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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mes sentiments pour preuve qu’il n’en est rien.
    —  Je suis bien vieille, messire, pour croire à vos épanchements, se moqua-t-elle tristement.
    —  Ne me faites pas l’injure de croire qu’une autre saurait mieux me satisfaire. Je suis un être imparfait et sans doute ambitieux, mais jamais je n’ai menti. Laissez-moi vous aider et sauver Marie.
    —  Soit. Ma vous a choisi. Elle ne l’aurait pas fait si je devais me défier de vous. Je vais tout vous raconter, mon ami, ensuite vous comprendrez combien je tremble pour les miens.
    Jean l’écouta cérémonieusement, passionné par l’extravagance de son récit, le cœur révulsé de colère et de compassion. Le visage d’Isabeau reflétait chacun de ses souvenirs comme autant de morsures. À plusieurs reprises, il eut envie de se précipiter pour essuyer les larmes qui glissaient malgré elle sur ses joues.
    Lorsqu’elle se tut, il n’avait plus qu’un sentiment au cœur : la vengeance.
    Il se leva et la força d’un geste à en faire autant. Lorsqu’il la prit dans ses bras, elle s’y laissa bercer comme autrefois par La Palice, avec le même sentiment d’être perdue et d’avoir tout à reconstruire. Il fouilla son regard avec passion, puis s’empara de ses lèvres comme si le souffle lui manquait et qu’il lui faille respirer sa lumière.
    Isabeau s’abandonna, naufragée d’un instant, à l’ancrage de cette bouche chaleureuse et gourmande qui fit chavirer sa souffrance. Comme cela lui avait manqué !
    —  Aimez-moi, Jean, murmura-t-elle en fermant les yeux.
    —  Je vous aime déjà, ma dame, affirma-t-il en la soulevant de terre au creux de ses bras pour l’emporter dans la chambre voisine.
    Lorsqu’il dénuda sur ses seins lourds la cicatrice que François de Chazeron y avait imprimée, Isabeau détourna la tête. Jean la fixa en silence puis sourit largement, satisfait de l’idée qui venait de lui traverser l’esprit.
    Avant de la beliner avec toute la tendresse et l’expérience qui avaient aussi fait sa réputation, il lui glissa :
    —  Cette marque sera la perte du seigneur de Vollore, Isabelle. Nous allons lui donner ce qu’il souhaite et bien plus encore. Faites-moi confiance, mon amour, et par Dieu tout-puissant, je le jure, vous et les vôtres serez enfin vengées.
     
    Philippus entendit sonner le glas comme il achevait son matinel. Machinalement, à l’exemple de tous les Parisiens, il se précipita à la fenêtre et tendit l’oreille. Le murmure se répandit de ruelle en ruelle bien avant la proclamation du héraut. Louise de Savoie, la mère du roi, venait de trépasser à Saint-Maur-des-Fossés.
    Une houle souleva Paris, faisant oublier un instant haine et rancœur. Avec elle s’éteignait une grande dame. La France était en deuil.
    Philippus referma la croisée. Il était peu concerné par l’affaire en ce 23 septembre 1531 et songea, malgré sa compassion naturelle, que ces obsèques royales à Nostre-Dame allaient rassembler à Paris bien davantage de gens et de pagaille qu’à l’ordinaire. Ce qui, somme toute, n’arrangerait pas ses recherches.
    Sa lettre de recommandation sur lui, il ne s’accorda pas davantage de temps en flânerie. Il devait agir sur l’heure et retrouver Marie.
     
    Jean Calvin le reçut avec plaisir tant il était fier d’accueillir et de servir un ami d’Erasme qu’il vénérait.
    —  Je vous assisterai de mon mieux si vous m’assurez en échange de porter ma dédicace, demanda-t-il fébrile en tendant à Paracelse l’Essai sur le libre arbitre traduit en français et relié plein cuir.
    —  L’édition de 1524 ? demanda Philippus en prenant l’ouvrage avec précaution. Diantre… Traduit par vos soins et relié hors commerce si j’en juge par la facture. Exemplaire unique. Mes compliments !
    Calvin gonfla son jabot dans un mouvement de fierté.
    —  La traduction tardait en France. Il fallait un écrit aux propos de ce maître. Je m’y suis essayé. J’aimerais le lui offrir en gage de mon admiration.
    Il ouvrit le livre et montra à Philippus les mots que sa plume enthousiaste avait griffonnés sur la page de garde :
    « Puissé-je un jour vous donner matière à vous réjouir des enseignements que vous me donnâtes.
    « Votre dévoué serviteur. »
    Il avait signé « J. Calvin » avec grâce et émotion. Philippus s’en attendrit.
    —  C’est un bel hommage et je gage qu’il en sera touché, car c’est avant tout un homme simple

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