La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
ne manquent pas, par piété filiale, de
recourir aux services religieux bouddhiques.
Comme le bouddhisme, le taoïsme a ses
monastères, son organisation communautaire,
ses textes sacrés, ses divinités et ses saints, sa
liturgie. En tout cela, il a pris modèle sur son rival.
Mais ses communautés sont moins riches, moins
nombreuses, moins puissantes que celles des
bouddhistes. Plus nettement orienté vers la magie,
le taoïsme vise à obtenir, grâce à une ascèse
complexe, aussi bien physique que morale, la
prolongation de la vie terrestre et la transformation du corps en un corps plus subtil et plus
durable. Les religieux taoïstes connaissent le
secret des drogues propres à assurer la Longue
Vie ; exorcistes, fabricants de charmes et d’amulettes, ils s’entendent à chasser les pestilences
et les démons. On distingue cependant deux
tendances opposées chez les taoïstes des XII e et XIII e siècles. L’une met l’accent sur les sciences
occultes, l’autre sur l’ascèse. Un des plus célèbres
taoïstes du XII e siècle, hostile à tout ce qui, dans
sa religion, relevait de la magie, tenta une synthèse
des trois « doctrines » (bouddhisme, taoïsme,confucianisme). Selon lui, « l’homme devait se
réaliser dans son intégrité naturelle, qu’il tient
du Ciel, par le contrôle de ses désirs et en particulier de sa sexualité, qui l’attachent à la Terre et
souillent sa nature céleste ; en préservant celle-ci
de toute déperdition, il devait s’assurer la Longue
Vie et l’ascension au Ciel parmi les Immortels 57 ».
En dehors du bouddhisme, qui, au cours des
siècles, s’est complètement intégré à la pensée
morale et religieuse des Chinois, les religions
étrangères sont relativement nombreuses dans la
Chine du XIII e siècle. Le nestorianisme, hérésie
chrétienne selon laquelle la Vierge n’est pas
mère de Dieu mais d’un homme, fut introduit
d’Iran en Chine au VII e siècle. Il en disparut pratiquement au X e et ne devait être réintroduit en
Chine qu’à la faveur de l’occupation mongole.
Marco Polo se plaindra cependant de ce que
le christianisme fût bien mal représenté à
Hangzhou. « Et, pour un si grand nombre de
gens, dira-t-il, il n’y a d’autre église qu’une de
chrétiens nestoriens 58 . » Cette église fut fondée
en 1279 ou 1280, aux débuts de l’établissement
des Mongols dans la Chine du Sud. Venu lui
aussi d’Iran, le manichéisme semble avoir eu un
succès plus durable et plus profond, bien que
son influence ait été limitée géographiquement :
on l’a vu, il a inspiré sous les Song des sectes
révolutionnaires au Fujian et au Zhejiang. Toutau contraire, l’islam et le judaïsme, longtemps
confondus par les Chinois, paraissent n’avoir eu
aucune influence réelle dans la Chine du Sud-Est. Ils ne s’étendirent pas au-dehors des petites
communautés étrangères, juives et surtout
musulmanes, que comptaient les grands ports de
commerce chinois 59 .
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1 . X U Yitang, op. cit.
2 . Ibid.
3 . Jile bian , Shuofu , XXVII, f o 4 a.
4 . Guixin zazhi , xu A, § 64.
5 . Cf. L. DE S AUSSURE , L’Horométrie et le Système
cosmologique des Chinois , Neuchâtel, 1919, p. 13 :
« Si les mois lunaires étaient égaux aux douze mois
solaires, le milieu de chaque lunaison coïnciderait
avec le milieu du signe duodénaire. Mais comme les
lunaisons sont plus courtes que les signes, la fin de la
lunaison se rapproche toujours plus du milieu du
signe, puis tombe en deçà, de telle sorte qu’il arrive
un moment où la lunaison ne contient aucun milieu de
signe. » Cette lune qui ne contient aucun milieu de
signe « est déclarée intercalaire et porte le numéro bis
de la précédente sans déranger toutefois les lunes cardinales ».
6 . Sur la semaine en Chine, cf. art. paru dans le Furen
xuezhi de 1942.
7 . Un grand nombre des indications données dans ce
passage sont empruntées à Lien-sheng Y ANG , « Schedules
of Work and Rest in Imperial China », Harvard Journal
of Asiatic Studies , XVIII, 3-4, déc. 1955.
8 . MLL , XIII, 5, p. 241.
9 . MLL , XII, 5, p. 241-242.
10 . MLL , XIII, 6, p. 242-243.
11 . San Tendai-Godai-san ki , récit de voyage en huit
chapitres du moine japonais Jôjun (1011-1081) à travers
la Chine, depuis le sud du Zhejiang jusqu’au nord du
Shanxi, éd. Dainihon bukkyô zensho, p. 6 infra .
12 . MLL , VI, 4,
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