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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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confiance. Ouvre-lui ton cœur, tes peurs. Partagez-les. Elles sont probablement en lui autant qu’en toi.
    —  Tu as raison.
    Marie se sentit plus forte soudain. Spontanément, elle claqua une bise sur la joue de Jean qui resserra son étreinte.
    —  Quand tu auras quitté Montmorency, essaie donc un gueux à la jambe de bois, lui glissa-t-il d’une voix éraillée par un trouble délicieux.
    Marie s’échappa en lançant un : « N’y compte pas, Jean Latour » qui le laissa ravi de leur complicité retrouvée.
    Le soir même au coucher, Marie se blottit nue dans les bras vigoureux de Constant. Il la caressa longuement, émerveillé comme à chacune de leurs étreintes de ce plaisir naissant sous ses doigts en une plainte qu’il prolongeait au gré de ses caprices. Marie s’abandonna à son jeu, sans pouvoir cependant s’empêcher de songer à la confession de Jean. Lorsque d’un même cri leurs souffles s’apaisèrent, sa décision était prise.
    —  J’ai honte, Constant, chuchota-t-elle, profitant de ce moment d’abandon qui survit à la jouissance.
    Constant se sentit peser sur sa silhouette fine et se redressa au-dessus d’elle sur ses coudes. Les cheveux en bataille, la barbe rebelle et l’œil ensommeillé déjà, il ressemblait à un sauvageon. Marie s’en attendrit et noua ses bras autour de ses reins pour le retenir en elle.
    —  Je voudrais que mon fils soit le tien, glissa-t-elle, le regard empli d’un amour sans faille.
    —  Il l’est.
    —  Il y a l’autre… commença Marie.
    —  Je m’en moque, affirma Constant. Cet enfant n’aura qu’un père, Marie, dussé-je tuer Montmorency à mains nues pour en être sûr.
    Marie ne répondit rien. Son cœur cognait à faire mal. Elle se pelotonna contre lui davantage.
    —  Mais ce ne sera pas nécessaire, n’est-ce pas ? interrogea Constant la bouche pâteuse, réprimant un bâillement.
    —  Non, ce ne sera pas nécessaire. Je vais affronter la Médicis, Constant. Ensuite, je parlerai au roi et je donnerai son congé à Montmorency. Je te le promets.
    —  Tu feras bien attention à toi, Marie, grommela-t-il en posant une main lourde sur son ventre. Je tiens à cet enfant autant qu’à toi.
    Marie laissa le silence happer son sourire dans l’obscurité de la chambre. Elle se sentait prête à affronter son destin. Elle se promit de biser Jean le lendemain. Le biser seulement, pour ses conseils autant que pour sa tendresse. Constant émit un léger ronflement qui lui arracha un rire. Elle lui pinça le nez en murmurant :
    —  Je t’aime.
    Constant ôta ses doigts et les emprisonna entre les siens.
    —  Moi aussi, je t’aime. Et rien ni personne ne me fera changer d’idée, qu’il soit gueux, maréchal ou même roi !
    Marie étouffa un rire et se laissa glisser dans un sommeil heureux.
    Quelques jours plus tard, elle prit soin d’envoyer à son père l’argent qu’elle avait mis de côté, en l’informant qu’elle comptait lui rendre visite dès que possible, et alla voir son banquier pour s’assurer que tous ses comptes permettraient d’envoyer des lettres de change quoi qu’il arrive. « Pour conjurer le malheur, avait dit Solène, rien de mieux que de l’anticiper. »
    Ensuite, elle laissa les Parisiens lui conter l’avancée de Charles Quint vers sa destinée.
    C’est à Chambord que François I er reçut le billet de sa sœur, au pied de l’escalier magistral qu’il y avait fait construire et achevait de montrer à son invité, ébahi de tant d’ingéniosité.
    De fait, François avait espéré se racheter de l’accident survenu à Amboise alors qu’il s’avançait par la tour Hurtault auprès de Charles Quint. Un porteur de torche s’était entravé devant leur litière, propageant la flamme aux tapisseries tendues pour l’occasion. Ils avaient dû rebrousser chemin, se gardant de l’incendie par miracle.
    Le roi s’était confondu en excuses. Pour ne pas gâcher leur belle entente, Charles Quint assura qu’il n’avait pas été incommodé, mais cela sonnait aussi faux que ce sifflement émis en permanence par sa gorge encombrée de végétations. François I er préféra s’en tenir au verbe pour se rassurer.
    Les paroles de Montmorency chantaient dans sa mémoire : « Si l’empereur est satisfait, Milan pourrait bien vous en remercier. »
    Les nouvelles de Marguerite lui firent donc grincer des dents. Le soir venu, il prit prétexte de la fatigue de l’empereur pour

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