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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pas même vos origines ou ces fausses preuves, ne me ferait douter de votre sincérité. Je n’ai aucun moyen de punir ma belle-fille et la répudier serait une erreur au regard de la chrétienté. J’entendrai les arguments de Montmorency puisque vous les cautionnez. Il est vrai cependant qu’il m’a promis Milan et l’inverse à mon ennemi.
    —  Contraint et forcé par l’odieux chantage qu’on lui mène.
    —  Soit. Malgré mon attachement, je vais devoir l’éloigner quelque temps. Sous de faux prétextes, mais il les comprendra. Il est important de donner compensation à Catherine. Pour vous préserver l’un et l’autre, assura-t-il en se redressant.
    —  Merci, Sire, murmura Marie en lui faisant face.
    Le roi tendit le bras et l’attira à lui. Elle ne se défendit pas. Il l’enlaça et posa sur ses lèvres un chaste et doux baiser.
    —  Isabelle m’aimait, as-tu dit, chuchota-t-il ensuite contre son oreille.
    —  Du seul amour qu’elle éprouva jamais. Elle l’avoue dans une lettre qu’elle m’a laissée.
    —  J’en suis content, affirma-t-il en l’écartant de lui. Fais-toi oublier, Marie. Dès aujourd’hui. La cour d’un roi, fût-il grand, ruisselle de pestilence sous ses habits dorés. Pas davantage qu’Isabelle tu n’y as ta place. La noblesse est bien au-delà d’un titre, Marie. Elle est une âme. Une âme de pureté que tu possèdes comme elle la possédait. Et c’est cette différence qui te fera condamner. J’ai déjà oublié ce que tu m’as confié. Et absous les péchés que le destin vous a imposés. Tu es bien plus digne des Chazeron que ne l’était ce François. Ne regrette rien, donc. Adieu, lingère de mon cœur. Jusqu’à ma mort, je veillerai.
    —  Adieu, mon roi.
    Il se détourna d’elle et sortit sans se retourner.
    Marie resta un long moment seule, à contempler la ville qui s’étirait inlassablement sous le joug de la cupidité et du faux-semblant. Elle était en paix. Comme le roi était venu la chercher, il lui donnait son congé.
    Les protestants n’avaient plus besoin d’elle depuis que leurs martyrs œuvraient à leur cause, et ce monde surfait qui n’était pas le sien l’oublierait en deux jours.
    Elle avait promis à Montmorency d’attendre son retour. Dès que le roi se présenta au palais de la Cité pour y recevoir Charles Quint, le connétable tourna bride pour la rejoindre.
    Il entra chez lui pour trouver Marie endormie dans ce même salon où le roi l’avait laissée, face à la fenêtre contre laquelle la pluie froide de janvier ruisselait. Il s’installa en face d’elle sans oser la réveiller. Elle souriait dans un sommeil paisible et s’alanguit comme une enfant en ouvrant les yeux. Aussitôt, il chercha ses lèvres en un doux baiser, attendri par la volupté de son abandon involontaire.
    —  Je vous ai sauvé à mon tour, dit-elle simplement en nouant ses bras autour de son cou. Mais vous devrez vous retirer quelque temps.
    —  Quand ? demanda Montmorency, satisfait et troublé.
    Sa peau avait le parfum d’un iris froissé.
    —  Le roi vous le fera savoir. Pour l’heure, le voyage de l’empereur doit s’achever. Je n’y serai pas, mon ami. Je vais m’en retourner sur mes terres. Solène s’occupe bien de la boutique et le roi y maintiendra sa créance. L’heure des adieux a sonné, je crois, dit-elle en se reculant contre le dossier du fauteuil pour s’étirer, engourdie par le froid qui l’avait pernicieusement gagnée pendant son assoupissement.
    Montmorency lui tendit une main soignée. Elle la saisit et se retrouva dans ses bras. Il l’enlaça tendrement.
    —  Soyez à moi, une fois encore, gémit-il dans ses cheveux relevés. Vous perdre me coûte, mais je ne saurais vous garder contre votre gré.
    —  Une dernière fois, Anne. Avec toute la tendresse dont vous m’avez protégée.
    Leurs bouches se nouèrent et Marie s’offrit de tout son être. Un instant le visage de Constant creva l’azur de sa jouissance. Elle en sourit, sans regret. Ce don d’elle-même avait un goût de liberté.
     
    Solène éclata d’un rire cristallin comme Marie achevait son récit dans la salle à manger du logis, n’omettant que les rapprochements sensuels qui en avaient découlé pour ne pas blesser Constant, si heureux de la retrouver saine et sauve.
    Marie jeta un regard à Jean et à Constant qui, comme elle, paraissaient perplexes.
    —  Excuse-moi, hoqueta la gitane, mais j’étais persuadée

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