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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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diamants. Machinalement, la duchessina porta une main à son cou, pinça ses lèvres sèches et emboîta le pas au cortège sans un mot. Marie en déduisit aussitôt qu’elle avait compris. Il lui fallait désormais être sur ses gardes et elle s’accorda à écouter le roi vanter comme il savait si bien le faire les splendeurs de Fontainebleau.
    Ils commencèrent la visite par la chambre royale ornée de tapisseries dessinées par Raphaël, puis montèrent au deuxième étage.
    —  Les magnificences étaient hier du meilleur goût lors de l’arrivée de Charles Quint, raconta Montmorency. Ce furent saynettes, tournois et effusions à plaisir, chère Marie. Il est dommage que vous n’ayez pu les voir. Pour ceci, ajouta-t-il en englobant d’un geste la salle de la tour dans laquelle ils se trouvaient, vous en connaissez cent fois les détails. Ne préférez-vous point vous isoler ?
    —  J’ai appris qu’un nouveau lieu avait été tout spécialement créé pour l’occasion, répondit Marie qui n’avait aucune envie d’être seule avec le connétable.
    —  Il s’agit des appartements de l’empereur. Un pavillon d’angle où l’on a fait peindre au plafond des aigles encerclés par sa devise. On y a également fait installer de nombreux poêles pour pallier l’absence de cheminée. Voulez-vous le visiter ? Insista Montmorency en glissant un bras autour de la taille de Marie.
    Si en d’autres temps elle eût été flattée de sentir qu’il la désirait, cette fois elle s’en agaça. La pensée de sa fourberie avait détruit le respect qu’elle lui portait. Elle répliqua poliment :
    —  Il ne serait pas convenable de pénétrer dans les appartements d’un hôte sans y être invité. Soyez patient, Anne. Cette nuit, pour vous servir, mes seuls atours seront ce collier.
    —  Le temps me durera, gémit-il à son oreille. Ne pourrions-nous le devancer ?
    —  Quelle impatience, mon cher ! Se moqua Marie. Vous ressemblez à un jouvenceau repoussé. Suffit. Vous aurez bientôt ce que vous méritez.
    Anne de Montmorency s’en contenta et Marie se laissa entraîner dans le sillage du roi. Elle n’avait pas menti sur cette dernière tirade. Et ce simple constat la soulagea.
    Les pièces succédaient les unes aux autres, croulant sous les œuvres de Léonard de Vinci, de Raphaël et de nombreux autres artistes italiens. François s’émerveillait de l’Hercule de Michel-Ange, de La Joconde accrochée au mur, des orfèvreries de Cellini, ornant même l’appartement de bains, entraînant l’empereur dans ce plaisir sans nom qu’il avait de l’art sous toutes ses formes et faisait de Fontainebleau le plus bel endroit de France.
    Au dîner qui acheva cette journée, l’empereur félicita Marie pour les tissus somptueux que portaient les dames de la cour. Marie répondit que le mérite en revenait au roi qui avait beau goût. Mais force lui fut de bavarder avec l’empereur et d’accepter son bras pour danser. À sa grande surprise, il lui glissa en aparté : « Vous êtes aussi belle qu’il me plut à l’imaginer. » Marie se contenta de lui répondre d’un sourire benêt. Mal à l’aise malgré son assurance feinte, elle jetait de fréquents regards vers Montmorency et Catherine, certaine qu’ils complotaient. Elle ignorait quand tomberait le couperet mais prenait garde à ce qu’elle goûtait et buvait, ne touchant rien de ce qu’elle laissait dans l’assiette lorsqu’elle s’absentait, attendant qu’on la desserve et resserve du même élan que Montmorency pour manger ou s’abreuver.
    La nuit suivante, elle se laissa beliner ainsi qu’elle l’avait promis pour n’éveiller aucun soupçon, mais cela lui coûta plus qu’elle n’aurait imaginé, même si Anne se montra tendre et empressé. Quatre jours passèrent ainsi. Charles Quint cherchait de plus en plus souvent sa présence, riant de ses mots comme un vieil ami. Catherine en paraissait ravie, Montmorency ennuyé. La veille du départ de l’empereur, il lui glissa à l’oreille :
    —  Il me fallait vous perdre, Marie. Je viens vous sauver, dit-il. Tout à l’heure, un billet tombera à vos côtés. Je devrais le ramasser pour le donner au roi. Faites-le la première. Nul ne saura jamais.
    Il la quitta aussitôt sans qu’elle pût en comprendre davantage. Une farandole passa près d’elle et l’entraîna. Elle se laissa emporter dans le mouvement en regardant machinalement ses pieds. Comme elle revenait

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