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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
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d’échelons, d’écluses, d’appareils bien huilés qui facilitent cette marche, permettent la sélection naturelle des destins extraordinaires [ le sien ? ] et attribuent récompense ou punition à ceux qui satisfont ou déçoivent la société en construction ».
    Ces institutions qui régularisent le corps social, il ne faut pas les imaginer introduisant les formes parlementaires et les débats de la démocratie « bourgeoise ». Depuis longtemps, Guevara n’a que mépris pour cette liberté d’expression et d’information. Batista levait-il la censure ? Il ne faisait que rétablir de « prétendues » garanties 124 . Des élections (une « farce », dixit Guevara) étaient-elles organisées ? Les guérilleros cherchant à prouver qu’elles ne servent à rien… les empêchaient donc 125  !
    C’est sur l’éducation qu’il voulait s’appuyer pour faire accéder peu à peu le peuple aux connaissances de l’élite. D’où l’importance de la transformation du milieu pour faire éclore cette espèce mutante qu’est l’Homme nouveau. Guevara ne s’en réclame pas ouvertement mais il n’est visiblement pas loin de Lyssenko, et de l’idée qu’on peut, en modifiant le milieu, transformer les données génétiques.
    L’acquisition de nouvelles connaissances est une condition sine qua non de l’avènement de l’Homme nouveau. Guevara prend des cours de mathématiques, de sciences, de lettres. C’est un bourreau de travail – on le voit lisant un rapport debout, pour ne pas s’endormir – en même temps qu’un ennemi de tout comportement égoïste et individualiste, un homme qui pourchasse ceux qui se servent de leur influence ou simplement en profitent pour obtenir des avantages matériels, « pour obtenir une maison puis deux voitures, puis le vol du rationnement et pour finir l’acquisition de tout ce que le peuple n’a pas 126  ».
    C’est au nom de ce savoir, de cette morale nouvelle et de cette humanité supérieure qu’il juge aussi les accords ou les compromis. Quand Castro déchire comme un chiffon de papier des accords signés avec des bourgeois démocrates hostiles à Batista, Guevara commente gaiement la chose : cet accord « ne pouvait durer au-delà de l’instant où il aurait constitué un frein au développement de la Révolution… Ces messieurs semblaient oublier qu’il y a une limite à la portée d’une manœuvre politique, en l’occurrence les armes du peuple 127  ». C’est-à-dire les siennes et celles des castristes…
    Quand il parle du premier président de la République post-révolutionnaire, le juge Urrutia, il n’a que mépris pour cet homme « incapable de comprendre les développements du processus politique… la profondeur d’une Révolution qui n’était pas à la mesure de sa mentalité rétrograde ». L’horrible démocrate rechignait, il est vrai, à avaliser une dictature, un parti unique, l’absence de débats publics, les confiscations et les exécutions…
    Sans doute, « l’homme du xxi e  siècle que nous devons créer est encore pour le moment une inspiration subjective non systématisée 128  ». Mais puisque ce sont les circonstances qui font l’homme, comme l’avait dit Marx, il faut faire en sorte de rendre les circonstances humaines et, par conséquent, révolutionnaires. On change les noms de rue, des centres de protection infantile ou des bibliothèques. Le théâtre Chaplin s’appellera désormais Carlos Marx et Guevara appellera sa deuxième fille Aliocha.
    Ce n’est bien sûr qu’une infime partie de ce qui doit être fait. Il faut développer les universités, favoriser les écrivains et les artistes révolutionnaires. Ceux qui étaient « totalement domestiqués » par l’ancien système, affirme Guevara, se sont enfuis en exil. Une partie des autres a abandonné aussi la Révolution en se dissimulant derrière le mot « liberté ». Guevara n’est pas favorable à la liberté de l’artiste, même s’il regrette que, jusqu’ici, le mouvement communiste ait répondu à cette aspiration par un dogmatisme « exagéré ». Il faut trouver une autre voie, celle d’une pression, d’un guidage qui ne soit pas « exagéré » ! Tâche nécessaire, car ce que donne la société capitaliste sur ce plan est à rejeter : « le capitalisme a donné tout de lui-même et il n’en reste plus qu’un cadavre malodorant qui se manifeste dans l’art par sa décadence actuelle » !
    Le xx e

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