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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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affectionne Catherine de Médicis pour de fausses raisons, mais sincèrement. Quant à vous, jamais il n’a douté que vous ayez été manipulée. Il est un autre argument pourtant. Plus sinistre : le jeune François qu’il aimait profondément, croyez-le, était un être pervers et cruel. Malgré son attachement, mon frère craignait qu’il ne lui succédât. Il avait peur qu’une guerre fratricide l’opposât un jour à Henri et à son jeune frère. Son chagrin fut immense et, pourtant, je crois qu’il s’en senti soulagé de savoir que la France reviendrait à son cadet. Peut-être le regrette-t-il aujourd’hui qu’Henri s’oppose à lui pour de multiples et sots motifs ?
    —  Il est mal conseillé, Marguerite. Montmorency, que je croyais intègre et juste, n’œuvre qu’à sa gloire et à son profit.
    —  Je le découvre en effet. C’est bien la cause de mon abattement. Mon frère a en lui pleine confiance.
    —  Que dois-je faire ? demanda Marie.
    —  Vous laisser piéger pour détourner de vos enfants la haine de Catherine. Je vais de mon côté informer le roi qu’un complot se trame contre vous et que Montmorency l’a trahi. Avez-vous encore quelque intérêt à la cour ?
    —  Aucun, Madame. J’ai simplement besoin d’argent pour préserver les miens, mais grâce à vous la boutique a bon chaland {8} .
    —  Alors, ne vous inquiétez de rien. Une disgrâce passagère ne perturbera pas vos affaires, j’y veillerai. Vous le savez mieux que quiconque, l’ombre est souvent plus propice à l’affection. Ayez confiance en moi et en votre roi.
    —  Vous deux seuls l’avez toujours eue.
    Marguerite se leva et la serra dans ses bras avec tendresse.
    —  Allez à présent.
    Maries’apprêtait à partir quand une pensée lui vint :
    —  Je détiensun autre secret, Marguerite. Sans importancecertes , mais que je voudrais vous voir partager.
    —  Je vous écoute, Marie.
    —  Il y a fortlongtemps, une nuit, le roi a aimé une gitane. Une fille est née de cette union. Elle se prénomme Solène et était la nièce de Triboulet par adoption. Elle est mon amie et mon associée.
    Marguerite afficha sans réserve un sourire ravi.
    —  Une raison supplémentaire pour croire à votre attachement à notre famille, Marie. Dites à cette nièce illégitime que je sais désormais son existence et qu’elle sera sous ma protection si le besoin lui en venait.
    Marie lui offrit une révérence radieuse et repartit soulagée. S’il devait lui arriver malheur, Solène et la boutique seraient préservées.
     
    Constant reçut pourtant la recommandation de Marguerite avec inquiétude.
    —  Et si elle te trahissait, elle aussi ? demanda-t-il. Les nobles sont fourbes et sans scrupule.
    Mais Marie ne céda pas. Elle croyait en son intuition. Isabeau, Albérie et sa mère avaient fui devant la menace et le malheur les avait rattrapées. Elle était l’élue, avait dit Triboulet. Même si elle n’était jamais parvenue à saisir le sens de cette affirmation, elle ne laisserait pas un nouveau monstre anéantir ses projets.
     
    Une semaine plus tard, un spasme violent la tira du lit et la courba sur les latrines. Il en fut de même le restant de la journée et les jours suivants. Ce fut Bertille qui comprit la première en battant ses petites mains ravies.
    —  Je vais être à nouveau grand-mère, s’exclama-t-elle devant les yeux cernés de Marie.
    Tandis qu’elle vomissait encore, Marie se prit à compter les jours. Elle était retardée dans ses menstrues. Elle avait pourtant veillé à prendre ses tisanes. Quand les avait-elle oubliées ? Une sueur froide la baigna en entier. La nuit où Montmorency lui avait passé le collier.
    Cette nuit et les suivantes. Combien ? Deux, trois ? Elle ne s’en souvenait plus. Mais une chose était certaine. Elle était enceinte. Lequel, du connétable ou de Constant, l’avait engrossée ? Cette pensée l’emplit d’une terreur indicible. Face à ce dilemme, comment Constant réagirait-il ?
     
    Il accueillit la nouvelle avec joie, en la faisant volter dans ses bras, sous la voix fluette et chantonnante de Bertille qui se ratatinait de jour en jour sous le poids des années. Solène et Jean lui firent fête avec le même entrain et elle n’eut pas le courage d’avouer ce qui la tourmentait. Il serait bien temps si l’enfant restait.
    Le lendemain, une nouvelle la conforta dans cette position. Après les avoir quittés, Solène et Jean

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