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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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palpable est passé entre eux. « Sire, a dit La Palice en s’en apercevant, voici une fleur que j’aimerais garder. » Et le roi a répondu qu’à maréchal aussi fidèle rien ne pouvait être refusé. C’était du temps de Françoise de Châteaubriant, sa première maîtresse. Il aurait suffi de peu, je crois, pour qu’Isabeau la chasse. Elle était trop abîmée alors. Elle n’aimait pas assez le pouvoir.
    —  Je crois surtout qu’elle avait peur, affirma Albérie qui découvrait comme Marie ce secret. Peur qu’on découvre sa vérité.
    Les enfants entrèrent bruyamment dans la cuisine, Antoine le premier, jouant des coudes comme toujours, interrompant leur complicité :
    —  Nous avons faim, annonça-t-il en s’immobilisant, perturbé dans ses repères par la vision de la naine posée sur la table.
    —  Si nous oublions l’heure, vous savez bien nous la rappeler, galopins ! Gronda celle-ci en acceptant la main de Marie pour descendre. Il y a de la compote pour goûter. Et que je n’en surprenne pas un à m’imiter ! Tempêta-t-elle en secouant un doigt faussement sévère.
    Gasparde regarda tour à tour la naine et la table d’un air inspiré, puis affirma du haut de ses quatre ans, les poings sur ses petites hanches :
    —  Comment veux-tu que je fasse ? Tu as caché l’échelle.
    Toutes trois pouffèrent et tandis que Bertille étalait de la compote de myrtilles sur de belles tranches de pain, Marie assit Gasparde et Gabriel sur ses genoux tandis qu’Antoine cherchait ceux d’Albérie. Une odeur de lait chaud envahit bientôt la pièce, et Marie se laissa bercer.
     
    Philippus n’avait pas eu besoin de la missive d’Albérie pour apprendre la mort d’Isabeau. Ma avait hurlé à la lune la nuit où elle avait quitté la terre des vivants. Ils se trouvaient alors en Autriche.
    Avec elle, il parcourait tout lieu, tout itinéraire lui permettant d’acquérir connaissance ou argent. Comme Isabeau, avec laquelle il entretenait une étroite correspondance, il se heurtait à un mur. Isabeau était bloquée à Vollore, lui pouvait chercher ailleurs que dans les livres, lus, relus et usés des mêmes formules, des mêmes constats. C’était ainsi qu’en son jeune âge il avait acquis son savoir, sur les chemins, en écoutant sages et sorcières. Il n’était pas un lieu où elles se trouvaient qu’il ne voulût explorer. Il ne renonçait pas. Souvent, l’on se retournait sur Ma et, d’un commun accord, ils avaient décidé de se séparer aux abords des villes. La forêt qui couvrait l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Suisse et la Bohême permettait à Ma de n’être pas inquiétée, ni séparée trop longtemps de l’homme qu’elle avait choisi de suivre. Les autres loups ne s’approchaient pas d’elle. Elle vivait de chasse et trouvait toujours un abri même au cœur du plus froid des hivers. Elle ne se plaignait jamais. Parfois, Philippus s’en voulait de la contraindre à cette vie sauvage. Plusieurs fois, il avait suggéré de la reconduire à Vollore auprès des siens et d’agir seul. Le regard d’amour et de tristesse de la louve l’en avait dissuadé. Ma tenait à sa présence. Plus que tout.
    Grâce à la protection du maréchal Lipnitz qu’il avait guéri d’une gangrène, il bénéficiait de nouveau d’un peu d’argent frais et, en échange de la rédaction d’un fascicule d’astronomie, le maréchal lui avait ouvert ses caissons d’alchimie. L’homme était passionné de lycanthropie et Philippus lui sut gré de partager avec lui ses connaissances et ses théories, sans toutefois rien révéler de son secret.
    Ils travaillèrent de concert une bonne partie de cette année 1537. Philippus retrouvait Ma chaque soir dans une clairière de la forêt proche. Ils communiquaient avec un langage de sons, de gémissements, que Philippus avait créé, souvenir de ces longs mois auprès des loups dans les souterrains de Montguerlhe. Ils passaient ensemble de longs moments autour d’un feu. Puis il retournait vers la tiédeur du palais qui l’attendait, le cœur serein mais l’âme déchirée, utilisant l’argent gagné à chercher. Chercher encore et toujours le moyen de la délivrer.

18
     
     
    Marie regagna Paris comme avril 1537 s’éveillait. Le chagrin des enfants lui froissa le cœur, mais elle s’obligea à ne pas se retourner. Bertille le faisait pour deux. Jusqu’à ce qu’ils disparaissent de sa vue, la naine agita son mouchoir à la

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