La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
quinzaine de grands marchés en dehors des remparts pour les principauxproduits de grande consommation. A lui seul, le
commerce du riz, qui, rappelons-le, porte chaque
jour sur plusieurs centaines de tonnes de cette
céréale, occupe une foule de gros négociants, de
démarcheurs, de boutiquiers, de porteurs, de
bateliers, de fabricants de sacs. C’est une organisation très complexe et pourtant, au dire d’un
habitant de la ville, tout se passe sans accrocs et
sans disputes, malgré l’importance du trafic. Les
variétés de riz sont très nombreuses, et c’est tout
un art que de savoir les reconnaître. Citons, entre
autres qualités, le riz précoce, le riz tardif, le riz
de la nouvelle mouture, le riz pelé d’hiver, le riz
blanc de première qualité, le riz blanc de qualité
moyenne, le riz graines de lotus rouge, le riz à
épis jaunes, le riz à tige, le riz ordinaire, le riz
glutineux, le riz jaune commun, le riz à petite
tige, le riz rouge, le riz jaune et le riz vieux.
Commerce de gros et commerce de détail sont
distincts, et il doit en être de même pour les
autres produits de grande consommation, tels
que les porcs et les poissons. « Parlons maintenant, dit l’auteur de la description du Hangzhou
de 1275, des boutiques de marchands de riz qui
sont dans la ville et dans ses faubourgs. Chaque
patron de ces boutiques s’en remet pour les prix
d’achat sur les marchés aux chefs de sa corporation. Ceux-ci expédient directement le riz (qu’on
leur a commandé) et il est mis aussitôt en vente.
Les boutiquiers (reçoivent leurs livraisons avantmême d’avoir payé et) s’entendent avec les
chefs de la corporation pour la date du paiement.
Mais il y a aussi de petits démarcheurs qui fréquentent les marchés et se rendent en personne
dans les boutiques pour faire des livraisons à
leurs clients. Il s’est ouvert également, en dehors
d’une des portes de la ville, un marché au riz
(plus proche du centre de la ville) qui groupe
trente à quarante négociants qui traitent avec
leurs clients et prennent leurs commandes 33 . »
Marchands, artisans et gens de toutes professions sont groupés en corporations analogues à
celle qui existe pour le commerce du riz. Elles
sont d’une extraordinaire diversité : corporations
de bijoutiers, couteliers, doreurs, fabricants de
colle, de papier, d’huile, de briques, de tuiles, de
baquets en bois, marchands d’antiquités et d’objets d’art, marchands de crabes, d’olives, de miel,
de gingembre… Même les médecins, les devins
et les vidangeurs sont groupés en corporations.
Certains de ces groupements professionnels
portent des noms évocateurs. C’est ainsi que les
bottiers s’appellent « les associés du double fil »,
les tenanciers de maisons de bain sont dénommés « associés de l’eau parfumée » et les
joailliers « les associés de la poudre abrasive 34 ».
Ces sortes de guildes locales correspondent
souvent au groupement de fait de certains métiers
dans certains quartiers de la ville et, à l’origine, leterme qui désigne les corporations s’appliquait
aux rues des marchés où tous les marchands ou
artisans d’un même corps de métier se trouvaient
réunis. A Hangzhou encore, certaines professions
sont exercées dans des parties définies de la ville.
Ainsi, la portion de la Voie impériale qui est comprise entre le quartier de la Douce Harmonie et le
quartier dit Sud des marchés est dénommée
« marché aux perles » à cause du grand nombre
de boutiques de joailliers à cet endroit. Plus au
nord, entre le pavillon à Cinq Entrecolonnements
et la ruelle des Fonctionnaires, c’est le quartier
des changeurs. Les deux côtés de l’avenue sont
occupés par leurs boutiques. Ils y font le commerce des métaux précieux, des billets à contrepartie en sel et des autres types d’assignats. A leur
étalage sont empilés des objets en or et en argent
ainsi que des sapèques de cuivre 35 .
Ceux des métiers qui ne sont pas ainsi groupés dans certaines rues de la ville n’en forment
pas moins des corporations, car les avantages de
ces groupements professionnels sont nombreux.
Présidés chacun par un « chef » ou un « doyen »,
ils exercent un contrôle général sur leurs membres,
viennent en aide à ceux qui sont dans le besoin
ou qui n’ont pas de famille, et ils exigent de chacun une probité absolue. Les commerçants
arabes qui visitèrent la Chine dès le IX e siècle ou
plus tard, au XIV e
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