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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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que le nez
soit un peu plus gros, songea-t-elle en ajoutant un peu de neige à l’endroit
voulu. Puis elle approfondit un creux, aplatit légèrement une bosse et se
recula pour contempler son œuvre.
    — Bonjour, Brun, dit-elle avec un sourire malicieux en
utilisant les gestes appropriés.
    Mais son sourire s’effaça aussitôt. Brun n’apprécierait
peut-être pas tellement que l’on se serve de son nom pour s’adresser à un tas
de neige. Le nom qu’on portait revêtait trop d’importance pour qu’on l’utilise
à tort et à travers. Ce visage ressemble pourtant à celui de Brun, se dit Ayla
avec un petit rire étouffé. Mais je devrais être plus polie lorsque je
m’adresse à lui. Quand on est une femme, il n’est pas correct de parler au chef
de la tribu avant que celui-ci vous en donne la permission. Se prenant au jeu,
elle s’assit en face du tas de neige et baissa les yeux, dans la position
qu’adoptaient les femmes du Clan lorsqu’elles demandaient à un homme la
permission de s’adresser à lui.
    Immobile, les yeux fixés sur le sol, Ayla attendait comme s’il y
avait quelque chance que Brun lui tape sur l’épaule pour lui indiquer qu’elle
avait le droit de lui parler. Rien ne se produisait et le silence devenait de
plus en plus pesant. Le sol rocheux sur lequel elle était assise était glacé et
elle commençait à se sentir un peu ridicule dans cette position. Ce tas de
neige avait beau ressembler à Brun, jamais il ne lui taperait sur l’épaule.
Brun lui-même était resté insensible à sa requête la dernière fois qu’elle
s’était assise en face de lui, juste après avoir été injustement maudite, alors
qu’elle voulait lui demander de prendre Durc sous sa protection. Le vieux chef
s’était détourné d’elle car il était trop tard elle était déjà morte aux yeux
du clan.
    Au souvenir des événements qui l’avaient obligée à partir, son
humeur changea du tout au tout. Bondissant sur ses pieds, elle s’approcha du
visage sculpté dans la neige et se mit à le bourrer de coups de poing et de
pied.
    — Tu n’es pas Brun ! dit-elle en tentant de détruire
toute ressemblance avec l’original. Tu n’es pas Brun ! Jamais plus je ne
le reverrai ! Jamais je ne reverrai Durc ! Jamais plus je ne reverrai
qui que ce soit ! Je suis toute seule ! ajouta-t-elle en laissant
échapper un gémissement de désespoir. Oh ! pourquoi suis-je si
seule ?
    Elle s’effondra à genoux en pleurant et se laissa tomber dans la
neige. Ramenant celle-ci sur elle, elle se blottit au creux de cette humidité
glaciale, essayant de s’y enterrer et appelant de tous ses vœux
l’engourdissement mortel dans l’espoir qu’il mette fin une fois pour toutes à
ses souffrances et à sa solitude. Quand son corps commença à être parcouru de
frissons, elle ferma les yeux et essaya d’oublier la sensation de froid qui la
pénétrait maintenant jusqu’aux os.
    Elle sentit soudain quelque chose de chaud et d’humide sur son
visage et entendit le hennissement d’un cheval. Comme elle ne bougeait toujours
pas, la pouliche se mit à la pousser de la tête. Ouvrant les yeux, elle aperçut
les deux grands yeux noirs du petit cheval. Levant les bras, elle entoura le
cou de l’animal et cacha son visage dans ses longs poils.
    — Tu veux que je me lève, n’est-ce pas, Whinney ?
demanda-t-elle en lâchant la pouliche.
    Whinney leva la tête, puis la baissa comme si elle avait compris
la question d’Ayla et y répondait par l’affirmative. Cela suffit pour que la
jeune femme reprenne courage. C’est vrai qu’elle se sentait seule. Mais ce
n’était pas une raison suffisante pour renoncer à la vie. Même lorsqu’elle
vivait au sein du clan, entourée d’affection, elle était si différente des
autres qu’elle avait appris très vite ce que c’était que la solitude. Et sa
seule force avait été l’amour qu’elle prodiguait aux autres. A Iza, quand elle
était tombée malade, à Creb, dans sa vieillesse, à son jeune fils. Le fait
qu’ils aient besoin d’elle lui avait toujours fourni des raisons de continuer
de vivre.
    — Tu as raison, Whinney. Il vaut mieux que je me lève. Je
ne peux pas te laisser seule. Que deviendrais-tu sans moi ? Regarde comme
je suis mouillée, ajouta-t-elle. Je vais mettre d’autres vêtements et te préparer
une bouillie bien chaude. Cela te fera plaisir, n’est-ce pas ?
    Ayla observait deux renards polaires en train de se montrer
les

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