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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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A l’accotement du
monastère du Champignon merveilleux, on
pouvait voir une embarcation qui passait pour
provoquer des tempêtes chaque fois qu’on lui
faisait prendre le large, si bien qu’on avait
renoncé à s’en servir et qu’elle restait toujours
amarrée à cet endroit.
    Certains petits bateaux qui transportaient des
chanteuses, et d’autres conçus de façon que les
passagers pussent s’y distraire à divers jeux (jeu
de fléchettes, jeu de balle, etc.) s’approchaient
des promeneurs sans qu’ils les aient appelés.
Les bateaux de plaisance ne chômaient jamais
et, au moment des fêtes – le 8 de la 2 e lune, au
mois de mars, le 8 de la 4 e lune (vers le mois demai), au moment de la fête des morts, vers le
5 avril – il était prudent de retenir son embarcation d’avance. On ne pouvait rien avoir alors à
moins de 200 ou 300 sapèques. Les passagers
qui voulaient déjeuner à bord n’étaient pas obligés de rien apporter dans ces bateaux de plaisance : les bateliers se chargeaient de leur
procurer tout le nécessaire, vaisselle, alcools et
victuailles. Les familles riches avaient leurs
propres bateaux pour les promenades, et certains hauts fonctionnaires des barques « pour la
cueillette des lotus ». Ces petites embarcations
qui ne pouvaient recevoir qu’un ou deux passagers étaient décorées avec la plus grande
recherche et portaient des voiles bleu foncé.
Mais, également, une foule de petits bateaux de
transport traversaient le lac du nord au sud.
Légumes, fruits, poulets, coquillages, fleurs,
alcools, soupes, sucreries, il n’y avait guère de
marchandise qu’il ne fût possible de se procurer
en bateau. On pouvait voir aussi, près des rives,
des barques de pêcheurs à la ligne et, au large,
des bateaux d’où l’on pêchait au filet pendant
qu’un des bateliers frappait avec une longue
perche sur la coque de l’embarcation afin que
les poissons, effrayés, se précipitassent dans les
filets. Certains bateaux transportaient des tortues
d’eau et des coquillages destinés, selon un rite
bouddhique, à être rejetés vivants dans les eaux
par leurs acheteurs 67 .
    Dans sa description de Hangzhou, Marco
Polo fournit des indications très proches de
celles des textes chinois de l’époque des Song.
    « En plus de cela, dit-il, on voit sur ce lac un
grand nombre de bateaux et barques de toutes
dimensions, destinés aux parties de plaisir, qui
peuvent recevoir dix, quinze, vingt personnes et
même davantage ; ils ont une longueur de quinze
à vingt pas, avec un fond plat et large de façon à
conserver toujours leur assiette. Quiconque
désire prendre un divertissement avec sa famille,
ou avec ses amis, n’a qu’à choisir une de ces
barques ; il s’en trouve toujours qui sont amplement garnies de beaux sièges, tables et tout l’attirail nécessaire à une réception. Leur couverture
forme un plancher horizontal sur lequel se tiennent les bateliers avec des perches qu’ils piquent
dans le fond du lac (car la profondeur d’eau ne
dépasse pas deux pas) pour faire avancer le
bateau du côté que l’on veut. La face intérieure
de ce pont et toutes les autres parois intérieures
sont couvertes de peintures ornementales aux
couleurs variées, avec des fenêtres latérales que
l’on ouvre ou ferme à volonté, de sorte que la
compagnie à table peut regarder de tous côtés et
réjouir ses yeux de la beauté et de la diversité du
paysage qui se déroule devant elle. Vraiment,
une excursion sur ce lac est un divertissement
plus agréable qu’aucun de ceux que l’on peut
goûter à terre. D’un côté, en effet, il s’étend surtoute la longueur de la ville, si bien que les spectateurs dans les barques, de la distance où ils se
trouvent, découvrent en son entier, dans toute sa
beauté et sa grandeur, un admirable panorama
d’innombrables palais, de temples, de monastères, de jardins remplis de hauts arbres et descendant jusqu’au bord de l’eau. Et l’on ne manque
jamais de rencontrer sur le lac d’autres bateaux
pareils, remplis de groupes joyeux, car c’est le
plus grand délice de ces citadins, après qu’ils en
ont fini avec leurs occupations habituelles, d’aller passer une partie de la journée en réjouissance avec leurs dames, ou avec des filles de
joie, soit dans ces embarcations, soit en voiture à
travers la ville 68 ... »
    Si l’on se rend aux portes de l’est, le paysage
est plus austère : des jonques de mer aux

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