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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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livrent à des concours de poèmes
libres ou réguliers ou de poésies composées sur
des thèmes musicaux. Les plus belles de ces
productions, dit un contemporain, circulent partout et font les délices des gens de goût. De
leur côté, les fonctionnaires militaires se
réunissent dans une société de tir à l’arc et de
tir à l’arbalète où ne sont admis que les tireurs
d’élite. Il existe aussi des sociétés de football
et de polo, mais l’on n’y trouve pas de fonctionnaires : seuls des membres de famillesriches, dont la fortune est sans doute d’origine
commerciale, des jeunes gens appartenant à la
bourgeoisie de la ville et des parasites de
grandes maisons en font partie.
    Mentionnons encore la société des joueurs de
marionnettes de la Rue de la Famille Su et les
nombreuses sociétés organisées à l’intérieur des
corporations marchandes ou artisanales qui se
réunissent à date fixe pour célébrer l’anniversaire
de leur saint patron. D’autres groupements sont
de nature exclusivement religieuse : telle l’association taoïste du Joyau magique dont les
membres, issus de riches familles, s’assemblent
chaque mois pour réciter un chapitre de texte
sacré et organisent une grande fête le 9 de la 1 re lune, jour anniversaire de la naissance du souverain de Jade. Telle autre association taoïste qui
groupe des fonctionnaires originaires du Sichuan
a pour objet la célébration d’une fête dont la date
est fixée au 3 de la 2 e lune. Les sociétés bouddhiques sont plus nombreuses et groupent des
foules de fidèles. La principale compte plusieurs
dizaines de milliers de membres, et son assemblée a lieu le 8 de la 4 e lune, jour anniversaire de
la naissance du Bouddha Sâkyamuni : c’est alors
que l’on procède, sur le lac, au rite de la « libération des êtres vivants ». Chaque membre achète
des tortues d’eau, des poissons, des coquillages,
des oiseaux qu’il va relâcher sur la rive ou dans
les eaux 2 .
    Ce n’est assurément pas sans raison que les
contemporains mentionnent pêle-mêle ces associations dont les objets sont si différents : elles
sont toutes constituées sur le même modèle et
satisfont des besoins analogues. Elles répondent
au désir des amateurs d’un même art, des fidèles
d’une même foi, des personnes originaires de la
même région de se réunir et de fraterniser. Seule
une grande ville pouvait connaître une telle
variété d’associations. On devine la grande
influence que certaines d’entre elles, et principalement la Société de poésie du lac de l’Ouest,
durent avoir sur le développement des arts et des
lettres aux XII e et XIII e siècles.
     

LES DISTRACTIONS
     
    Tout endroit, dans la ville, peut être lieu de
réunion : jardins en dehors des remparts où les
habitants se rendent en promenade, places et
coins de rue où les badauds font cercle autour
de quelque acrobate, maisons de thé où les gens
riches viennent apprendre à jouer d’instruments
de musique 3 , bateaux du lac où sont données
des réceptions… Mais Hangzhou a aussi ses
lieux de distraction attitrés. Ce sont les « quartiers d’amusement », sortes de vastes marchés
couverts où l’on enseigne les arts théâtraux, le
chant et la musique, et où l’on peut assister enpermanence à des représentations de tout genre.
Le nom de ces établissements signifie, selon
l’interprétation qu’en donnent les contemporains, que ce sont des lieux « où l’on ne se gêne
pas », c’est-à-dire que les gens de toutes conditions s’y coudoient sans souci des rites et des
convenances ordinaires. Il existait déjà des
bazars de ce genre à Kaifeng, dans la capitale
des Song du Nord, au début du XII e siècle. Les
premiers qui furent construits à Hangzhou datent
de l’ère Restauration des Song (1131-1162), et
ils furent institués à l’intention des soldats en
garnison dans la ville, dont la plupart, originaires des provinces du Nord, étaient séparés de
leur famille et devaient se trouver en peine pour
occuper leurs loisirs.
    L’administration impériale peupla ces quartiers d’amusement de chanteuses et de musiciennes, et ces grands bazars eurent donc à
l’origine le rôle de lupanars pour militaires.
Maintenant, écrit un auteur en 1275, ces établissements sont devenus des lieux de débauche et
de perdition pour les gens de la bonne société et
pour les fils de famille. A cette époque, on
compte à Hangzhou dix-sept ou

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