisserait quelqu’un monter sur son dos ? Est-ce que
j’arriverais à le conduire où je veux aller ?
Tu ne le sauras jamais, Jondalar, se rappela-t-il à lui-même.
Quand Rapide sera devenu un étalon, tu seras parti.
Jondalar prit les lanières en cuir, saisit au passage la peau
qui contenait ses outils de tailleur de silex et descendit vers la rivière.
Arrivé là, comme il avait chaud et qu’il transpirait, il enleva la bande de
peau qui lui ceignait les reins, plongea dans l’eau et se mit à nager en
remontant la rivière. D’habitude, il s’arrêtait à l’entrée des gorges. Mais
cette fois-ci il poussa plus loin, dépassa les premiers rapides et après le
dernier coude, aperçut soudain une cascade aux eaux rugissantes. Il fit alors
demi-tour pour rentrer.
Le bain lui avait fait du bien et ce changement dans ses
habitudes le poussa à continuer dans la même voie : il décida de se
tailler la barbe. Je vais commencer par ma barbe, se dit-il. Puis j’essaierai
de trouver un système pour retenir Rapide. Je ne veux pas simplement lui
attacher une corde autour du cou. Il faut trouver mieux. Ensuite, je
fabriquerai un perçoir et un ou deux burins pour pouvoir graver un
porte-bonheur sur les propulseurs. J’ai bien envie aussi de préparer le repas
de ce soir. Ce ne sera peut-être pas aussi bon que la cuisine d’Ayla, mais je
devrais pouvoir m’en sortir. Doni sait combien de fois j’ai préparé à manger en
Voyage.
Qu’est-ce que je pourrais bien graver sur les propulseurs ?
Si j’avais encore ma donii, cela suffirait à nous porter chance, mais je l’ai
donnée à Noria. Je me demande si elle a eu un bébé avec des yeux bleus ?
Ayla pense que ce sont les hommes qui mettent en train les enfants. Quelle
drôle d’idée elle a là ! Et quelle vie elle a eu ! Elle en a vu de
toutes les couleurs. C’est vraiment une femme exceptionnelle. Et de première
force à la fronde. Elle se débrouille pas mal aussi avec le propulseur. Sur le
sien, j’ai bien envie de graver un bison. Est-ce qu’ils vont marcher ? Je
regrette de ne plus avoir de donii. Et si j’en sculptais une...
Quand le ciel s’assombrit, Jondalar, qui était remonté sur la
corniche, commença à regarder en direction de la vallée pour guetter l’arrivée
d’Ayla. Lorsque la vallée ne fut plus qu’un immense trou noir, il alluma un feu
sur la corniche pour qu’elle puisse retrouver son chemin. A un moment donné, il
crut entendre un bruit de sabots et saisissant une branche enflammée, il
descendit vers la rivière. Il avait atteint la saillie rocheuse et s’apprêtait
à la contourner quand il
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