La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

blanches, toutes
d’une saveur très délicate…
    « De la mer Océane arrive encore, tous les
jours, du poisson en grande quantité qui est
apporté par le fleuve de vingt-cinq milles à
l’aval, et il y a aussi, en abondance, celui du lac,
où on voit à toute heure des pêcheurs qui ne font
pas autre chose. Ce poisson du lac appartient à
différentes variétés, selon la saison de l’année…
    « Les dix marchés précités sont tous entourés
de hautes maisons dont le rez-de-chaussée est
occupé par des boutiques où s’exercent toutes
sortes de métiers, où l’on vend toutes sortes de
marchandises, y compris épices, bijoux et perles.
Quelques-unes de ces boutiques ne vendent pas
autre chose que le vin de riz aux aromates, qui
est fabriqué sans interruption et livré toujours
frais, à très bon compte 54 . »
     

AGRÉMENTS DE LA VIE URBAINE
     
    « Il n’y a pas au monde ville pareille à celle
de Quinsay, dit Marco Polo, ni qui vous offre au
même degré des délices telles que l’on se croirait en paradis 55 . » S’ils sont riches, les habitants
de Hangzhou ne manquent de rien qui puisse
satisfaire leurs goûts raffinés en matière de décoration, d’habillement, de cuisine et de distractions. Les boutiques spécialisées du centre de la
ville regorgent de produits de luxe importés de
toutes les régions de la Chine ou encore des
mers du Sud, de l’Inde et du Moyen-Orient.
    On trouve à Hangzhou ce qu’on ne peut se
procurer dans aucune autre ville chinoise et au
nombre de ces marchandises figurent, selon un
contemporain, des produits de beauté (onguents
et parfums, noir pour le dessin des sourcils, cheveux postiches), des chats d’appartement et des
poissons pour la nourriture des chats, des « nids
à chats », des cages à criquets et de la nourriture
pour les criquets, des poissons d’agrément, des
vêtements pour la sortie de bain, des hameçons
et des cannes à pêche, des fléchettes pour le
« jeu du goulot », des jeux d’échecs, des papiers
huilés pour les fenêtres, des cordes pour enfiler
les sapèques, de la mort-aux-rats, des produits
fumigènes contre les moustiques…
    En outre, il existe dans cette ville certains
métiers inconnus ailleurs : réparateurs de fours,de marmites, d’objets en bambou, aiguiseurs de
couteaux, spécialistes du curage des puits et des
canaux, etc. 56  Des boutiques qui portent le nom
de « cuisines pour les thés et alcools » se chargent de procurer à leurs clients tout ce qui leur
est nécessaire pour organiser des banquets en
cas d’événements de « bon augure » (mariage,
nomination, promotion) ou en cas de décès. Ces
entreprises s’occupent de tout le détail des festins : mets, alcools, thés, vaisselle, nappes, décoration, location des salles, quel que soit le
nombre des convives 57 . Marco Polo fait allusion
de son côté à une institution analogue, mais dont
le principe semble avoir été différent. « Il y a
aussi, dit-il, au milieu du lac, deux îles sur chacune desquelles s’élève un palais avec un
nombre incroyable de pièces et de pavillons isolés. Quand quelqu’un veut célébrer une noce ou
donner un banquet solennel, il se rend à l’un de
ces palais, où on lui fournit tout ce qui est nécessaire à cet effet, vaisselle, linge, nappes et le
reste : ce mobilier est acquis et conservé aux
frais communs des citadins, dans ces palais
construits par eux pour cet usage. En certaines
occasions, pourront se rencontrer là jusqu’à cent
groupes différents, les uns voulant faire un banquet, d’autres une noce, et cependant tous seront
installés dans des pièces et pavillons séparés,
avec une telle ordonnance qu’aucune compagnie
ne sera une gêne pour les autres 58 . »
    L’intense activité commerciale, la forte densité humaine, l’afflux incessant des gens de passage rendent compte du très grand nombre des
lieux où les habitants de la ville et les voyageurs
peuvent se restaurer, se réunir et se distraire. La
ville compte une multitude de restaurants, d’hôtels, de cabarets, de maisons de thé et de maisons de chanteuses. Les plus célèbres maisons
de thé de Hangzhou sont le lieu de rendez-vous
des personnes des classes riches. Commerçants
enrichis et fonctionnaires viennent y apprendre à
jouer de divers instruments de musique. La
décoration est luxueuse : étagères de fleurs, pins
et cyprès nains, œuvres de peintres célèbres et
de calligraphes de talent exposées