La Vallée des chevaux
le regardait dans les yeux. Elle aurait été incapable
de détourner la tête et n’en avait aucune envie. Il se pencha vers elle et posa
ses lèvres sur les siennes.
Ayla écarquilla les yeux. Elle ne s’attendait vraiment pas à ça.
Elle en éprouva un véritable choc et resta sans bouger, ne sachant pas comment
répondre à la pression des lèvres de Jondalar sur les siennes.
Il finit par comprendre et n’insista pas. Ce serait pour plus
tard.
— Qu’est-ce que c’est que cette bouche sur la bouche ?
demanda-t-elle.
— C’est un baiser, Ayla. C’est la première fois qu’on
t’embrasse, n’est-ce pas ? J’aurais dû m’en douter. Mais quand on te voit,
il est difficile d’imaginer que... Quel idiot je fais parfois !
— Pourquoi dis-tu ça ? Tu n’es pas idiot.
— Si ! Jamais je n’aurais pensé que j’étais idiot à ce
point. Mais passons... Il faut que nous trouvions un moyen de ramener ces deux
bisons car je sens que si je reste encore longtemps près de toi, je serai
incapable de faire les choses correctement. Comme elles doivent être faites la
première fois...
— De quoi parles-tu ?
— Des Premiers Rites, Ayla. Si tu m’y autorises...
28
— Je ne pense pas que Whinney aurait pu les ramener si nous
n’avions pas laissé les têtes sur place. C’était une bonne idée. (Ayla aida
Jondalar à sortir du travois la dépouille du jeune bison et à la placer sur la
corniche.) Que de viande ! Cela va nous prendre du temps de découper tout
ça. Nous avons intérêt à nous y mettre tout de suite.
— Ça peut attendre, Ayla, dit Jondalar en lui souriant. Je
crois que tes Premiers Rites passent avant. Je vais t’aider à débarrasser
Whinney de son harnachement, puis j’irai me baigner. Je suis tout en sueur et
couvert de sang.
— Jondalar... commença Ayla d’une voix hésitante. (Elle
était émue et intimidée.) Ces Premiers Rites, est-ce que c’est une
cérémonie ?
— Oui, répondit-il.
— Iza m’a appris à me préparer pour les cérémonies. Pour celle-là,
y a-t-il quelque chose de spécial de prévu ?
— D’habitude les femmes plus âgées aident la jeune femme à
se préparer. Je ne sais pas ce qu’elles lui disent ou ce qu’elles font. Tu n’as
qu’à faire ce que tu juges le mieux approprié.
— Je vais aller chercher de la saponaire pour me purifier
comme Iza m’a appris à le faire. J’attendrai que tu aies fini de te baigner.
Pour me préparer, je préfère être seule, ajouta-t-elle en rougissant et en
baissant les yeux.
Elle est aussi timide qu’une jeune fille avant les Premiers
Rites, songea Jondalar en sentant l’habituelle vague de tendresse et
d’excitation. Même les rites de purification d’Ayla étaient adaptés à la
situation. Il lui prit le menton, l’embrassa à nouveau et s’éloigna d’elle.
— Moi aussi, j’aurais besoin de saponaire.
— Je vais en chercher pour nous deux.
Quand Ayla eut déterré les plantes et regagné la caverne,
Jondalar plongea avec délice dans la rivière. Il se frictionna tout le corps
avec l’écume savonneuse, défit ses cheveux et les frotta à leur tour. Cela
faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien dans sa peau. Il
plongea à nouveau dans l’eau, nagea presque jusqu’à la cascade, revint vers la
plage, ceignit sa bande de peau et remonta en courant vers la caverne. Ayla
avait mis à rôtir un morceau de viande au fumet délicieusement bon. Jondalar se
sentait incroyablement détendu et heureux.
— Je suis contente que tu sois revenu, dit Ayla. Il va me
falloir un certain temps pour me purifier correctement.
Elle prit le bol qui contenait un liquide fumant et de la prêle,
pour ses cheveux, ainsi qu’une peau qu’elle n’avait encore jamais portée.
— Prends tout ton temps, lui dit Jondalar en déposant un
léger baiser sur ses lèvres.
Elle s’était déjà engagée dans le sentier quand elle
s’immobilisa pour se tourner vers lui.
— J’aime cette bouche sur la bouche, dit-elle. Ce baiser.
— J’espère que tu aimeras aussi le reste, dit-il après
qu’elle fut partie.
Il pénétra dans la caverne et s’approcha du cuissot de bison qui
était en train de rôtir. En tournant la broche, il s’aperçut qu’Ayla avait mis
des racines enveloppées dans des feuilles à cuire sous la braise. Elle avait dû
aller déterrer ces racines pendant qu’il se baignait et avait aussi préparé une
infusion.
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