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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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dans l’espoir de s’arrêter. Jamais elle ne
pourrait supporter de découvrir à nouveau au fond de ses yeux qu’elle était un
monstre.
    Bien qu’elle eût les yeux fermés, elle savait que Jondalar se
trouvait maintenant en face d’elle et elle retînt sa respiration.
    — Ayla ? dit-il en voyant qu’elle tremblait malgré la
fourrure et la chaleur du feu. Comme je savais que tu risquais de rentrer tard,
j’ai préparé quelque chose à manger. Veux-tu y goûter ? Ou es-tu trop
fatiguée ?
    Avait-elle bien entendu ? Elle ouvrit lentement les yeux.
Jondalar posa le plat en face d’elle. Puis il alla chercher une natte et
s’assit à son côté. Il avait fait rôtir un lièvre et cuire des tubercules dans
le bouillon de viande séchée qu’il venait de lui servir. Il y avait même
quelques myrtilles.
    — Tu as... cuisiné ça... pour moi ? demanda Ayla d’une
voix incrédule.
    — Je sais que ce n’est pas aussi bon que ce que tu fais
d’habitude, mais je pense que ça ira. Je suis parti chasser avec ma sagaie car
je ne voulais pas utiliser le propulseur avant demain, de peur que ça nous
porte malheur. Allez, mange, ajouta-t-il.
    N’ayant pas de souvenirs pour ça, les hommes du Clan étaient
incapables de cuisiner. Jondalar n’était pas comme eux : il pouvait
accomplir toutes sortes de tâches. Néanmoins, jamais Ayla n’aurait pensé qu’il
puisse cuisiner alors qu’il y avait une femme pour le faire à sa place. Non
seulement il en était capable et il l’avait fait mais, plus important encore à
ses yeux, il avait eu l’idée de le faire. Quand Ayla vivait au sein du Clan, le
fait qu’elle eût le droit de chasser ne l’avait pas pour autant dispensée de
ses tâches habituelles. Elle était stupéfaite et profondément touchée par l’attention
de Jondalar. Elle se rendait compte que ses craintes étaient sans fondement et
elle ne savait plus trop quoi dire.
    — C’est bon ? demanda Jondalar en la voyant mordre
dans une cuisse.
    — Merveilleux, répondit-elle, la bouche pleine.
    Le lièvre était parfait. Mais eût-il été brûlé qu’elle l’aurait
malgré tout trouvé délicieux. Elle sentait qu’elle allait pleurer. Jondalar
était en train de sortir du bouillon une louche pleine de longues et fines
racines. Ayla en prit une et la goûta.
    — Ce sont des racines de trèfle, non ? C’est très bon.
    — Oui, répondit Jondalar, tout fier de lui. Elles sont
encore meilleures quand on les fait mariner dans l’huile. Chez nous, les femmes
préparent ce genre de plat pour les hommes à l’occasion des fêtes car elles
savent que c’est leur mets préféré. J’ai aperçu du trèfle en amont de la
rivière et j’ai pensé que cela te ferait plaisir.
    La surprise d’Ayla le récompensait largement de sa peine. Quelle
bonne idée d’avoir préparé ce repas ! se dit-il.
    — C’est tout un travail que de déterrer ces racines,
dit-elle. Elles sont si fines qu’il en faut beaucoup pour faire un plat. Je ne
savais pas que c’était aussi bon. C’est la première fois que j’en mange.
J’utilisais ces racines uniquement comme remède, mélangées à d’autres plantes pour
préparer un reconstituant au printemps.
    — Nous aussi, habituellement, nous les mangeons au
printemps. C’est une des premières nourritures fraîches.
    En entendant un bruit de sabots sur la corniche, ils tournèrent
tous deux la tête au moment où Whinney et son poulain pénétraient dans la
caverne. Ayla se leva pour s’occuper d’eux. Chaque soir, les deux chevaux
avaient droit au même rituel : des caresses, de l’affection, du foin
frais, des grains et de l’eau. Après une longue chevauchée, Ayla les bouchonnait
avec une bande de peau absorbante et les étrillait avec une cardère. Elle
s’aperçut que l’eau, le foin frais et les grains étaient déjà tout prêts.
    — Tu as aussi pensé aux chevaux, dit-elle en se rasseyant
en face de Jondalar et en prenant une poignée de myrtilles.
    — Je n’avais pas grand-chose d’autre à faire, dit-il avec
un sourire. Tiens, au fait, il faut que je te montre quelque chose. (Il se leva
pour aller chercher les deux propulseurs.) J’espère que tu n’y vois pas
d’inconvénient, dit-il en lui tendant un des deux propulseurs. C’est pour nous
porter chance.
    — Jondalar ! s’écria Ayla qui osait à peine y toucher.
C’est toi qui as fait ça ! (Sa voix exprimait une crainte
respectueuse : elle avait déjà

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