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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qui malgré son savoir et ses soixante-cinq ans continue de croire en la jeunesse européenne comme courant porteur d’idées nouvelles et justes. Je le lui remettrai, soyez-en assuré.
    —  Vous me comblerez. À présent, racontez-moi tout et n’omettez rien. Je vous servirai comme s’il s’agissait de moi.
    Alors, Philippus se lança :
    —  Savez-vous quelque affaire à propos d’une femme-loup ?
     
    François de Chazeron décacheta la missive qu’on venait de lui faire porter. L’écriture était fine, élégante et racée. Le contenu le ravit :
     
    « Je sais où se cache celle que vous cherchez. Je vous y conduirai si vous venez à moi. Seul.
    « Isabelle de Saint-Chamond, lingère du roi. »
    Le nom et l’enseigne lui étaient familiers, il les avait surpris sur nombre de bouches à la cour. Lui-même avait été tenté de s’y présenter pour se faire faire une nouvelle chemise. Il ne douta pas un instant des ragots qu’un tel endroit pouvait entendre circuler. Il ne douta pas un instant non plus de son pouvoir et de sa force.
    Il s’apprêta en songeant qu’il avait eu raison d’activer sa police et, à l’invitation de la dame, sella son cheval pour s’y rendre.
     
    Lorsque Françoise lui annonça que le suppléant du prévôt demandait à lui parler, Isabeau sentit son courage lui manquer. Elle savait pourtant que Jean avait raison. Elle exigea qu’on fît patienter François de Chazeron sous quelque prétexte et envoya quérir Jean qui attendait en sa demeure de l’autre côté du jardin. Il n’interviendrait qu’en cas d’absolue nécessité, mais le savoir dans la pièce voisine la rassurerait, l’aiderait à affronter son bourreau.
    Elle se servit une rasade copieuse de liqueur de myrtille et se força au calme. Tant de manigances avaient échoué. Elle jouait sa vie, sa réputation. Et cependant une toute petite voix lui susurrait à l’oreille qu’aujourd’hui elle était influente et intouchable. Cela avait beau être vrai, le roi François était absent. Et La Palice n’était plus. Restait Jean. Jean qui l’avait belinée comme aucun homme jamais, pas même Jacques de Chabannes. Jean qui n’avait pas hésité à tuer pour sauver l’honneur de Marie.
    Sitôt qu’il franchit le seuil, il la pressa contre lui :
    —  Pas d’angoisse. Ne lui montre pas que tu as peur de lui. Il ne te violera pas, même si l’envie le presse. Cela ira ?
    —  Je crois.
    —  Le sort en est jeté. Il doit payer. N’oublie pas cela. Quoi qu’il dise ou fasse. C’est ta force.
    Elle hocha la tête, le laissa refermer la porte derrière lui et demanda qu’on introduise son visiteur. Elle s’installa derrière son bureau pour mettre de la distance entre eux puis détacha la gorgerette de dentelle qui ornait son décolleté. Encadrée par le velours bleu de son corset pigeonnant, la marque infamante se détacha comme une injure. Elle était prête.
    Lorsque la porte s’ouvrit, elle s’affaira quelques minutes encore, feignant de terminer une correspondance en s’efforçant de ne pas faire trembler sa plume. Son front baissé sur l’écritoire lui masquait ses traits et elle perçut un mouvement d’impatience dans sa silhouette. Il fallait déstabiliser sa prestance, son orgueil. Partout, il se posait en maître. Elle devait inverser les rôles. Lorsqu’elle redressa la tête, elle était calme.
    —  Approchez, messire. Il fut un temps où je ne vous inspirais pas tant de patience.
    Il s’avança jusqu’à ce que la lumière lui révèle totalement le sourire d’Isabeau, digne et presque arrogant, et sa gorge tendue comme un défi.
    —  Vous !
    La surprise alluma sur son visage un éclat de cruauté et de perversité.
    —  N’en finirez-vous donc jamais de mourir ? Cracha-t-il spontanément.
    —  Hélas ! répliqua-t-elle. Je suis, semble-t-il, née pour empoisonner votre vie, comme vous avez empoisonné la mienne.
    François de Chazeron éclata de rire, la déstabilisant à son tour. Elle n’en laissa rien paraître et profita de ce qu’il s’affalait dans une chaise à bras pour se ressaisir. Elle ne devait pas se laisser affaiblir par ses souvenirs. Ils se toisèrent du regard, mais elle ne cilla pas. Elle n’était plus une victime. Elle était lingère du roi de France.
    François de Chazeron ne s’y trompa pas. Il lança, affable :
    —  Je t’ai connue seulement capable de nourrir une basse-cour, et voilà que, par un miracle

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