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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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philosophique. Littérature populaire. Recueils d’anecdotes.
Poésie classique et poèmes chantés. La peinture : tradition et innovation.
     

EFFETS DE LA VIE URBAINE
     
    Religion et magie sont intimement liées aux
jeux et aux arts : les circonstances dans lesquelles
il convient de se livrer aux activités de jeu sont
religieuses ; leurs objets, leurs thèmes remontent
à de lointains antécédents où la magie donnait au
jeu une valeur active ou dramatique. Des traces
vivaces de ces origines subsistent encore à
l’époque des Tang. Mais le phénomène urbain
sous les Song devait laïciser et désacraliser pluscomplètement encore que ne l’avaient fait les
transformations sociales antérieures ce qui pouvait rester, dans les jeux et dans les arts, de pensée et de contenu magico-religieux.
    A mesure que la poussée de nouvelles
couches sociales dans la ville (riches et petits
commerçants, classes populaires urbaines) s’est
fait mieux sentir, de nouveaux besoins se sont
affirmés en matière d’art et de distraction. La
classe très diversifiée des amuseurs publics
s’est développée, et l’on a vu que l’« industrie
de la distraction » occupait à Hangzhou une
fraction relativement importante des gens du
peuple. Ce n’est plus seulement dans les
familles nobles et à la cour que, selon une tradition qui remonte à l’Antiquité chinoise, jongleurs, baladins, musiciens et conteurs viennent
exhiber leurs talents, mais aussi en pleine rue,
devant un public où se mêlent marchands et
gens du peuple. Répertoires, genres et styles
varient selon les auditeurs mais, en même
temps, les distractions du commun et celles des
hautes classes empruntent les unes aux autres,
se confondent plus ou moins, et ces interactions
sont riches de conséquences. Le conte, la nouvelle, le roman, le théâtre font leur apparition
ou plutôt reçoivent l’impulsion qui avait fait
jusqu’alors défaut à leur développement. La littérature chinoise s’enrichit de nouveaux genres ;
la sensibilité littéraire se modifie.
    D’autre part, pour répondre aux besoins d’une
classe marchande en pleine ascension, les arts
traditionnels et ésotériques du lettré se diffusent.
Un marché des œuvres d’art (peintures, calligraphies, antiquités) se constitue en même temps
qu’apparaissent des artistes professionnels. Cette
« commercialisation » des arts donne naissance
à de nouvelles conceptions esthétiques et elle
influe, par contrecoup, sur celles que la Chine
des Song avait héritées d’un lointain passé.
    La grande ville, et Hangzhou mieux que toute
autre, par sa forte densité et par le mélange de
ses classes, a multiplié les occasions de contact
et les rapports humains. Elle offre une infinité de
lieux de réunion, elle favorise la formation de
groupements et d’associations. En un mot, elle
constitue un terrain particulièrement favorable
au développement des activités de jeu. Un des
traits les plus caractéristiques de la psychologie
du citadin, c’est une curiosité inlassable pour les
spectacles, un goût passionné des distractions de
tout genre, des réunions et des banquets. Il existe
à Hangzhou, au XIII e siècle, un grand nombre de
sociétés littéraires, sportives et religieuses. Par
leur nom, mais aussi sans doute par leur organisation, ces groupements évoquent d’anciennes
associations cultuelles qui eurent en Chine une
immense fortune : ce sont les sociétés formées
localement pour les sacrifices au dieu du sol ou,
chez les bouddhistes, pour la réalisation d’œuvrespies. Leur règlement oblige chacun des membres
à fournir sa quote-part aux réunions et aux banquets solennels qu’elles célèbrent chaque année
et à contribuer également aux dépenses des cérémonies familiales (funérailles et mariages principalement) qui peuvent incomber à chacun des
associés. Cette institution fut en Chine à l’origine des associations de secours mutuel et des
groupements financiers à fins religieuses ou
purement profanes qui se perpétuèrent jusqu’à
l’époque moderne 1 . Réunions à dates fixes et
contributions aux dépenses communes sont probablement parmi les caractéristiques des associations de divers genres qui sont mentionnées à
Hangzhou au XIII e siècle.
    La plus célèbre est la Société de poésie du
lac de l’Ouest qui groupe les meilleurs lettrés
de Hangzhou et tous ceux qui, venus de
diverses régions, se trouvent résider dans la
ville. Ils s’y

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