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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
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caractéristiques et qui est nécessaire, bien que non indispensable, au processus de production, une dent consciente, une dent qui a son propre moteur et qui, consciencieusement, essaie de pousser elle-même toujours plus fort pour arriver à une conclusion heureuse, à l’une des bases du socialisme – qui est de créer une quantité suffisante de biens de consommation pour l’ensemble de la population ».
    Un saint haineux ?
    Un tel acharnement à se fondre dans un tout, une telle haine de soi comme individu libre, ça sent son masochiste ! Et cette dureté envers soi n’est qu’un aspect d’une dureté tous azimuts. Agustin Alles Soberon, journaliste cubain à Bohemia, monté à la Sierra pour interviewer Guevara en mars 1958 se souvient d’un homme à « la personnalité despotique, dure et cruelle. Quand je lui posai par exemple une question relative à sa première femme, Gadea, il me dit : je ne sais rien d’elle et de toute manière, cela ne m’intéresse pas 134  »… C’est bien de l’avoir rapporté. Mais cela ne peut être opposé à la « sainteté » du Che. C’en est seulement une autre face. Debray l’a compris mieux que quiconque dans quelques pages éblouissantes 135 .
    Dans le Socialisme et l’Homme, il s’essaie cependant à une dialectique qui atténue une dureté dont tous ceux qui l’ont approché peuvent témoigner et ainsi répondre aux objections qu’on lui a faites : il n’est pas vrai que la construction du socialisme signifie l’abolition de l’individualité ; des sentiments d’amour sont nécessaires, même quand on manifeste sa haine et qu’il faut garder le sens de l’humanité, de la justice et de la vérité si l’on ne veut pas tomber dans la froide scolastique et s’isoler des masses. C’est l’individu qui est l’essence de la Révolution. Mais cet «individu» pleinement réalisé n’a pas de quant-à-soi, pas de jardin secret, pas d’intérêts qui lui soient propres. Difficile donc de ne pas voir une concession au sens commun dans ces remarques du Che sur l’humanisme révolutionnaire. Si sens de l’humanité il y a, il concerne l’humanité future. Quant à l’humanité présente, Guevara ne l’aima jamais. Il n’aima personne, d’ailleurs, sa mère et Fidel exceptés… Prêt à se sacrifier pour la Cause, il était tout autant disposé à sacrifier les autres. « En règle générale, la mort se donne et se reçoit avec la même aisance 136 . »

X
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    Un guérillero inconscient
    « Prétendre faire la guerre de guérilla sans l’appui de la population,
    c’est aller vers un désastre inévitable »
    Che Guevara
    G uevara attendait beaucoup du développement d’autres révolutions pour Cuba, dont il supportait mal qu’elle fût tributaire pieds et poings liés de l’URSS. D’autres relations, d’autres victoires pouvaient changer le rapport de forces, diminuer la dépendance à l’égard de la puissance protectrice.
    L’échec en Amérique latine
    Désormais couvert par le parapluie soviétique, on pouvait passer à une entreprise moins artisanale avec la certitude que l’Amérique latine allait bientôt tomber et que la « modération » était un terme chéri du colonialisme et de ses agents. Comme l’avait solennellement affirmé la Deuxième Déclaration de La Havane : la révolution était « inévitable ».
    Au printemps 1962, Guevara supervisait une campagne de recrutement et d’organisation de guérillas dans divers pays d’Amérique latine, en totale contradiction avec ce qu’il avait affirmé à Punta del Este devant les délégués des différents pays d’Amérique latine. « Il soufflait à l’époque comme un vent de folie libératrice, raconte Benigno, nous voyions débarquer des gens aussi bien des pays africains – comme le Congo, le Zaïre, la Tanzanie, le Yémen, la Sierra Leone, la Guinée équatoriale […], que de pays latino-américains 137 … » Des Péruviens quittèrent l’université pour pouvoir s’entraîner dans la Sierra Maestra. Des Nicaraguayens, des Vénézuéliens aussi. Guevara n’oubliait pas son pays natal. Il envisagea dès cette époque l’éventualité d’un engagement personnel hors de Cuba et chargea Jorge Ricardo Masetti de tenir quelque temps à l’extrême Nord argentin. Lui-même le rejoindrait plus tard.
    En attendant, il fallait former des hommes, les entraîner techniquement et idéologiquement. Avec son habituelle rudesse, il allait

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