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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qui reliait le logis d’Albérie au Temple. Plusieurs d’entre eux avaient été saisis par la violence répressive et soudaine du guet et conduits en prison. L’un d’eux avait été relâché, le visage brûlé par des charbons ardents, pour raconter aux autres les tourments qu’ils subiraient en ne livrant pas les coupables. Les autres s’étaient laissé démembrer par la roue, dépecer ou trépaner sans donner la moindre information. Ils étaient morts dignes. La cour des Miracles avait son code d’honneur. Un honneur bien plus grand que celui de ses bourreaux. Constant était le fils de leur roi, et Marie celle qu’il aimait. Elle était des leurs. Pour rien au monde, pas même la vie, ils n’auraient sacrifié la jouvencelle.
    Lors ils se terraient, espérant que la colère de François de Chazeron s’apaiserait, protégeant Marie et Ma dans leurs refuges, sachant que nul n’oserait profaner les tombes.
    Isabeau avait les traits tirés. Depuis l’atelier de confection et la boutique de l’autre côté du jardin, des rires et des chants lui parvenaient, mêlés aux gloussements des clientes. La vie se perpétuait dans une activité à cent lieues de ses propres tourments. Cela la rassurait. La cour se pressait chez elle, légitimait sa fonction, son droit, son nom, contre toute attaque. Elle avait même reçu la veille Anne de Pisseleu, la maîtresse du roi François. La devanture était belle, elle s’y affichait avec talent et désinvolture. Son cœur et son âme pourtant n’étaient que déchirures.
    Elle invita Jean Latour à prendre un siège. Ils étaient seuls. Elle savait que Bertille craignait pour les siens. Elle n’avait pas hésité à l’envoyer les rejoindre. De plus, elle avait besoin de solitude pour s’apaiser, se convaincre d’agir. Elle se força à sourire. L’homme la fixait avec une douceur inhabituelle. Refusant de laisser peser le silence entre eux, il exposa clairement l’objet de sa visite :
    —  Vous avez une piètre opinion de ma personne, dame Isabelle, ce qui est fort compréhensible compte tenu de la réputation que l’on me fit à Paris, et cependant rien ne m’importe plus ce jourd’hui que votre confiance. On rafle, on torture, on découd pour retrouver Marie. On offre même récompense juteuse, je tenais à ce que vous sachiez que rien ne pourra me contraindre à la livrer au prévôt. Rien. Si ce n’est elle-même. Pour sauver les siens et arrêter la tuerie.
    Isabeau blêmit et crispa ses doigts sur l’accoudoir du fauteuil. Jean chassa un culice {2} d’une main agacée puis reprit :
    —  Rassurez-vous. Je n’en ai rien fait. Mais Marie insiste depuis hier pour que je la fasse sortir discrètement du souterrain où désormais, pour combattre cette folie, Croquemitaine la retient prisonnière. Elle veut affronter François de Chazeron et me laisser de surcroît encaisser la récompense pour dédommager les familles de ceux qui ont été pris. Votre nièce a une âme noble, dame Isabelle. Noble et généreuse. Mais je ne l’ai pas sauvée de ces hommes pour mieux la perdre. D’autant qu’elle n’est pas coupable de les avoir occis. J’ai bien songé à me livrer à sa place mais elle m’a convaincu que cela ne servirait en rien sa cause. « C’est moi et moi seule qu’il veut. Je le sais », m’a-t-elle affirmé. Mon instinct me porte à croire qu’elle a raison. Je suis inquiet. Je ne faillirai pas à ma promesse de la protéger mais j’ai peur qu’elle ne parvienne à convaincre Constant. Elle possède sur lui le pouvoir de l’amour et je sens bien qu’elle finira par trouver les arguments pour le fléchir. Voilà pourquoi il me fallait vous rencontrer, pour vous laisser le soin d’agir.
    —  Je vous en remercie, Jean. Infiniment. De fait, je craignais que Marie ne réagisse ainsi. Il ne le faut pas. Elle ignore de quoi cet être est capable. Ce n’est pas même un homme, c’est le diable en personne.
    Jean se pencha vers elle et lui saisit les mains avec douceur. Elles étaient glacées. L’espace d’un instant, une lueur de folie fureta dans l’amande du regard d’Isabeau, mais elle se ressaisit vite et se força de nouveau à un pâle sourire.
    —  Racontez-moi, Isabelle. Faites de moi l’esclave de votre confiance, pour n’être plus seule face à cet invisible qui vous ronge. Depuis que je vous vis, je n’ai de penchant que pour la noblesse de vos yeux. On me dit coureur de dot, acceptez la sincérité de

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