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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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une des causes principales de ce
déséquilibre.
     
    Cette passion de luxe et de plaisirs est particulièrement sensible à Hangzhou. C’est là en effet
que la cour, les plus hauts fonctionnaires et lesplus riches commerçants ont leur résidence.
Aucune autre ville ne connaît une telle concentration de richesse. La fortune et le raffinement
des hautes classes et des marchands enrichis
rendent compte de l’importance des commerces
de luxe. Des produits célèbres qui sont la spécialité de certaines villes sont en vente dans les
boutiques du centre, sur le parcours ou aux
abords de la Voie impériale. On y trouve des
soieries de Suzhou, des laques fabriquées à
Wenzhou sur la côte sud du Zhejiang, des jasmins en pot venus par mer des provinces du
Fujian et du Guangdong, des éventails fabriqués
à Nanchang, ville située au sud-ouest du lac
Poyang, à plus de sept cents kilomètres de
Hangzhou, des alcools renommés produits dans
les provinces du Zhejiang et du Jiangsu.
    Hangzhou elle-même est célèbre pour son
artisanat de la joaillerie, ses ornements de tête
en or et en argent, ses fleurs artificielles, ses
peignes, ses colliers et ses pendentifs de perles.
Les jouets d’enfants, les brocarts à fil d’or, les
livres imprimés sont aussi parmi les spécialités
de Hangzhou. Un habitant nous révèle complaisamment tous les produits renommés que l’on
peut se procurer dans cette ville, mais nous ne le
suivrons pas dans ses énumérations. Il nous suffira de savoir que les meilleures peaux de rhinocéros se vendent « chez Qian, en descendant le
canal du petit lac Qinghu », que les plus beauxturbans s’achètent « chez Kang le huitième, dans
la rue des Sapèques élimées », ou « chez Yang le
troisième, quand on descend le canal après les
Trois Ponts ». Pour les achats d’œuvres littéraires, c’est chez les bouquinistes établis sous les
grands arbres près du kiosque du jardin des
Mandariniers qu’il faut se rendre. Enfin, on peut
se procurer des cages en osier dans la ruelle du
Fil-de-fer, des peignes en ivoire chez Fei, des
éventails pliants et des éventails peints au pont
au Charbon 30 .
    Ces boutiques et ces ateliers, spécialisés dans
la vente ou la fabrication de produits renommés,
s’efforcent de maintenir leur réputation. Leur
fondation remonte parfois à plus d’un siècle.
    Rappelons encore le très grand nombre de
petits détaillants qui vendent aux gens du peuple
des produits de consommation courante : tissus,
poissons secs, pâtes, huile, bougies, sauce de soja,
etc. A la différence des boutiques et des ateliers
célèbres et spécialisés, ces sortes d’épiceries
n’emploient généralement aucun personnel et
sont tenues par le ménage des gérants ou des
propriétaires.
    L’hypertrophie du commerce à Hangzhou est
évidente. Ce qu’on sait du prix d’achat des boutiques prouve la rareté extrême des capitaux. Au XII e siècle, vingt-cinq ligatures de mille sapèques
suffisait à l’achat d’une petite épicerie 31 . C’est
une somme très modeste si l’on songe que lasapèque est la plus petite unité monétaire qui ait
cours sur les marchés. En revanche, les bénéfices sont très élevés : une recette d’un pour cent
du capital par jour est considérée comme normale. Cette situation économique est évidemment très défavorable aux gens du peuple et elle
a en outre pour effet une prolifération abusive
des boutiques, à laquelle ni l’administration ni
les corporations ne paraissent avoir mis un frein.
Les familles aisées de la bonne société n’hésitent pas à acheter un fonds de commerce à leur
fils lorsqu’il n’a pas réussi aux examens de doctorat et que les appuis familiaux ne sont pas
assez puissants pour lui obtenir un petit poste
dans l’administration. Ces commerçants d’occasion sont connus en ville sous le nom de « mandarins » ( guanren ) , et leurs occupations sont
évidemment parmi les plus élevées des professions commerciales. On ne fait pas d’un fils de
famille raté un boucher ou un marchand de
nouilles, mais un pharmacien, un libraire, un
« brosseur de dents » (expression qui désigne
sans doute les dentistes), ou encore un marchand
de bonnets à oreilles pour les lettrés 32 .
    Cependant, quelle que soit l’importance du
petit commerce, la plus grosse partie des trafics
à Hangzhou a pour objet l’approvisionnement de
cette agglomération énorme pour l’époque. On a
vu qu’il existait une

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