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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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portière de la voiture en geignant que c’était folie de laisser « ces galopins-là », comme elle les appelait.
    Le voyage fut ralenti par d’incessantes pluies qui permirent à Bertille de se plaindre tout son soûl. Là c’étaient ses genoux, là ses orteils ou ses reins qui crissaient, tapaient, raidissaient, étaient malmenés.
    —  La vérité est que tu t’angoisses à l’idée d’affronter ton propre garnement, la taquinait Marie, sachant bien quant à elle pourquoi son estomac se nouait.
    —  La vérité, c’est que je suis vieille et que le diable me vient chercher, répondait Bertille en grognant.
    —  Il n’a que faire d’une ronchonneuse ! poursuivait Marie tandis qu’une nouvelle ornière lui cognait le front au plafond, et amenait un nouveau gémissement dans la bouche de la naine.
    Elles atteignirent tout de même Fontainebleau. Curieusement,en retrouvant Triboulet, la fatigue de Bertille s’ évanouit d’un trait. Pour un peu elle se serait laissé entraîner dans la folle sarabande du bouffon. Catherine s’avoua enchantée de faire sa connaissance et le roi la souleva dans ses bras pour l’embrasser en se déclarant fort triste d’avoir, comme elle, perdu une amie. Vingt-quatre heures au palais réduisirent à l’oubli maux et regrets, et c’est fraîche et dispose, drapée dans sa dignité autant que sa nouvelle robe, qu’elle se laissa conduire avec Marie rue Vieille-du-Temple, après un détour par le cimetière des Saints-Innocents où elle voulait se recueillir sur la fosse de Croquemitaine.
    En passant devant l’ancienne boutique d’Isabeau, Marie ressentit un pincement au cœur. Les mêmes planches fermaient les baies vitrées aux regards curieux. Le temps pourtant les avait disjointes et elle aurait pu jurer que l’atelier avait été pillé et dévasté.
    —  Il faudrait vendre ! pensa-t-elle tout haut.
    —  Ou recommencer, rectifia la naine en lui tapotant le poignet.
    —  Je ne sais rien faire, Bertille. Et ce que je savais, je l’ai oublié.
    —  Il te suffirait de le vouloir.
    —  L’argent me manque pour relancer l’affaire.
    —  Demande un prêt au roi. Il te l’accorderait, j’en suis sûre.
    —  Je ne sais pas. Nous verrons.
     
    Solène embrassa Bertille affectueusement. Marie se souvenait d’elle comme d’une fillette malingre, plate et aux yeux caverneux. Loin de là, la jeune femme de six ans sa cadette avait la beauté sauvage de Lilvia sa mère. affirmaient un port de reine et ses cheveux dorés retenus en une tresse enflammaient un regard pétillant de bonheur. Marie la laissa la serrer dans ses bras avec —  . Face à une telle beauté, elle comprenait mieux que le cœur de Constant ait fini par chavirer.
    Bertille reçut avec émotion son petit-fils dans ses bras.
    —  Il est si mignon, s’attendrit Solène devant ce gros poupon de presque une année, emmailloté de langes. Nous l’avons appelé Bertrand comme son grand-père, mais vous savez, ce n’est pas…
    —  Bienséant de s’avancer sans prévenir ! La coupa sèchement la voix de Constant dans leur dos. Mais je suis bien heureux de te retrouver, ma mère, se radoucit-il en soulevant la naine dans ses bras.
    L’espace d’un instant, Marie aurait juré que Solène avait baissé son regard sur un secret. Que pouvait cacher cette phrase inachevée ?
    Constant s’avança jusqu’à elle et la bisa sur une joue. Elle sentit ses jambes flageoler, pourtant elle se contenta d’un bonjour dans un sourire forcé.
    —  Je vais aller chercher du vin, annonça Solène en coulant un regard triste vers Marie, qui se renfrogna.
    Elle pouvait tout accepter de sa rivale, qu’elle la fête, l’ignore ou la méprise avec l’orgueil de celles qui ont gagné. Tout, sauf la pitié. Elle redressa la tête et lança :
    —  J’ignorais que Croquemitaine se prénommait Bertrand.
    —  On ne naît pas avec un sobriquet, Marie, on en gagne un, l’as-tu oublié ? C’est vrai qu’aujourd’hui l’univers des gueux doit te paraître bien sot.
    —  Et plus encore ceux qui me croient changée, répliqua-t-elle.
    —  Ah ! Non. Il suffit, vous deux ! Je n’ai pas fait tout ce chemin pour vous entendre vous chamailler. Ne pouvez-vous donc faire la paix ? Je voudrais tant vous voir réconciliés avant de mourir, ajouta Bertille comme une prière.
    Constant se pencha au-dessus du front de sa mère et l’embrassa.
    —  Si cette seule pensée doit te préserver,

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